DAMMERT Georgette [née WENDLING Georgette, Louise]

Par Jacques Ernewein

Née le 25 février 1905 à Sarre-Union (Basse-Alsace, Alsace-Lorraine annexée), morte le 7 octobre 1972 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; résistante ; socialiste SFIO, présidente du groupe des femmes socialistes du Bas-Rhin après 1945.

Georgette Dammert était la fille unique d’une famille paysanne protestante d’Alsace Bossue. Son père Georges Wendling travailla d’abord dans les chemins de fer, puis s’installa comme cultivateur à Sarre-Union. Elle fut scolarisée dans cette ville jusqu’en 1919, puis un séjour à Neuilly-sur-Seine lui permit de perfectionner son français. Elle obtint le brevet élémentaire en 1920, et travailla ensuite à Strasbourg, dans plusieurs magasins.
Elle rencontra à ce moment son futur mari, Édouard Émile Dammert, instituteur à Bettwiller (Bas-Rhin). Elle l’épousa le 17 juin 1925 en cette commune, puis le couple s’installa à la maison d’école de Sarre-Union, non loin du domicile des parents maternels ; deux garçons naquirent de cette union : Édouard (né le 7 janvier 1927) et Guy (né le 17 octobre 1933).
Les époux Dammert s’engagèrent : Édouard Émile était socialiste SFIO, syndicaliste, actif au SNI. Georgette entra également à la SFIO (en 1928 d’après la Presse Libre du 9 novembre 1946). Ils séjournèrent à Sarre-Union jusqu’en 1938, date à laquelle le mari fut muté à Strasbourg (Neudorf). Lors de l’évacuation de Strasbourg, Georgette se réfugia tout d’abord en Normandie, puis s’installa, au début de l’année 1940, à Nîmes (Gard), rue Briçonnet, avec sa mère et son fils Édouard.
Son mari les rejoignit fin juillet 1940, libéré comme la plupart des Alsaciens par les Allemands après avoir combattu sur la ligne Maginot ; il avait été promu capitaine et décoré « pour sa conduite exemplaire », selon sa belle-fille Alice Dammert, en juin 1940.
À Nîmes, le couple entra en contact avec l’entourage du sénateur SFIO Georges Bruguier* (un des 80 parlementaires qui avaient refusé les pleins pouvoirs à Pétain). Dès l’été, Édouard entra en résistance. Elle le suivit à partir d’octobre... La police de Vichy les repéra vite : Édouard fut arrêté, emprisonné à partir du 10 juin 1942, dans des conditions de détention de plus en plus dures, notamment à la prison Saint-Michel de Toulouse. Georgette elle-même dut fuir Nîmes après octobre 1943. Elle s’installa alors à Agen, Montauban, Toulouse, pendant que son fils Édouard rejoignait, à dix-sept ans, les FTP. Pendant l’été 1944, elle retrouva son époux libéré. Celui-ci s’engagea dans la nouvelle armée française en formation. Elle devint assistante sociale dans la résistance, se chargea à partir de novembre 1944 du service social des prisonniers de guerre, puis devint interprète et rejoignit son mari dans la Première Armée française. Elle fut active aussi bien dans l’Allemagne occupée qu’en Autriche. Elle fut décorée de la médaille de la Résistance en octobre 1945.
De retour à Strasbourg en novembre 1945, le couple Dammert reprit le militantisme politique et social. Édouard devint directeur d’école au Polygone, quartier difficile, milita à la SFIO, à la FNDIRP, s’intéressa au football (à travers l’AS Neudorf).
Georgette dirigea en 1946 les Femmes socialistes du Bas-Rhin, et publia dans la Presse Libre, quotidien socialiste départemental, une série d’articles de ton franchement féministe sous la rubrique « Le coin de la femme ». Elle y célébrait l’émancipation, retraçant l’histoire du droit de vote féminin et rendant hommage aux pionnières, comme Marie de Gournay. Elle siégeait à la commission nationale féminine en décembre 1947.
Elle devint également active en politique puisqu’elle se présenta aux élections législatives de novembre 1946 : elle était huitième sur la liste SFIO dirigée par Marcel Edmond Naegelen*, député sortant et ministre de l’Éducation Nationale. Le 9 novembre 1946, à la veille du scrutin décisif, elle lança un appel aux électrices, pour qu’elles donnent leur voix aux « socialistes qui mettent la femme au même rang que l’homme ».
Les déceptions électorales et politiques de l’après-guerre, notamment au moment de la guerre d’Algérie, éloignèrent progressivement Georgette Dammert de la SFIO. Il faut y ajouter des difficultés conjugales : le couple divorça le 6 juin 1957. Georgette cessa à ce moment-là toute activité politique et reprit une activité professionnelle, à Strasbourg, dans le domaine des loisirs et du tourisme populaire à « Loisirs d’Alsace », association fondée par des dissidents, anticommunistes, de « Tourisme et Travail ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21350, notice DAMMERT Georgette [née WENDLING Georgette, Louise] par Jacques Ernewein, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 3 décembre 2018.

Par Jacques Ernewein

SOURCES : Arch. Com. (État civil) Strasbourg, Sarre. — Arch. privées Édouard et Alice Dammert. — Union, Bettwiller. — Presse libre, Strasbourg, (1945 et 1946). — Entretien avec Alice Dammert, novembre 2007.

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