JUNG Johannès, ou JUNG Jean, dit Jean Jung le cadet, surnommé Le Fléau des modérés

Cordonnier strasbourgeois ; membre du club des Jacobins de Strasbourg ; membre du comité de surveillance et de sûreté générale lors de la Terreur strasbourgeoise. Arrêté sur ordre de Saint-Just et exécuté pour conspiration.

Né à Strasbourg en 1760 ou 1761, guillotiné à Paris le 29 messidor an II (17 juillet 1794). Son père est qualifié « manant et postillon » ; sa mère était fille d’un « bourgeois de Strasbourg », tisserand en lin.
Orateur en langue allemande et auteur de poésies politiques, il parlait et écrivait correctement le français, malgré un accent très prononcé et une orthographe douteuse.
Reçu maître cordonnier par la corporation, le 20 janvier 1787, il se situe dès 1789 parmi les révolutionnaires strasbourgeois de la petite bourgeoisie. Il fit strictement son service de garde national, à la différence de la plupart. Le 23 juin 1791, lors de la crise de Varennes, il figure sur une liste de 119 volontaires qui « sont prêts et désirent voler au secours de la patrie où elle serait menacée, et de combattre jusqu’à la mort pour la liberté ». Entre mai 1792 et l’été 1793, Jung, patriote et membre du club des Jacobins de Strasbourg, prit la tête des sans-culottes contre le parti de la haute bourgeoisie, dirigé par le maire Dietrich. Des sans-culottes il dit : « Bien qu’ils ne soient pas si riches et qu’ils n’occupent pas les emplois publics, leur tour peut venir un jour. » Au procès de Dietrich devant le tribunal criminel du Doubs (février-mars 1793), il dit du maire qu’il « refusait toute justice aux patriotes ».
Durant la Terreur strasbourgeoise, qui commença avec la mise de la ville en état de siège au mois d’août 1793, Jung seconda les efforts patriotiques d’Euloge Schneider. Il assura le contrôle postal, participa au contrôle économique et prépara les arrestations de plusieurs « banquiers et aristocrates ». Le 8 octobre, il entra au Comité de surveillance et de sûreté générale. C’est alors qu’on le nomma « Fléau des modérés » (Geissel der Gemässigten).
Mais Euloge Schneider, terroriste de langue allemande, comme Jung, fut arrêté (nuit du 13-14 décembre 1793) sur l’ordre de Saint-Just et de Lebas, qui étaient prévenus contre ceux qui parlaient la « langue des esclaves ». Les propagandistes francophones furent les vrais responsables de cette répression que les représentants Baudot et Lacoste étendirent à Jung le 10 janvier 1794. Circonstance aggravante pour lui, encore à cette date en Alsace, Jung s’était heurté aux déchristianisateurs venus de Paris.
Détenu à Dijon, Jung attaqua les nouvelles autorités révolutionnaires de Strasbourg, se défendit pied à pied contre l’accusation d’avoir conspiré au profit de l’étranger. Accusation invraisemblable qui le mena néanmoins devant le tribunal révolutionnaire de Paris et à la guillotine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32928, notice JUNG Johannès, ou JUNG Jean, dit Jean Jung le cadet, surnommé Le Fléau des modérés , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : Roger Jaquel, « Un terroriste alsacien, le cordonnier Jung », dans le recueil « La Bourgeoisie alsacienne », Publications de la Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, Strasbourg-Paris, 1954, pp. 1-22.

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