COURTIOUX Marcel, André

Par Éric Nadaud

Né le 16 mars 1922 à Paris (XXe arr.), mort le 23 février 1993 à Limoges (Haute-Vienne) ; instituteur ; membre du comité directeur du Parti socialiste unitaire (1948-1954) ; membre du bureau de la FEN-CGT (1950-1954), secrétaire de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT (1950-1954) ; membre du conseil national de l’ANACR ; conseiller municipal de Bellac (1983-1993).

Fils de François Courtioux, maçon, et de Marie Germaine Déchérat, couturière, originaires de la Haute-Vienne, Marcel Courtioux fit ses études à l’école primaire supérieure de Bellac, passa avec succès en septembre 1940 le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Limoges, puis obtint en 1943 le baccalauréat au lycée Gay-Lussac de la même ville. Après avoir achevé sa formation à l’École normale de Limoges en 1944 et 1945, il exerça son activité d’instituteur dans des écoles primaires de la Haute-Vienne, à Saint-Léger-Magnazeix (1945-1946), Châteauponsac (1946-1950), puis Bellac (1954-1962).

Son premier engagement fut pour la Résistance. Il y entra le 1er mai 1943, sous l’influence et les ordres de Jean Sénamaud, alias « Dumas », chef des Mouvements unis de résistance et de l’Armée secrète (AS) de l’arrondissement de Bellac. Sur instruction de ce dernier, il se laissa incorporer en juillet 1943 aux Chantiers de jeunesse pour échapper au STO, puis en déserta en janvier 1944 pour rejoindre l’AS-FFI, dont il organisa les premiers maquis armés dans le nord de la Haute-Vienne, sous le pseudonyme de Michel Colombier, jusqu’en octobre 1944. Il fut le responsable du MLN à Bellac. Son action lui valut par la suite la Croix du Combattant volontaire de la Résistance et celle du Combattant volontaire 1939-1945.

À la Libération, il adhéra à la SFIO. Cependant, il n’admit pas la politique menée par la direction socialiste, qu’il jugeait « anti-ouvrière », et suivit les leaders de la tendance Bataille socialiste lorsqu’ils quittèrent la SFIO, en janvier 1948, pour constituer le Mouvement socialiste unitaire et démocratique (MSUD) puis, en septembre 1948, le Parti socialiste unitaire. Il devint l’un des principaux dirigeants nationaux de ce parti. Il siégea à son comité directeur sans discontinuer, de 1948 à 1954, et fut le rédacteur en chef de son organe, Le Socialiste unitaire, en 1951 et 1952. Il fonda lui-même la Fédération de la Haute-Vienne du MSUD puis du PSU, dont il assuma le secrétariat. Il en fut le candidat aux élections cantonales du 20 mars 1949, dans le canton de Bellac, mais ne regroupa que 127 suffrages sur plus de 3500 exprimés. En tant que dirigeant du PSU, il figura en outre sur la liste provisoire des membres du conseil national de l’Union progressiste constitué à l’issue de la première Conférence nationale des progressistes français en décembre 1950.

Il déploya une activité semblable sur le terrain syndical. Il siégea au conseil du Syndicat national des instituteurs de la Haute-Vienne de 1947 à 1950. Au moment de la scission de Force ouvrière, début 1948, il se prononça pour le maintien des enseignants à la CGT. La Fédération de l’éducation nationale ayant opté pour l’autonomie, il utilisa la possibilité de la double appartenance pour y être présent tout en demeurant au sein de la FEN-CGT affiliée à l’Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT. En avril 1948, il fut élu membre de la première commission administrative de la FEN-CGT, mais se désista parce qu’il jugeait prioritaire son action au sein du MSUD. Il put toutefois assumer des responsabilités syndicales nationales à partir de 1950, à la faveur d’un détachement à Paris. En juin 1950, il fut élu membre du bureau de l’UGFF, avec la fonction de secrétaire trésorier général, et en juillet, accepta d’être porté au bureau de la FEN-CGT. Il siégea dans les deux bureaux de 1950 à 1954, et représenta l’UGFF au Conseil supérieur de la fonction publique. Cependant, il renonça de lui-même à solliciter le renouvellement de son mandat au congrès réuni par l’UGFF en juin 1954, la double affiliation à la FEN et à la CGT étant devenue impossible.

Au PSU comme à l’UGFF, il suivit une ligne proche de celle du Parti communiste. En 1950, il fut l’un des dirigeants socialistes unitaires les plus déterminés à obtenir du PSU une condamnation officielle et sans ambiguïté de Tito. De même, son approbation de l’œuvre des régimes communistes comporta peu de nuances. Après avoir longuement visité la Roumanie durant l’été 1951, sur invitation du Syndicat de l’Enseignement roumain, il écrivit avec quatre collègues dans Paris-Bucarest de novembre 1951 une lettre ouverte pour dénoncer un article critique sur la Roumanie publié dans Le Monde, et défendre le régime roumain, en contestant l’idée d’une « russification » de la Roumanie, et en soutenant la thèse de l’identité « toute slavo-byzantine » de la culture roumaine. Il contribua également à la campagne menée par les communistes pour la paix et contre le réarmement de l’Allemagne occidentale.

