TAHMAZIAN Kourken

Par Astrig Atamian

Né le 28 octobre 1890 à Trébizonde, mort en mars 1936 ; Arménien originaire de l’Empire ottoman, naturalisé français en 1922, ; avocat ; secrétaire général du Comité d’aide à l’Arménie en France, dirigeant de la sous-section arménienne du Parti communiste français.

Kourken Tahmazian milita dès l’adolescence au parti hentchak (SD arménien). En 1904, son frère, alors âgé de 18 ans, fit partie des 33 hentchak de Trébizonde à être arrêtés et jetés en prison. Boursier au Guetronagan, le lycée central arménien de Constantinople (Istanbul), Kourken Tahmazian poursuivit ses activités au parti hentchak et dirigea la rédaction de l’organe des jeunesses hentchak, Gaïtz (étincelles), qu’il définit comme étant la première revue marxiste de Turquie. En 1912, il proposa la création d’un parti SD de Turquie et reçut l’appui de Vlakhov et de Rakovski. La guerre des Balkans stoppa ce projet et Kourken Tahmazian partit étudier le droit à la Sorbonne avant de s’engager dans la Légion étrangère dès le début de la Première Guerre mondiale. Blessé puis réformé, il partit pour Sofia en septembre 1915 et y fonda un organe sous l’obédience du parti hentchak, Balkanian mamoul (Presse des Balkans). De retour à Paris en 1916, il prit, l’année suivante, position en faveur des bolcheviques dans le journal arménien Joghovourti Tzaïn (La Voix du Peuple). En 1918, il fonda l’Union des socialistes arméniens avec des éléments des ailes gauches hentchak et dachnak (Fédération Révolutionnaire Arménienne – IIe Internationale). En 1919, la section parisienne du parti hentchak vota sur sa proposition, l’adhésion à la IIIe Internationale. Mais face à l’hostilité de l’aile droite hentchak et suite au rejet par l’IC de la candidature du parti SD arménien jugé trop nationaliste, Kourken Tahmazian prôna l’adhésion - à titre individuel - des militants hentchak à la SFIC. Celle-ci fut effective en 1924 quand la section hentchakde Paris vota avec 33 voix sur 35, la dissolution du groupe et l’adhésion de ses membres au Parti communiste français. Kourken Tahmazian entreprit alors des pourparlers avec le Secrétariat du Parti communiste français. Les militants hentchakqu’il dirigeait furent ainsi versés au Parti communiste français où ils furent parmi les premiers à former le groupe de langue arménienne.
Ainsi à travers l’ascendant qu’il gardait sur ses anciens militants hentchak, Kourken Tahmazian conserva, au sein de la sous-section arménienne du Parti communiste français, son rôle de chef. Parallèlement, à la suite de la reconnaissance de l’URSS par la France, Kourken Tahmazian qui avait été naturalisé français par un décret du 29 mars 1922, avait été chargé par les Soviétiques d’organiser une branche française du HOK, le Comité d’aide à l’Arménie fondé à Erevan en 1921. Kourken Tahmazian en fut le secrétaire général jusqu’en 1931. Toutefois, d’octobre 1931 à sa mort en mars 1936, il conserva son influence sur la branche française du HOK et en fut le dirigeant officieux.
Kourken Tahmazian dirigea les publications successives qui faisaient office d’organe du HOK en France. Au début de l’année 1931, il effectua un séjour de quatre mois en Arménie soviétique au cours duquel il se fit remettre des fonds destinés à la parution d’un nouveau journal Mer Oughine (Notre Voie), afin de remplacer Erivan (1925-1930) qui avait cessé de paraître quelques mois plus tôt. En août 1931, Sahak Ter Gabriélian, le Président du Sovnarkom de l’Arménie, de passage à Paris, compléta cette somme destinée à relancer l’activité éditoriale du HOK en France et dont Kourken Tahmazian avait la supervision.
En 1933, Kourken Tahmazian intronisa le Dr Haïg Kaldjian comme nouveau secrétaire du HOK en France. C’est autour de ce dernier que se réunit à partir du milieu des années 1930, une nouvelle génération de communistes et d’intellectuels arméniens, dont faisait partie le futur résistant Missak Manouchian.
De 1924 jusqu’à sa mort en mars 1936, Kourken Tahmazian était parvenu à écarter systématiquement ses rivaux et à s’imposer comme le personnage central de la sous-section arménienne du Parti communiste français et de la branche française du HOK, les deux pôles du mouvement communiste et prosoviétique arménien en France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199731, notice TAHMAZIAN Kourken par Astrig Atamian, version mise en ligne le 3 février 2018, dernière modification le 3 février 2018.

Par Astrig Atamian

SOURCES : Archives nationales, Paris, F7 13 436. – RGASPI, Moscou, 495 270 7602. – Dr H. Kaldjian, Odisséeus aksoragan : houcher (Mon odyssée de l’exil : mémoires), Erevan, Union des écrivains d’Arménie, Editions Nor Tar, 2004.

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