Par Jean-Marie Guillon
Né le 28 septembre 1917 à Calcinaia (Italie), décédé en 2001 ; ouvrier agricole ; militant communiste ; Franc-tireur et partisan-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) et maquisard FTP.
Issu d’une famille nombreuse d’origine italienne – ses parents, Parisi Menicucci et Augusta Nencioni - étaient venus en France en 1924, Olivier Menicucci travaillait comme journalier agricole à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Il militait à la
Jeunesse communiste à l’époque du Front populaire. Il contracta un engagement dans l’artillerie à Nîmes (Gard) après la déclaration de guerre de septembre 1939. Il fut naturalisé français le 25 mai 1940. Selon son témoignage, il fut contacté en mai 1941 par Carlo Piacenza, dit Charles, militant italien, ancien des Brigades internationales et président de l’Union populaire italienne de Saint-Rémy avant-guerre. Celui-ci, qui se faisait passer pour espagnol, reconstituait le parti communiste italien et la MOI, notamment parmi les assignés du Groupement de travailleurs étrangers et les immigrés italiens de la commune. Menicucci fit venir à la MOI ses camarades, dont les frères Boneins*, les frères Vivaldi*, D’Alessandri* qui fournirent leur lot de victimes à la répression un peu plus tard. Lui-même se fit remarquer en organisant une grève des vendangeurs au domaine du Cast à Maillane (Bouches-du-Rhône) avec René Leduc, réfugié de l’Yonne. La grève, commencée le 8 septembre 1942 à 14 heures et prolongée le 9, concerna quarante-deux vendangeurs et vendangeuses, tous de Saint-Rémy, recrutés par un entrepreneur. Trouvant le salaire offert insuffisant, ils réclamèrent neuf francs cinquante pour 100 kg de raisin au lieu des huit proposés (sot 143 F par jour). Les gendarmes et le maire de la commune intervinrent et menacèrent, appuyés par le sous-préfet Jean des Vallières qui demanda au préfet régional des sanctions contre les quatre « meneurs », le 26 septembre (deux expulsions pour deux Italiens, un internement pour Leduc et la déchéance de nationalité et l’expulsion pour Menicucci). Le préfet prit un arrêté d’internement au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), le 25 septembre, pour Leduc et Menicucci. Plusieurs requêtes eurent lieu en faveur de ce dernier, dont celle du directeur du canal des Alpines et celle du maire de Saint-Rémy qui faisaient valoir notamment son honnêteté, sa bonne moralité et son engagement en 1939-40, en passant sous silences ses options politiques. Arrêté le 15 octobre, il fut transféré à Saint-Sulpice. Le commissaire de police de Saint-Rémy donna, le 25 février 1943, un avis favorable à sa libération qui ne fut pas suivi d’effet. Son arrêté de libération ne fut signé que le 16 août 1943, mais il s’était évadé entre temps (avec Leduc), le 24 mars 1943 (et non en mai comme son témoignage l’indique), lors du transfert à Bayonne (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques) d’internés destinés à travailler pour l’organisation Todt à la construction du « Mur de l’Atlantique ». Revenu à Saint-Rémy, désormais clandestin, il fut envoyé par le responsable MOI à Marseille (où il n’était jamais allé). Intégré aux FTP-MOI (compagnie Marat) où se trouvaient déjà plusieurs de ses camarades de Saint-Rémy, il y resta huit mois, d’abord dans un groupe de trois, puis comme chef de groupe, et enfin comme chef de détachement. Il participa à de nombreuses actions, sabotages et attentats contre des installations allemandes (garage, restaurant des gardiens allemands de la prison Saint-Pierre, usine à gaz pour sous-marins). Il se souvenait en particulier d’attentats à l’explosif
contre le commissariat du 7e arrondissement, la gendarmerie du Prado et le poste de police de La Blancarde, au lendemain de l’exécution par les FTP-MOI de l’inspecteur-chef Balligand, le 6 novembre 1943. Ces attentats étaient accompagnés d’une lettre de mise en garde aux policiers. Il fut muté dans le maquis où il arriva comme cadre militaire (commissaire aux opérations) dans la 2e compagnie FTP dans la région de Barrême (Basses-Alpes/Alpes-de-Haute-Provence), le 1er févier 1944. Lieutenant puis commandant de la compagnie sous le pseudonyme de Philippe, il devint l’adjoint de Jean Sénatore alias Borde*, chef du 2e sous-secteur FTP qui couvrait le territoire entre les vallées du Var et du Verdon jusqu’à Digne (région B4, (Basses-Alpes/Alpes-de-Haute-Provence). Le 9 juin 1944, au moment de la mobilisation maquisarde, il était allé chercher à Digne, en moto, avec Senatore, l’infirmier Valmy Guillot* qui fut tué à 20 heure 30 par une sentinelle allemande sur la commune du Chaffaut (Basses-Alpes/Alpes-de-Haute-Provence). Durant cette période insurrectionnelle, probablement en juillet, il occupa avec ses hommes le village de Saint-Pierre à la lisière des Basses-Alpes et des Alpes-Maritimes. Lors de la contre-offensive allemande pour reprendre ces vallées, il combattit plusieurs jours autour des clues de Chabrières et du col d’Allos (Basses-Alpes/Alpes-de-Haute-Provence). À la Libération, il s’engagea pour la durée de la guerre au régiment FFI (Forces françaises de l’intérieur) La Marseillaise (toujours suivi par René Leduc) et fut envoyé sur le front des Alpes. Désigné pour l’école des cadres d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) en janvier 1945, il en sortit sous-lieutenant, et fut démobilisé le 16 juin 1945.
Il fut décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Par Jean-Marie Guillon
SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 5 W 200. — Arch. dép. Arch. dép. Hautes-Pyrénées, 20 W 18. — France d’abord septembre-octobre 2001 (nécrologie). — Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983. — Louis Gazagnaire, Dans la nuit des prisons, Paris, Éditions sociales, 1973, p. 178 et Le peuple héros de la Résistance, Paris, Éditions sociales, 1971, p. 17. — Grégoire George-Picot, L’innocence et la ruse. Des étrangers dans Résistance en Provence 1940-1944, Paris, Éditions Tirésisas, p. 93 et suiv. — Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression. La première et la deuxième guerre mondiale. La Résistance, Cavaillon, Imp. Mistral, 1978, p. 305-307.