GENDRAULT Pierre

Par Michel Thébault

Né le 24 novembre 1923 à Bagnolet (Seine), massacré par la Milice le 24 août 1944 au château du Porteau, commune de Poitiers (Vienne) ; employé de bureau.

Il était le fils de Gaston Gendrault et d’Amélie Marguerite Messonnier. Célibataire, il exerçait la profession d’employé de bureau et était domicilié à Saint-Benoît, commune limitrophe de Poitiers.
En août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel. Poitiers servit pendant toute la fin du mois d’août et les premiers jours de septembre, d’étape et de cantonnement provisoire pour les forces allemandes et leurs collaborateurs. Dès le 18 août, les miliciens bordelais sous le commandement de leur chef Lucien Dehan rejoignirent Poitiers. Ils s’installèrent au château du Porteau, réquisitionné par les forces d’occupation et où cantonnaient déjà des troupes nazies, en particulier des troupes hindoues de l’ « Hindische Freiwillingen-Legion » rattachée depuis peu à la Waffen SS, et qui partant du secteur de Lacanau (Gironde) étaient arrivées à Poitiers à la mi-août.
Le 22 août 1944, sans doute avides de vengeance après l’exécution de collaborateurs locaux, le chef Dehan accompagné de deux miliciens, tous en civil, s’installèrent au centre de Poitiers, place d’Armes, à la terrasse d’un café, le café du Jet d’eau, dans le but manifeste d’écouter et de surprendre des conversations favorables à la résistance et aux Alliés. A une table voisine, un jeune homme âgé de vingt ans, Pierre Gendrault, se réjouit à voix haute de la victoire des Alliés. Il fut aussitôt arrêté, conduit au siège tout proche de la milice sur la même place d’Armes. Interrogé et longuement torturé, il finit par livrer quelques noms, ceux de sept poitevins, cinq hommes et deux femmes. Le lendemain 23 août, il fut conduit au Château du Porteau où il retrouva les personnes arrêtées le jour même. Dans la nuit du 23 au 24 août, après de nouveaux actes de torture et de barbarie de la part des miliciens présents, il fut assassiné avec deux autres poitevins, Jules Basile et Henri Darres. Leurs corps furent jetés dans un puits, dans la cour du château. Dans l’après-midi du 24 août, les miliciens quittèrent Poitiers pour l’est de la France, atteignant Strasbourg le 2 septembre et Landau dans le Palatinat (Allemagne) le 5.
Le corps de Pierre Gendrault et celui de ses deux compagnons d’infortune ne fut retrouvé que le 6 septembre 1944 au lendemain de la libération de Poitiers. Leur mort et les circonstances de celle-ci provoquèrent un choc profond dans la population poitevine. Ils restèrent connus sous le nom des « martyrs du Porteau », et une plaque fut apposée peu de temps après la guerre sur le puits où leurs corps avaient été retrouvés, plaque que la ville de Poitiers a pendant des années fait fleurir le 8 mai.
Le 2 février 1950, les miliciens tortionnaires Dehan, Fouquey, Guilbeau et Tournadour furent jugés à Bordeaux. Condamnés à mort, ils furent fusillés.
Déclaré Mort pour la France le 21 août 1945, Pierre Gendrault figure sur le monument aux morts de Saint-Benoît (Vienne) ainsi que sur la plaque commémorative du château du Porteau. Une rue de la ville de Saint-Benoît (Vienne) porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189629, notice GENDRAULT Pierre par Michel Thébault, version mise en ligne le 13 février 2017, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : État civil (mairie de Poitiers) — Jean-Marie Augustin Collaborations et épuration dans le département de la Vienne1940 – 1948 Geste Ed. 2014 — Dominique Lormier Les crimes nazis lors de la Libération de la France 1944 – 1945 Ed. du Cherche Midi 2014 — Pierre Giolitto Histoire de la Milice coll. Tempus, Ed. Perrin 2002 — ONAC La Vienne pendant la seconde guerre mondiale — mémorial genweb.

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