BARRIER André ou RANVIER

Par Henri-Ferréol Billy, Eric Panthou

Exécuté sommairement par les Allemands le 21 septembre 1943 à Saint-Didier-en-Rollat, devenu Saint-Didier-la-Forêt (Allier) ; résistant.

Un doute subsiste sur l’identification d’André Barrier.
L’enquête pour crime de guerre consécutive à sa mort, a établi qu’il s’agissait d’André Barrier, né le 5 mars 1915 à Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire), fils de Fernand et Marguerite, née Belle. Les parents de cet André Barrier habitaient Blois (Loir-et-Cher) sous l’Occupation, son père étant un ancien officier retraité. En réalité, cet André Barrier a survécu à la guerre. Il s’est marié à Paris, Ier arr., le 8 avril 1950 avec Paulette Guichard et il est mort le 7 novembre 1997 à La Baule-Escoublac (Loire-Atlantique).
Lors de l’enquête sur le décès du résistant abattu à Saint-Didier-la-Forêt, le beau-père d’André Barrier né en Indre-et-Loire, Charles Judes, demeurant à Blois, affirma en octobre 1943, qu’il n’avait pas de nouvelle de lui depuis un an et qu’il ne le reconnaissait pas sur les photos qu’on lui présentait du mort. Son beau-fils s’était engagé en mars 1939 comme sergent aviateur puis s’était rallié à de Gaulle en 1940, intégrant les Forces aériennes françaises libres. En 1946, André Barrier, sergent-chef aviateur, fut décoré de la médaille de la Résistance. Son dossier de résistant, non consulté, stipule qu’il appartenant aux Forces françaises libres (FFL).

La victime désignée sous le nom d’André Barrier et exécutée sur le territoire de Saint-Didier-la-Forêt alors Saint-Didier-en-Rollat (Allier), était inconnue de la population communale. L’homme mesurait 1,72 mètre, avait entre 25 et 30 ans, avait les yeux bleus, les cheveux châtains, de corpulence mince. Il portait un costume marron, une chemise kaki, une cravate et des brodequins militaires usagés.
Il fut exécuté sommairement le 21 septembre 1943 vers 20h30 par des allemands arrivés en voiture (un civil et deux autres hommes en uniformes, de policier sans doute). Ils informèrent un gendarme de cette exécution, en affirmant qu’André Barrier était un "terroriste dangereux". On ne trouva aucun papier d’identité sur lui.
En mars 1944, en réponse aux instructions du Procureur, le Commissaire de police enquêta sur ce qui était considéré comme un meurtre, la victime désignée sous le nom d’André Barrier n’ayant pas encore été formellement identifiée.
Ce dernier avait été présenté comme habitant Paris lors du rapport de gendarmerie consécutif à son assassinat, puis habitant de Marseille dans un second rapport. Son corps fut trouvé au bois "Bichiet" selon les témoins, en réalité le bois Bourdier, au sud du village de Saint-Didier.
La victime a été abattue de deux coups de feu par ces hommes allemands s’étant présentés comme policiers à un gendarme qui les accompagna auprès du corps. L’analyse du corps et des vêtements fit dire à la gendarmerie que la victime avait sans doute été amenée en voiture sur le lieu de son exécution, en bordure de la route départementale menant à Vichy. Avant de repartir sur Vichy, les policiers allemands allèrent prévenir la gendarmerie de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) et accompagnèrent l’un des agents auprès du corps. Là, ils déclarèrent au gendarme que la victime s’appelait André Barrier, venait de Marseille et était un dangereux terroriste. Déclarant venir de Paris, les policiers dirent partir pour Vichy puis Clermont-Ferrand et Lyon.
André Barrier avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt en date du 22 octobre 1942 par le juge d’instruction du tribunal militaire de la 13ème Région à Clermont-Ferrand, pour trahison. Un avis de cessation de recherche avait ensuite été transmis le 18 novembre 1942. Dans son dossier, il était indiqué que les charges à son égard étaient insuffisantes.
Quand l’enquête fut reprise en 1946, on considéra comme certain que l’exécution était le fait du SD de Vichy.

La personne assassinée au Bois Bourdier n’est donc pas celle qui avait été identifiée comme André Barrier né en Indre-et-Loire. S’agit-il d’un homonyme, non identifié ? On peut aussi émettre l’hypothèse que le gendarme qui a entendu le nom du fusillé de la bouche des Allemands, n’a pas bien compris son nom, ou que celui-ci a été mal prononcé par ces Allemands parlant mal le français. Le dossier du procès de la « Gestapo de Vichy » conservé au DCAJM à Le Blanc, mentionne un autre nom, Ranvier, sans autre précision, notamment de prénom. Dans le même document, on cite ensuite le nom de Barrier André, domicilié à Paris.

Aucun dossier n’existe à son nom aux archives du Service historique de la Défense à Caen.

Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Saint-Didier-la-Forêt (Allier) où il a été inhumé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206740, notice BARRIER André ou RANVIER par Henri-Ferréol Billy, Eric Panthou, version mise en ligne le 23 septembre 2018, dernière modification le 5 août 2022.

Par Henri-Ferréol Billy, Eric Panthou

SOURCES : Arch. Dép. Allier . — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 66 : enquête crimes de guerre, Saint-Didier-en-Rollat .— Philippe Carré, « André Barrier, le soldat inconnu de Saint-Didier », La Feuille de Garance, n°44, juillet 2019 .— MemorialGenweb .— Généanet .— Dossier du procès de la « Gestapo de Vichy » (5 tomes) du DCAJM. — Mail de Philippe Carré à Eric Panthou, le 18 janvier 2020. — État civil Neuillé-Pont-Pierre.

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