ECHARDOUR François, Fernand, Auguste, Marie

Par Christian Bougeard

Né le 6 octobre 1925 à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 23 juin 1988 à Brest (Finistère) ; marin du commerce puis ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT et militant communiste du Finistère, membre du secrétariat fédéral du PCF.

François Échardour naquit en région parisienne dans une famille communiste. Son père, marin du commerce, était militant du Parti communiste en 1948, de même que sa femme, Jeannine, Simone Aubin épousée à Brest en mars 1946. Ils avaient quatre enfants en janvier 1950. Son beau-père et son beau-frère étaient cultivateurs. Après avoir obtenu le certificat d’études primaires, François Échardour devint marin du commerce, notamment à Brest où il s’était installé à la Libération. — Se confond-il avec François Échardour, novice en 1941 à Brest, qui fut grièvement blessé à l’avant-bras sur le remorqueur Le Loing ? — À l’été 1944, il avait participé aux combats de la Libération dans le sud du Loir-et-Cher.

François Échardour adhéra aux JC en août 1944 où il devint rapidement secrétaire d’un cercle, à la CGT en janvier 1945 et au PCF la même année. En juin 1948, il était membre de la commission administrative du syndicat CGT de la marine marchande de Brest (1947-1948), délégué d’entreprise et élu au CE de la Compagnie de navigation Charles, installée sur le port de Brest. En 1950, il déclarait avoir navigué et fait escale dans plusieurs pays (en Angleterre, à Chypre et en Afrique du Nord) et était membre de la commission de contrôle du syndicat des marins. Les responsables brestois du PCF repérèrent vite ce jeune et actif militant, secrétaire de sa cellule. En juin 1948, alors que la fédération du Finistère connaissait des difficultés, François Échardour devint secrétaire à l’organisation de la section de Brest après son passage par l’école de section (1947), puis par l’école fédérale (1948). C’est sans doute à la suite de la conférence fédérale de février 1949, présidée par Jeannette Veermersch*, qui renouvela fortement les instances dirigeantes (24 nouveaux membres, remplacement au secrétariat fédéral de Marie Lambert* par Daniel Trellu*) qu’il entra au comité fédéral dans une période de durcissement de la ligne du Parti communiste, provoquant des autocritiques et des exclusions, parfois temporaires.

Le 22 février 1950, François Échardour fut proposé pour accéder au bureau et au secrétariat fédéral dans un rapport soulignant ses qualités de dirigeant du Parti communiste et des organisations de masse, sa combativité et son action dans « le redressement sérieux » de la section de Brest. En 1951, il fut candidat aux élections cantonales à Ouessant. En avril 1955, alors que la direction et la ligne considérée comme trop sectaire de la fédération avaient en partie changé, ses « qualités » d’hier furent critiquées dans un autre rapport parlant de « son caractère impulsif, découlant d’une formation anarcho-syndicaliste » tout en soulignant que le secrétaire de la section de Brest était « un dirigeant populaire et homme de masse par excellence ». En janvier 1953, à vingt-sept ans, François Échardour était l’un des cinq membres du secrétariat fédéral du PCF du Finistère, plus particulièrement chargé de la jeunesse et de l’UJRF. En 1954, il devait suivre pendant quatre mois les cours de l’école centrale du PCF mais cette formation fut retardée en raison d’une crise municipale à Brest. À la suite de la démission du maire MRP Jaouen et d’une dissolution, de nouvelles élections furent convoquées le 16 mai 1954 : François Échardour figurant en 29e position sur 37 ne fut pas élu alors que le PCF avait 20 % des voix et la SFIO 22 %. De même, le 15 mars 1959, au 2e tour des élections municipales, il était en 23e position sur « la liste d’union de la gauche brestoise » (44 %), conduite par le socialiste SFIO Robert Gravot, battue en entier par la liste des droites. Les candidats communistes avaient obtenu les plus mauvais résultats.

Au début de l’année 1949, François Échardour fut poursuivi avec Jean-Paul Soubigou* sous l’accusation d’avoir arraché le drapeau tricolore du Centre de documentation coloniale, situé à proximité de la Maison des syndicats, et poursuivi en justice. C’était un bureau de recrutement de l’armée pour l’Indochine, et, le 25 novembre 1948, des grévistes réunis devant la maison des syndicats envahirent ce local où des recruteurs proposaient des primes élevées contre un engagement. Le procès eut lieu le 13 décembre, et le jugement fut prononcé le 31 janvier 1950. François Échardour et Jean-Paul Soubigou* furent condamnés à 2 mois de prison ferme et 68 000 francs d’amende,

