TURCK Léopold

Né à Nancy (Meurthe) le 11 novembre 1793, mort à Gray (Haute-Saône) le 4 juin 1887. Médecin démocrate-socialiste. Il vint de bonne heure s’établir à Plombières où il fut successivement officier de santé, puis docteur en médecine et médecin des eaux.

Affilié aux Carbonari sous la Restauration, il appartint également à la Maçonnerie où, localement, il joua un rôle important : initié le 16 octobre 1826, il était, en 1829, associé libre de la « Parfaite Union » d’Épinal et en 1831 de la loge Saint-Jean de Jérusalem de Nancy. Il fréquenta les loges jusqu’à sa mort.
Ami de Mathieu d’Épinal*, il participa à son activité, mais fut moins axé sur le communisme babouviste que son ami. Un des fondateurs du journal républicain La Sentinelle des Vosges, à propos de laquelle, il écrivait, le 2 avril 1832, au sous-préfet de Remiremont, en le qualifiant de T... C... F..., pour affirmer qu’ancien carbonaro sous surveillance de la police, il n’avait rien abdiqué de ses sentiments, mais ajoutait : « Quoique désintéressé dans La Sentinelle, j’ai assez d’influence sur ses rédacteurs pour obtenir d’eux qu’en continuant leur opposition à un système des plus déplorables, ils renoncent envers l’administration locale à l’opposition violente à laquelle elle les avait réduits. »
Il s’était associé au curé de l’endroit pour fonder un hôpital qu’on appelait par humour l’hôpital Saint-Louis, parce que les deux associés n’avaient au départ que cinq louis à leur disposition. Cela n’empêchait pas Turck d’être passablement anticlérical.
En 1832, il publia l’Almanach du peuple, que La Sentinelle présenta dans son numéro du 29 septembre 1832 comme l’œuvre d’un « homme tout dévoué aux intérêts du peuple, consacrant ses veilles à l’instruction des masses, et s’occupant annuellement des besoins moraux et matériels de ses semblables. » Turck fut nommé commissaire de la République dès le 28 février 1848. Il conserva ces fonctions jusqu’à l’arrivée de Ballon et de Quillot, et se démit le 21 mars. Le mois suivant, il fut élu représentant du peuple, septième sur onze, par 53.203 voix. En décembre 1851, le sous-préfet de Remiremont le signalait comme meneur du parti démagogique. Sa notice individuelle, en 1855, mérite d’être reproduite dans ses passages essentiels :
« Fortune à peu près nulle, gagne comme médecin de 7 à 8.000 f. par an. Veuf avec deux filles, récemment remarié avec une femme qui lui apporta quelque fortune. Ne manque ni d’instruction, ni d’esprit. Intelligence vive, impressionnable, facile, quelquefois remarquable. Jugement faux.
« Jouit d’une certaine popularité dans les classes pauvres. Ses relations sont étendues dans le canton de Plombières et en dehors par suite des soins qu’il est appelé à donner comme médecin à un grand nombre de malades étrangers. Il visite gratuitement les malades indigents et se montre extrêmement bienfaisant envers eux. À conservé encore quelque influence dans le pays, bien que cette influence ait sensiblement diminué. [...]
« Opinions républicaines très avancées et tournant au socialisme. S’est montré néanmoins modéré à la tête de l’administration du département et souvent plein de convenances et de procédés.
« À refusé le serment à la présidence décennale et à l’Empereur.
« [...] Sentiments politiques réels : républicain-socialiste.
« M. le Docteur Turck est un de ces hommes à imagination, à la bonne foi desquels on peut croire, au moins sous certaines réserves. Il est de ceux auxquels l’expérience et les leçons du passé sont inutiles. C’est un mélange de naïveté et d’orgueil, de théories absurdes et de pratiques bienfaisantes. Il est difficile de dire si sa libéralité est la conséquence absolue d’une âme exaltée et charitable, et jusqu’à quel point les bienfaits qu’il répand ne sont pas, quelquefois du moins, un moyen plus qu’un but. »
Le Docteur Turck fut conseiller général du canton de Plombières de 1864 à 1870. Son gendre, le docteur Liétard, lui succéda. Voir Gerbaut*, Lagaude J.-Cl.*, Mathieu d’Épinal*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article38456, notice TURCK Léopold, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : Arch. Dép. Vosges, 8 bis M 3.

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