GORRIN Pierre, Antoine, Jacques, Eugène

Né vers 1806 à Niort (Deux-Sèvres) ; chirurgien de la Marine royale, puis médecin à Niort ; militant socialiste.

Dans un article publié par le journal L’œil du Peuple (n° du 24 novembre 1850), sous le titre « Quelques mots sur les avantages du socialisme », Gorrin disait : « C’est à l’esprit du socialisme que le divin Jésus puisa les préceptes qu’il enseignait à la « vile multitude », quand les monarchiens juifs le crucifièrent [...] C’est au Socialisme que notre triple révolution doit notre sublime devise : Liberté, Égalité, Fraternité [...] Les décrets concernant le suffrage universel, l’abolition de la peine de mort et tant d’autres lui sont dus. [...] Il est faux de dire que nous souhaitions le partage des biens, car nous n’ignorons point qu’on ne peut changer que très difficilement les mœurs, us et coutumes d’une nation. La propriété, l’accroissement exclusif du bien-être individuel, l’intérêt personnel, en un mot, est devenu le principal, l’unique mobile de nos actions, soit, nous le respectons, mais nous désirons qu’il ne dépasse pas certaines limites, qu’il ne dégénère pas davantage en cette lèpre de l’égoïsme qui dévore le corps social [...] Nous aspirons à remplacer les mauvaises passions, que la politique intéressée des rois y a entretenues à dessein, par le saint amour de l’humanité. Nous sommes persuadés qu’en réalisant ce projet on parviendrait aisément à doubler le bonheur des heureux et à amoindrir la somme des misères des déshérités de ce monde. »
Gorrin fut condamné par la commission mixte des Deux-Sèvres, dans sa séance du 10 février 1852, à la transportation en Algérie. Il était alors marié et père de cinq enfants en bas âge. Ce que l’on frappait, c’était son action révolutionnaire du 3 décembre 1851, aux côtés de Becquet*, de Guay Paul*, de Savariau-Belet*. Il était considéré comme un des organisateurs de l’insurrection de l’Hôtel de Ville et avait accepté le titre de délégué de peuple.
De Miliana, Gorrin adressa à l’empereur un recours en grâce, le 27 novembre 1852. En décembre de la même année, il écrivit au préfet des Deux-Sèvres pour lui demander de transmettre au gouvernement un travail qu’il avait préparé concernant l’émancipation des Noirs. Il rappela à cette occasion qu’il avait présenté au ministre de la Marine, sous le règne de Louis-Philippe, un document sur l’abolition de l’esclavage, et rédigé après la révolution de Février 1848 une brochure sur l’esclavage en Afrique centrale.
Par décision impériale du 13 avril 1853, la peine de Gorrin fut commuée en surveillance à Niort. Voir Becquet*, Guay Paul*, Savariau-Belet*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31836, notice GORRIN Pierre, Antoine, Jacques, Eugène, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4 M 6/17, 4 M 15/4. — L’œil du Peuple, journal socialiste publié à Niort (1849-1851).

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