NIQUEUX Gérard, Pierre

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 5 novembre 1808 à Nantes (Seine-Inférieure), mort le 24 avril 1864 à Toulon (Var) ; « enfant du peuple », devenu capitaine d’artillerie à Metz (1848). Candidat « socialiste » en avril et en septembre 1848.

Fils d’un tailleur d’habits et d’une tailleuse (tous les deux savaient signe), Gérard Niqueux, homme de belle prestance (1m 98), fut un temps ouvrier puis élève de l’école polytechnique. En 1831, il avait été l’objet de sanctions disciplinaires pour sa participation à « l’Association nationale ». En 1836, capitaine d’Artillerie, il demanda à entrer dans les spahis et commanda en Algérie le troisième escadron. Le Général Du Barail écrivit dans ses souvenirs : "C’était un officier de très grnade valeur. Camarade de promotion du général Bosquet à l’École Polytechnique, il serait certainement arrivé plus haut que le grade de colonel dans lequel il devait mourir plus tard, sans une incursion dans la politique qui gâta sa carrière. I était né pauvre. Il s’était fait lui-même [...] Il était surtout révolté par les inégalités sociales, et en 1848, il avait cru, avec bine d’autres, à l’avènement définitif de la démocratie égalitaire. Il voulut lui apporter son concours et il eut l’idée biscornue de se présenter comme député" (p. 118)

Lors des élections d’avril 1848, il vit, tout comme Paul de Boureulle* et Claude Lallemand*, sa candidature écartée par le Comité républicain de la rue des Clercs, à Metz, sans doute parce qu’on le jugeait « trop avancé ». Plus tard, il figura parmi les officiers punis pour leur affiliation au Club démocratique qui, le 25 juin 1848, avait déclaré qu’il voulait « défendre la République démocratique et sociale » (voir Kohlen*).

Au scrutin du 17 septembre 1848, ouvert pour le remplacement de Dornès, Niqueux fut candidat, mais n’obtint que peu de voix. Un tract daté du 14 septembre le présentait aux « ouvriers républicains » comme un « enfant du peuple [qui] en connaît les misères et les besoins ». Il rappelait qu’il avait été lui-même ouvrier et ajoutait : « Assez longtemps nous avons été exploités par les députés du cens ; aujourd’hui, si nous ne cherchons pas à secouer [...] le joug que fait peser sur nous l’influence de la bourgeoisie, le vote universel ne sera qu’un vain mot. Cherchons donc nous-mêmes les hommes qui nous conviennent et donnons-leur nos suffrages. » Il s’engageait à ne pas repousser « les réformes sociales que le prolétariat réclame à grands cris ». Niqueux fut battu, l’élu étant Louis-Napoléon Bonaparte.

"J’avais cru le peuple démocrate ; je me trompais ; voilà tout. N’en parlons plus", aurait-il dit au Général Du Barail.

En 1952, il poursuivit sa carrière dans l’armée en Algérie et devint Lieutenant-colonel. À Tiaret, il se maria avec une fille de seize ans qui vécut jusqu’à 87 ans et lui voua une indéfectible admiration.

Revenu en France en 1861, il mourut en 1864, alors qu’il allait être nommé général.

Son fils prénommé également Gérard, devint capitaine au long cours et disparut en mer à vingt-huit ans. Sa fille, Louis, épousa un négociant en soierie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35545, notice NIQUEUX Gérard, Pierre par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 5 juillet 2014.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

OEUVRE :Gérard-Pierre Niqueux qui à côté de ses tracts républicains a laissé
un manuscrit, disponible à la BN, ne concernant pas le mouvement social mais la construction des batteries...
Niqueux (sans prénom)
2e lettre à M. le Baron Doguereau, président du comité d’artillerie (sur la construction des batteries).
Strasbourg, 1844, 36 p.
BN Vp 1861

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, série T, Le Courrier de la Moselle, 23 et 24 mars 1848, 6 juillet 1848. — Arch. Mun. Metz, 1 K 108. — H. Contamine, Metz et la Moselle de 1814 à 1870, t. I., pp. 415 et sq. — Rémi, Fidri, La vie politique en Moselle sous la Seconde République. Étude sociologique et prosopographique, Master 2, université de Lorraine. — Renseignements fournis par Cécile Niqueux-Cadère.

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