MACLEAN John

Né le 14 août 1879 à Pollockshaws, près de Glasgow ; mort le 30 novembre 1923 à Pollockshaws ; socialiste révolutionnaire.

John Maclean était le sixième et avant-dernier enfant d’une famille pauvre. Ses parents avaient été l’un et l’autre victimes dans leur jeune âge des évictions paysannes des Highlands et l’injustice de ces expulsions, en dépit de l’austère calvinisme dans lequel John fut élevé, a largement contribué à son extrémisme politique. Son père, qui exerçait le métier de potier, meurt quand l’enfant a huit ans. La situation de la famille, qui avait toujours été précaire, devient alors désespérée, et c’est la mère, une femme d’une grande énergie, qui doit faire vivre les siens en tenant une petite boutique. Elle encourage John à poursuivre ses études, si bien qu’à l’âge de dix-sept ans celui-ci est élève-maître et au bout de deux ans, il entre dans une École normale. Il en sort en 1900 et pendant six ans il prépare à mi-temps une licence de lettres — prouesse remarquable, même compte tenu du caractère relativement démocratique des universités écossaises (par la suite ses amis politiques ne manqueront pas de tirer argument du diplôme de leur leader).

Vers 1900 Maclean adopte des idées de gauche — il avait été fortement marqué par Merrie England de Blatchford* — et il évolue rapidement vers un socialisme marxiste. En 1903 il adhère à la Fédération social-démocratique (Social Democratic Federation, SDF) qui, pourtant, se trouve en perte de vitesse en Ecosse. Il se lance dans l’action, effectue de nombreuses tournées de propagande et organise des cours du soir d’économie marxiste. Malgré les critiques d’Hyndman*, le chef de la SDF, Maclean se maintient à la Fédération et collabore régulièrement au journal Justice. A la veille de la guerre, il s’est acquis une solide réputation de militant dans toute la région industrielle de la Clyde. Dès le début des hostilités, il adopte une attitude de pacifisme révolutionnaire et prend la tête de l’aile gauche du mouvement socialiste écossais qui se sépare d’Hyndman, rallié à la guerre, et de son groupe du British Socialist Party (en 1911, la SDF était devenue la BSP). Avec les sécessionnistes du BSP, il publie le journal Vanguard (L’avant-garde) dont il est rédacteur en chef et où il expose les thèses marxistes du défaitisme révolutionnaire. Vanguard est interdit en janvier 1916 ; un mois plus tard, Maclean est arrêté, ainsi que d’autres dirigeants ouvriers hostiles à la guerre, notamment James Maxton*, Arthur MacManus*, William Gallacher* et Emanuel Shinwell*. Maclean passe en jugement en avril, il est condamné à trois ans de prison pour incitation à la désobéissance et à la sédition. Cependant les autorités le font libérer en juin 1917, en espérant par là calmer l’agitation ouvrière. Maclean n’en reprend pas moins son activité de propagande, qu’il exerce principalement dans des cours du soir. La révolution russe, quand elle éclate, suscite son enthousiasme et Litvinov, l’ambassadeur des bolcheviks en Grande-Bretagne, le nomme consul soviétique à Glasgow en janvier 1918. Mais en avril, il est à nouveau incarcéré sous l’inculpation de menées séditieuses. En dépit de ses éloquentes interventions lors de son procès, il est condamné à cinq ans de réclusion. A nouveau relâché avant la fin de sa peine, Maclean sort de prison en décembre 1918, à la suite d’une puissante campagne en sa faveur. Il se présente aussitôt aux élections législatives comme candidat du quartier prolétarien de Gorbals à Glasgow et recueille environ 7 000 suffrages ; cependant c’est le candidat ouvrier soutenu par la coalition gouvernementale, George Barnes*, qui est élu avec un nombre double de voix.

La mauvaise santé de Maclean ne l’empêche pas de se lancer à nouveau dans l’action et en particulier de participer à la campagne contre l’intervention en Russie (Hands off Russia). Mais Maclean se sépare du petit noyau de socialistes pro-bolcheviks qui fondent le parti communiste (Communist Party of Great Britain) car il n’admet pas que les socialistes écossais reçoivent leurs directives de Moscou ; sur ce point il s’oppose durement à Gallacher dont l’influence prédomine au sein du jeune CPGB.

Maclean poursuit son propre rêve de révolution socialiste ; il lutte d’abord pour les chômeurs dont le nombre va croissant après l’éphémère boom de 1920. En mars 1921, il est encore incarcéré et doit purger une peine de trois mois de prison à la suite d’un discours jugé séditieux. Quelques mois après sa sortie de prison, il est encore arrêté pour avoir conseillé aux sans-travail de prendre les denrées alimentaires qu’ils ne peuvent pas payer plutôt que de mourir de faim. Il est alors condamné à douze mois d’emprisonnement. Maclean quitte la prison en octobre 1922 pour la cinquième et dernière fois et malgré des difficultés d’ordre personnel et politique, il s’efforce de relancer le mouvement socialiste écossais. Dans cette perspective, il fonde le Parti républicain écossais, organise des meetings en plein air, met sur pied des cours de marxisme. Loin de tenir compte de la dégradation de sa santé, Maclean envisage de se présenter aux élections en décembre 1923, à nouveau comme candidat de Gorbals, mais il est terrassé par une pneumonie et meurt à l’âge de quarante-quatre ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75704, notice MACLEAN John, version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 5 janvier 2010.

ŒUVRE : Articles de journaux ; brochures, parmi lesquelles Co-operation and the Rise in Prices (coopération et montée des prix), Glasgow, 1911. — The War after the War (Une guerre après l’autre), Glasgow, 1918. — Condemned from the Dock (Verdict du tribunal), Glasgow, 1918. — The Corning War with America (Vers la guerre avec l’Amérique), Glasgow, 1919. — In the Rapids of Révolution : essays, articles and letters : 1902-1923 (Le flot des révolutions), N. Milton ed., Londres, 1978.

BIBLIOGRAPHIE : W. Gallacher, Revolt on the Clyde, Londres, 1936. — W. Kendall, The Revolutionary Movement in Britain, 1900-1921, Londres, 1969. — H. McShane, Remembering John Maclean, Glasgow, 1972. — J. Hinton, The First Shop Stewards’ Movement, Londres, 1973. — N. Milton, John Maclean, Londres, 1973. — J. Broom, John Maclean, Loanhead, 1973. — H. McShane et J. Smith, Harry McShane : no mean fighter, Londres, 1978. — J.D. Young, The Rousing of the Scottish Working Class, Londres, 1979.

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