MATUSZEWICZ Rywka (Rosette) [épouse JOYNOWIC], alias Rosette, Raymonde Agnan

Par Hélène Facy

Née le 5 septembre 1919 à Garwolin région de Mazovie (Pologne), morte le 5 novembre 1991 ; résistante de l’Union de la Jeunesse Juive (UJJ), et de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE).

Rywka Matuszewicz arriva en France avec sa famille en octobre 1931. Son père, Alter, tailleur sur mesure, était un « progressiste » et lisait des journaux proches du parti communiste dont la Naïe Presse, (Presse nouvelle). La famille s’installa d’abord à Nancy, puis à Roanne, où elle fréquenta le local de la communauté juive avec sa sœur Fajga. Elles y participaient aux discussions politiques, et ce fut là qu’elles rencontrèrent Jacques Kott et Jacques Ravine.
Ayant arrêté ses études, Rywka travailla à l’atelier de couture Lapierre avec son père et sa sœur ainée. Elle décida en avril 1942, de rejoindre un groupe de jeunes résistants juifs affilié au Front national. Dès lors et jusqu’en mars 1943, elle confectionna des papillons et affichettes appelant à la résistance contre les forces d’Occupation et les colle sur des murs et poteaux. Suite à l’occupation de la zone sud, elle devait quitter Roanne et gagna Lyon en avril 1943, sous l’identité de Raymonde Agnan. Elle rejoignit les groupes de combat de l’Union de la Jeunesse Juive (UJJ) et, sous le pseudonyme de Rosette, fabriqua jusqu’en septembre 1943 des tracts et faux papiers dans un local clandestin.
L’Union de la Jeunesse Juive édita Jeune combat. Dans le n° 2 du 5 juillet 1943, était rappelé la rafle du Vél d’Hiv « Jeunes juifs, c’est à nous de les venger ! Le 16 juillet 1942, les bêtes féroces nazies organisèrent une véritable guerre aux vieillards, aux femmes et aux enfants. À travers tout Paris, sur l’ordre des boches, les sbires du bandit Laval cernaient les quartiers, pénétraient de force dans les appartements et s’emparaient des vieux, des femmes et des enfants terrorisés. » Le n°5 du 4 septembre 1943 titrait « Jeunes Juifs refusez de partir dans les camps nazis. »
Devenue permanente, car elle ne pouvait pas avoir d’activité salariée à cause de ses faux papiers (la vraie Raymonde Agnan travaillant pour Vichy). Elle assura la fonction d’agent de liaison et de renseignement dans l’agglomération lyonnaise à partir du mois de septembre 1943 et jusqu’à la libération de Lyon. Elle voyagea beaucoup, prenant de gros risques. Lors de ses missions, elle transporta en effet dans ses bagages : instructions, tracts, faux papiers et… armes en direction des équipes de résistants de la région.
Ses missions s’étendaient aussi aux renseignements, elle alla s’informer devant les usines sur les horaires des ouvriers et sur ceux des gardes pour préparer les prises de paroles, et participa également à des lancers de tracts.
Rywka prenait part à certaines actions des Groupes de combat et était chargée de remettre des documents et des armes aux différentes organisations de la zone Sud. Elle voyagea ainsi notamment à Toulouse, Bergerac, Périgueux, et Limoges. Et elle participa à l’insurrection de Villeurbanne prélude à la libération de Lyon. Jeune combat titra son n° 20 de juin-juillet 1944 « Le combat libérateur s’engage sur notre sol. La patrie dressée appelle tous ses fils au combat suprême : jeunes juifs avec tous les jeunes de France. EN AVANT VERS LA VICTOIRE !! »
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Elle a été décorée de la médaille de la Résistance en 1989 à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200773, notice MATUSZEWICZ Rywka (Rosette) [épouse JOYNOWIC], alias Rosette, Raymonde Agnan par Hélène Facy, version mise en ligne le 11 mars 2018, dernière modification le 1er juin 2020.

Par Hélène Facy

SOURCES : Bruno Permezel, Résistants à Lyon- Éditions BGA Permezel. – Jacques Kott, Combattant de l’ombre. De la Résistance Juive aux procès staliniens, Éd. Syllepse, collection Yiddishland, 2013.

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