COULONY Marcel, Maurice

Par Jacques Girault

Né le 29 mars 1905 à Cogolin (Var), mort 9 janvier 1990 à Cogolin ; syndicaliste CGT et militant communiste du Var ; conseiller municipal puis adjoint au maire de Cogolin.

Fils d’un berger républicain et libre-penseur, Marcel Coulony, qui avait été baptisé et avait fait sa communion, obtint le certificat d’études primaires. Il entra en apprentissage comme forgeron outilleur aux ateliers d’entretien de la mine de plomb argentifère de La Môle (Var). Après sa fermeture, en janvier 1921, il partit pour Paris où il travailla comme livreur dans un magasin de vins Nicolas dans le XIVe arr.
Coulony, dont les deux frères avaient été tués à la guerre de 1914, fut conforté dans son antimilitarisme par la fréquentation des milieux anarchisants et la lecture du Libertaire.
Entré en 1923, dans un atelier de charpentes en fer, dans le XVe arr. (sous-traitant de Citroën), Coulony adhéra à la CGTU. À la suite des grèves de la métallurgie, sans travail, manutentionnaire pendant un certain temps à la gare de Juvisy, il retourna chez Nicolas. Après un court passage comme forgeron (entretien des voies de tramways) à la TCRP, puis en Seine-et-Marne dans une cartonnerie, il partit accomplir son service militaire au 19e régiment d’artillerie de campagne à Nîmes. Ce passage à l’armée le marqua profondément ; sanctionné plusieurs fois, il ne dut sa libération, en juin 1926, qu’à une amnistie générale.
De retour à Cogolin, Coulony se maria civilement en janvier 1927 à Cogolin avec Marie Ivaldi, sans profession, fille d’un cheminot en Italie, antifasciste. Le couple eut une fille qui fut baptisée.
Coulony travailla à la construction d’un bassin pour la Compagnie des Eaux (sur les listes électorales de 1929, il était indiqué « journalier ») puis s’embaucha comme conducteur dans une mine de plomb argentifère aux Mayons qui ferma en 1932. Il entra alors comme responsable de l’entretien du matériel et de la conduite des travaux dans une carrière exploitée par une entreprise marseillaise à La Môle.
Il avait adhéré au Parti communiste en janvier 1933 et devint très vite responsable de la cellule de Cogolin qu’il avait contribué à recréer. Lors de l’élection municipale de 1935, avec deux autres communistes, il se présenta dans le village et obtint 73 voix, le 5 mai, et 104, le dimanche suivant sur 599 inscrits. Il fut aussi à l’origine de la fondation du cercle de la Fraternité dans la commune, cercle qui renouait avec la vocation politique de ce type de société. Il utilisa ses premiers congés payés pour aller suivre les cours de l’école interrégionale du Parti communiste à Marseille. D’autre part, il présidait le comité des fêtes.
Coulony avait créé un syndicat CGT à la carrière et représentait, en tant que secrétaire, le syndicat du bâtiment de Cogolin à une réunion de l’Union locale de la CGT de Saint-Tropez en août 1936. Il fut, enfin, candidat du Parti communiste pour le conseil général dans le canton de Grimaud en 1937. Le 10 octobre, sur 2 058 inscrits, il obtint 200 voix et se désista pour le candidat socialiste.
À la fin de 1937, la carrière ferma et Coulony dirigea une recherche de pyrite de fer aux Mayons. Il habitait alors Gonfaron, travaillait à la mine de Saint-Doumes, et devint responsable de la cellule locale et secrétaire du cercle des Travailleurs.
Mobilisé à la déclaration de guerre, affecté au 42e RAC près de Nîmes, il fut fait prisonnier, le 20 juin 1940, dans les Vosges et déporté au Stalag IV G en Saxe. Sa profession de foi en 1945 indiquait qu’il avait été élu « homme de confiance » par ses camarades. Six mois plus tard, transféré au camp Junker L 73, il participa à l’animation des activités réservées aux prisonniers (groupe théâtral, cours d’enseignement, bibliothèque, activités sportives, caisse de secours). Il s’opposa vivement aux avances de partisans du gouvernement de Vichy (autour du journal Trait d’Union notamment) et s’efforça de faire respecter le principe « travail au niveau de la nourriture ».
