Cirey-lès-Nolay (Côte-d’Or), 3 septembre 1944

Par Jean-Louis Ponnavoy

Massacre de deux résistants et trois civils par les Allemands à Nolay et Cirey-lès-Nolay.

Le monument aux morts de Cirey-lès-Nolay (photo de l’auteur)
Le monument aux morts de Cirey-lès-Nolay (photo de l’auteur)

Le 3 septembre 1944 dans l’après-midi, un jeune résistant, Jean Bouley qui était imprimeur et agent de liaison au PC du capitaine Dufour, plus exactement Monsieur Philipot, instituteur à Molinot (Côte-d’Or) reçut l’ordre de se rendre à Nolay pour imprimer des affiches en vue de la libération de Beaune qui était imminente. Le centre de ralliement du groupe du capitaine Dufour était situé au moulin de Vernusse sur la commune de Saint-Pierre-en-Vaux (Côte-d’Or). Deux jeunes parisiens venus se réfugier chez un membre de leur famille qui était facteur à la Poste de Molinot, s’étaient engagés dans le groupe du capitaine Dufour. Il s’agissait de Robert Bornet, âgé de 24 ans et de son oncle Charles Verdin, âgé de 27 ans qui avait été prisonnier de guerre en Allemagne et avait été libéré pour avoir accompli un acte de courage. Il avait sauvé d’une mort certaine, un enfant tombé dans une fosse à purin.
Jean Bouley avait prévu de se rendre à Nolay, seul avec sa moto mais ses deux camarades parisiens insistèrent pour l’accompagner en voiture. Le facteur de Molinot se joignit également au groupe. Les quatre hommes montèrent donc dans la voiture. Arrivés à Cirey-lès-Nolay Jean Bouley proposa de finir le voyage à pied car il pouvait y avoir des soldats allemands à Nolay. Le chauffeur proposa de le conduire jusqu’au croisement du bas. La voiture descendit lentement et s’arrêta en face du bâtiment de Rochefort. Ils aperçurent alors un barrage allemand avec un canon antichar en position près de la Croix de mission. Charles, fort de sa connaissance de la langue allemande et des papiers attestant de sa bonne conduite, proposa d’aller parlementer avec les servants du canon anti char tout en demandant à ses camarades de s’éloigner. Alors que Jean Bouley et le postier remontaient la route comme si de rien n’était un soldat allemand en faction s’approcha de la voiture dans laquelle était resté Robert Bornet et aperçut une mitraillette Sten entre les sièges. Il comprit immédiatement qu’il avait à faire à des maquisards et la fusillade éclata. Les deux maquisards qui s’éloignaient se mirent à courir en direction du pont de chemin de fer qui passait un peu plus haut au pied des falaises de Cirey. Ils s’abritèrent derrière une pile du pont qui les protégea des balles qui arrosaient la route. Jean Bouley rejoignit le village et emprunta un vélo pour aller prévenir le groupe au moulin de Vernusse.
On ne sait pas exactement ce qu’il se passa ensuite. Il semblerait que Robert Bornet et Charles Verdin après avoir été torturés furent pendus aussitôt à la branche d’un arbre voisin et criblés de balles. Vers 17 heures leurs corps furent pris en charge par des membres de l’Hospice et déposés à la morgue. Par la suite, ils furent inhumés provisoirement et discrètement au cimetière de Nolay.
Peu après ce drame, les Allemands virent des silhouettes qui se détachaient sur la crête des falaises surplombant Cirey. Les prenant pour des maquisards en fuite, ils ajustèrent leurs tirs et blessèrent grièvement trois personnes qui étaient en fait d’innocents promeneurs appartenant à une même famille.
Il s’agissait de Marie-Thérèse Changarnier, âgée de 30 ans, épouse du maire de Cirey, alors prisonnier en Allemagne, accompagnée de son fils Jean-Pierre, âgé de 8 ans et de sa sœur Marie-Jeanne, épouse Gagnard, âgée de 35 ans, domiciliée à Lacanche (Côte-d’Or). Les victimes furent aussitôt conduites à la maison Fougerolles à Épinac-lès-Mines (Saône-et-Loire), où elles furent prises en charge par le chirurgien Beaufils qui avait installé sa clinique rapatriée du Creusot après le deuxième bombardement de la ville en juin 1943. Elles décédèrent malheureusement le lendemain à des heures différentes et leurs obsèques furent célébrées le 6 septembre accompagnées d’une nombreuse assistance. Elles furent ensuite inhumées au cimetière d’Épinac.
Une stèle érigée sur la chaume au bord des falaises rappelle le drame. On peut y lire l’inscription suivante :
"Ici furent massacrés
Par les Allemands
Le 3 Septembre 1944
Marie-Thérèse Changarnier
Son fils Jean-Pierre
Sa Sœur Jeanne Gagnard

Priez pour eux"

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223500, notice Cirey-lès-Nolay (Côte-d'Or), 3 septembre 1944 par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 25 février 2020, dernière modification le 18 août 2022.

Par Jean-Louis Ponnavoy

Le monument aux morts de Cirey-lès-Nolay (photo de l'auteur)
Le monument aux morts de Cirey-lès-Nolay (photo de l’auteur)
Stèle commémorative sur le lieu du drame (photo de l'auteur)
Stèle commémorative sur le lieu du drame (photo de l’auteur)
Plaque du Monument aux morts (photo de l'auteur)
Plaque du Monument aux morts (photo de l’auteur)
Détail de la stèle (photo de l'auteur)
Détail de la stèle (photo de l’auteur)

SOURCES : Journal Le Bien Public, article de Henri Callabre, non daté. — Renseignements de Jean-Pierre Changarnier, fils de Pierre Changarnier. — État civil (actes de décès).

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