TISSERAND Louis, Alfred, dit Bataille

Élevé « aux Orphelins », il en fut retiré par Grelet, président de la Société de Patronage, dont il devint membre ensuite lui-même. Condamné à quatre ans de correction pour vagabondage, en octobre 1843, cet ouvrier serrurier en voitures appartenait, en 1848, aux Ateliers nationaux, faute de travail. Il s’embrigada pour la Sologne, mais « de tous côtés j’entendais dire qu’on voulait nous y envoyer et nous y laisser mourir de faim ». Aussi, le 22 juin, il fut de ceux qui, place Saint-Sulpice, apprirent de Pujol*, leur délégué auprès du ministre des Travaux publics, que celui-ci, Marie, menaçait de les disperser et les traitait d’esclaves. Trompé déjà une fois — on l’avait envoyé en Afrique en lui promettant de l’ouvrage qu’il n’avait pas trouvé — il se décida à prendre les armes comme les autres, participa, le 23 au matin, à la manifestation qui de la place du Panthéon se porta vers la Bastille : on prêta serment au pied de la Colonne, on monta le faubourg Saint-Antoine, on redescendit par le faubourg du Temple et on gagna la porte Saint-Martin. À la vue de la garde nationale qui arrivait au pas, on cria : « Aux barricades ! » Lui-même y travailla rue Mazagran, boulevard Saint-Denis et boulevard Saint-Martin. Il s’arma dans le faubourg Saint-Denis, puis il fut pris.
Gracié en décembre 1849, il revint de transportation pour entrer au service d’un fabricant d’accordéons, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.
En décembre 1851, il parcourut les boulevards avec un groupe qui poussait des « cris séditieux » et fut arrêté à la Bastille. Transporté (« Algérie moins »), il bénéficia d’une commutation de cette peine en surveillance policière. Voir Pujol*.