En 1954, il revint à Bellac. Selon les archives du Parti communiste, il adhéra en mars 1955 à la section communiste locale, appartint à son bureau, et en devint le secrétaire en 1957. Il siégea également au comité de la fédération communiste du département de 1957 à 1963. Il suivit le stage central des instituteurs communistes du 8 au 21 septembre 1957, et les cours de l’école centrale du PCF durant un mois en 1960. Il fut pendant son séjour dans le Puy-de-Dôme membre du comité de la fédération communiste du Puy-de-Dôme entre 1964 et 1966.

Sur le plan professionnel, il se consacra alors à l’enfance en difficulté. Après avoir obtenu le certificat d’aptitude à l’enseignement des enfants arriérés, en 1955, il prit en charge en qualité d’instituteur spécialisé la classe de perfectionnement de l’école de Bellac, jusqu’en 1962. Devenu directeur d’établissement spécialisé diplômé en 1962, il mit sur pieds et dirigea la Maison d’enfants inadaptés du château des Quaires à Laps, dans le Puy-de-Dôme, de 1962 à 1969, puis l’institut médico-pédagogique « Chantemerle » à Valençay, dans l’Indre, de 1969 jusqu’à sa retraite de l’enseignement en 1977. Il encadra par ailleurs des patronages laïcs municipaux à Bellac de 1954 à 1958, dirigea un Centre international de vacances d’adolescents organisé en Haute-Vienne par des associations d’anciens résistants et d’anciens déportés de 1959 à 1962, fut instructeur des centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active de 1963 à 1983, secrétaire général adjoint de l’Association nationale des communautés éducatives de 1972 à 1978, délégué de celle-ci à la FICE auprès de l’Unesco de 1977 à 1980, et administrateur du Centre régional pour l’enfance et l’adolescence inadaptées de la région Centre de 1970 à 1977, puis président de celui du Limousin (CREAIL) de 1981 à 1990. Il appartint au Comité économique et social du Limousin, comme représentant du CREAIL, à partir de 1983. Pour cette intense activité, il fut fait chevalier des Palmes académiques.

Parallèlement, il prit une part active aux luttes politiques municipales, à Bellac, où il s’opposa avec constance à un maire et une majorité de droite. Le 14 mars 1971, il conduisit une liste d’union de la gauche qui fut largement battue. Le 13 mars 1977, il figura sur une liste de même nature, qui n’eut pas plus de succès. Le 6 mars 1983, faute d’union, il se présenta en deuxième position sur une liste menée par un communiste, qui mena le combat à la fois contre la liste de la municipalité sortante et celle du Parti socialiste, et obtint 26,6 % des voix et 3 sièges sur 29, ce qui lui permit d’entrer au conseil municipal. Le 12 mars 1989 enfin, la gauche locale ayant refait son union, il prit rang en deuxième position sur sa liste, qui obtint 47,7 % des voix et 7 sièges, ce qui lui assura sa réélection.

Il attacha une grande importance à la sauvegarde de la mémoire et de l’idéal de la Résistance et des résistants. Militant de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR), il en présida le comité cantonal de Bellac et, dans les années 1960, le comité départemental du Puy-de-Dôme, et appartint à son conseil national à partir d’octobre 1992. Par ailleurs, il anima le comité d’entente des associations d’anciens combattants de Bellac. À ces divers titres, il inspira ou organisa maintes actions commémoratives, notamment la construction du Mémorial de Labrousse, à Droux, en hommage à la Résistance du secteur nord de la Haute-Vienne.

Il décéda victime d’un accident cardiaque, et eut des obsèques civiles. De son mariage avec Blanche Bertrand, membre du PCF, sténo-dactylo puis économe dans les établissements qu’il dirigea, il avait eu deux fils, Jean-Michel en 1946, et Daniel en 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20939, notice COURTIOUX Marcel, André par Éric Nadaud, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 12 août 2021.

Par Éric Nadaud

SOURCES : Entretien avec Blanche Yvette Courtioux. — Livret de famille. — Papiers privés Courtioux. — La Bataille socialiste, 1948-1949. — Le Socialiste unitaire, 1951-1952. — L’Action syndicaliste universitaire, 1948-1953. — La Tribune des fonctionnaires, 1950-1954. — Le Populaire du Centre, mars 1949 ; mars 1971 ; février 1977 ; février-mars 1983 ; mars 1989 ; 24 et 25 février 1993. — L’Écho du Centre, 24 février 1993. — Notes de Jacques Girault.

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