À la fin de la guerre, Coulony travailla quelque temps à la Compagnie des eaux de Grimaud. Il représenta le Parti communiste français lors de la première élection au conseil général dans le canton de Grimaud, le 23 septembre 1945. Bien que le pronostic ait semblé difficile pour les Renseignements généraux qui annonçaient « issue assez douteuse », il fut battu par son adversaire socialiste.
Dans le courant de l’année 1945, Coulony entra aux établissements de la Marine à Saint-Tropez comme trempeur (traitement thermique), puis, après examen, devint secrétaire comptable. Il devait rester secrétaire du syndicat CGT de cette entreprise de 1946 à 1959 et occupa les fonctions de président de la Mutuelle Marine.
Marcel Coulony fut candidat aux élections législatives de janvier 1956 en cinquième position sur la liste présentée par le PCF qui eut deux élus. En 1958, il devait figurer à nouveau sur la liste communiste, mais très malade, il fut remplacé.
Coulony, secrétaire de la section communiste de Grimaud, fut candidat à toutes les élections cantonales qui suivirent.
« Candidat d’Union républicaine, résistante et antifasciste pour l’indépendance nationale, le pain, la paix, la liberté » le 7 octobre 1951, il arrivait en troisième position avec 846 voix sur 4 718 inscrits ; faute d’un accord de désistements réciproques entre les Fédérations communiste et socialiste, les communistes se maintenaient le 14 octobre ;
- « candidat de défense ouvrière et paysanne et d’union démocratique » le 17 avril 1955, il obtenait 1 370 voix sur 5 006 inscrits ; le candidat socialiste ayant refusé le « programme minimum commun », Coulony « ne voulant pas tromper » les électeurs, se maintenait au deuxième tour et obtenait 1 017 voix.
- candidat à nouveau le 20 avril 1958, il présentait un programme de « rénovation et de paix » ;
- il était le seul adversaire, le 8 mars 1964, du conseiller général sortant, classé parmi les hommes de droite ;
- enfin, il était le représentant du Parti communiste, le 8 mars 1970, obtint 989 voix et se désista pour le candidat soutenu par le Parti socialiste.
Coulony avait été élu conseiller municipal de Cogolin en 1947. Il devait devenir premier adjoint sur une liste d’union en 1953. Ce conseil municipal fut dissous par le préfet en 1957 ; la liste où figurait Coulony fut alors battue par une liste englobant aux côtés des socialistes, toutes les nuances du centre et de la droite. À nouveau battu dans les consultations suivantes, il fut élu, avec un colistier socialiste, en 1971 dans un conseil municipal à majorité de droite. Cette activité traduisait aussi un grand rôle joué dans les diverses organisations locales (vice-présidence du Sporting club cogolinois, présidence de la section des prisonniers de guerre, présidence de la fanfare « la Renaissance cogolinoise » depuis 1967 ; présidence du comité des fêtes de 1950 à 1953, délégué cantonal de l’Éducation nationale depuis 1946 etc.).
Coulony, en outre, était membre du comité directeur départemental de l’association des prisonniers et victimes de la guerre depuis 1945.
Cette forte présence locale le fit choisir comme candidat (cinquième position) sur la liste communiste présentée aux élections législatives du 2 janvier 1956. Il obtint 69 179 voix sur 251 749 inscrits.
En 1976, Coulony, doyen du conseil municipal de Cogolin, était toujours membre du secrétariat de la section communiste de la commune et du comité de la Mutuelle Marine de Saint-Tropez. En mars 1977, il devenait adjoint au maire de Cogolin.
Son nom fut donné à un complexe sportif évolutif couvert (COSEC) à Cogolin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20868, notice COULONY Marcel, Maurice par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 28 mai 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 5.293 ; 2 M 7.35.2 ; 3 Z 2.23. — Fédération PCF du Var. — Arch. privées : fonds M. Coulony ; fonds L. Thomazo. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales. — Presse locale.

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