En 1955, François Échardour, sans doute pour des raisons militantes, ne naviguait plus au commerce, mais était employé comme métallo à dans la réparation navale, aux chantiers Dubigeon à Brest. En mai 1956, lors du changement de la direction de la fédération, François Échardour resta au secrétariat, deuxième secrétaire de Paul Le Gall* promu secrétaire fédéral. Le 14 mai 1956, il occupait toujours cette fonction et était responsable de la propagande. La même année, lors du congrès constitutif de l’UJCF, les Jeunesses communistes prenant le relais de l’UJRF, le Brestois d’adoption de trente-et-un ans entra au comité national y siégeant jusqu’en 1959. Pour cette raison, sa présence au secrétariat fédéral du Finistère en mai 1957 fut un temps en suspens, mais François Échardour fut maintenu en étant déchargé de la propagande confiée au carrier Pierre Jaouen*.

Lors du congrès fédéral du 7 mai 1961, François Échardour quitta le secrétariat pour le bureau fédéral dont il fut membre jusqu’en 1976, restant ensuite un an au comité fédéral. Il se consacra surtout au syndicalisme.

François Échardour eu une activité important au plan syndical, à La CGT. Initialement militant des marins, puis, militant de la métallurgie de Brest, et secrétaire du syndicat CGT de l’entreprise de réparation navale Dubigeon, installée sur le port de commerce, il intervint lors du 9e congrès de l’Union départementale du Finistère, tenu à Quimper les 7 et 8 avril 1956. Il fut élu membre de la Commission administrative de l’Union départementale CGT du Finistère lors du 11e congrès de l’UD, tenu à Pont de Buis les 28 et 29 mai 1960.

Le 18 mai 1961, à la suite d’une altercation entre des délégués et des agents de maitrise, dans le cadre d’une grève de protestation contre une retenue sur salaire de trois quart d’heure, François Échardour, fut licencié, pendant que Lucien Le gall*, secrétaire du Comité d’entreprise, était mis à pied. La grève reconductible fut immédiatement décidée sur les chantiers. Finalement, à la suite de plusieurs journées de grèves, dont une le 24 mai, mobilisant au delà de l’entreprise, l’ensemble des ouvriers de la métallurgie brestoise, et devant l’ampleur de la protestation,la direction fut contrainte de le réintégrer, et les sanctions furent annulées le 30 mai. Le CE avait rejeté la demande de licenciement, rejet qu’avait confirmé l’inspection du travail.

Cependant, la direction n’abandonna pas pour autant son intention de se débarrasser du secrétaire syndical. Elle intenta une action en résiliation du contrat de travail en direction du conseil des prudhommes de Brest, et, par la suite, en correctionnelle. Le 13 septembre, une nouvelle journée d’action du personnel de la métallurgie brestoise marqua de nouveau sa volonté de mettre en échec la tentative de licenciement, et dans l’après midi plus de 500 métallos se massèrent devant le palais de justice où se tint l’audience aux prud’hommes. Le conseil décida de suspendre la procédure tant que le tribunal correctionnel n’aurait pas donné ses conclusion. Le 12 octobre, de nouveau les métallos se mobilisèrent en nombre devant le palais de justice, jour où Échardour et Le Gall devaient comparaitre devant le juge d’instruction. Il y eut encore quelques rebondissements à cette affaire qui prit une certaine importance à Brest, puis elle fut classée sans suite, à la suite du décès du juge, lors d’un voyage en Espagne, et l’abandon des poursuites par la direction des chantiers.

Au début des années 1960, François Échardour était secrétaire du syndicat des métaux CGT, puis secrétaire de l’Union Locale CGT de Brest (1962) et membre de secrétariat de l’Union départementale (1964).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23601, notice ECHARDOUR François, Fernand, Auguste, Marie par Christian Bougeard, version mise en ligne le 1er novembre 2008, dernière modification le 18 juillet 2018.

Par Christian Bougeard

nSOURCES : Arch. comité national du PCF, organigrammes des comités fédéraux du Finistère (1953-1968) et notes de Paul Boulland. — Isabelle Picard, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la Quatrième République (1944-1958), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — La CGT dans le Finistère, 1944-1968 de Fanch Tanguy, tome 2, Imprimerie de Bretagne, Morlaix, 1986.— Marie-Thèrèse Cloître (dir.), Histoire de Brest, Brest, CRBC-UBO, 2000. — La Vie ouvrière, nº 902, 13 décembre 1961, p. 10. — Le Goïc, Pierre. Brest en reconstruction : Antimémoires d’une ville. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2001 (généré le 16 juillet 2018). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/22033> . ISBN : 9782753524668. DOI : 10.4000/books.pur.22033. — La Dépêche de Brest, 17 novembre 1941 — État civil de Suresnes. — Un dossier à son nom figure aux arch. du RGASPI, Moscou, 495 270 8771 : pas encore consulté. — Notes de Gilles Pichavant.

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