AUSTEN Rudolph, August, Florenz, dit Fritz ou Le Polonais (orthographié parfois AOUESTEL)

Né vers 1816, à Dantzig (Prusse), mort fou après 1844 à Pontorson (Manche) ; ouvrier bottier ; membre de sociétés secrètes.

Travaillant à Paris depuis avril 1836, Rudolph Austen, prussien de langue allemande, surnommé « Fritz »et « le Polonais » par ses camarades d’atelier, sembla revendiquer la nationalité polonaise car il affirmait avoir pris les armes dès 1831 pour l’indépendance de son pays, où il aurait été blessé à Praga et Ostrolenka, et avoir pu rejoindre seul la France après la chute de Varsovie. Ce récit pourrait, selon l’historien J. Granjonc, n’être qu’un conte. Bottier à Paris, demeurant 6, rue de la Haumerie, lors des journées des 12 et 13 mai 1839, il se battit avec acharnement sur la barricade Greneta et fut blessé de coups de sabre et de baïonnette. Condamné à quinze ans lors du procès de la 1re catégorie par la Cour des Pairs, le 12 juillet 1839, il fut incarcéré dans le quartier politique de la maison centrale du Mont-Saint-Michel (Manche) le 17 juillet 1839. Ses notes, lettres et poèmes de prison font apparaître une grande fragilité psychologique. Dès mai-juin 1840, il s’était mis dans l’idée que sa mère venait le voir. Voyant qu’elle ne venait pas, il s’est mis à crier sans arrêt, nuit et jour. Cela dura trois mois. Il était devenu fou et fut transféré à l’asile d’aliénés de Pontorson, le 18 septembre 1840. Son cas fut cité à plusieurs reprises lors des débats de 1842 à 1844 sur la réforme des prisons pour dénoncer les conséquences de l’isolement cellulaire, mais il fut oublié lors des remises de peine d’octobre 1844.
Voir Barbès A.*, Bernard M.*, Blanqui Aug.*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25466, notice AUSTEN Rudolph, August, Florenz, dit Fritz ou Le Polonais (orthographié parfois AOUESTEL) , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 24 mai 2016.

SOURCES : Arch. Nat., CC 726. — Gazette des Tribunaux, juin-juillet 1839. — La Démocratie pacifique, 14 octobre 1844, p. 3. — La Réforme, 1844. — L. Nouguès, Une condamnation de mai 39, Paris, Dry aîné, 1850. — E. L’Hommedé, Le Mont-Saint-Michel, prison politique sous la monarchie de Juillet, Paris, Boivin, 1932. — Cour des Pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984 (CC 726). — C. Latta, Un républicain méconnu, Martin Bernard, 1808-1883, Saint-Étienne, Centre d’Études foréziennes, 1980. — Jacques Grandjonc, Communisme/ Kommunismus/ Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, p. 180-181. — J.-Cl. Vimont, Enfermer les politiques. Aux origines des régimes de détention politique (1810-1848), Thèse dact., Paris VII, 1991, 1295 pages. — J.Cl. Vimont, La prison politique en France, Genèse d’un mode d’incarcération spécifique, XVIIIe-XXe siècles, Paris, Anthropos, 1993, 503 pages. — L.-A. Blanqui, Œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — Notes de J. Grandjonc, J. Risacher et J.-C Vimont.

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