DARGUESSE Henri, Florentin

Né dans une famille de mineurs du Douaisis ayant sept enfants, Henri Darguesse connut une enfance difficile marquée par les privations. À l’âge de douze ans, titulaire du Certificat d’études primaires, il débuta dans une scierie à Raimbeaucourt (Nord), puis travailla pendant quelques mois dans une usine d’émaillage à Râches (Nord) avant d’être embauché à treize ans et demi aux mines, à l’Escarpelle, puis à la Cie. d’Aniche (Nord) comme ouvrier du jour. Réformé en 1914, il fut prisonnier civil pendant plusieurs mois au cours de l’occupation allemande. Militant syndicaliste actif lors des grèves de mai 1920, Henri Darguesse adhéra au Parti communiste et à la CGTU lors des scissions de 1921-1922. Congédié en 1923 pour son action lors des grèves contre l’occupation de la Ruhr, il fut réintégré au bout de quelques semaines grâce à son élection au poste de délégué mineur de son puits de travail à Frais-Marais (Nord). Mais, à nouveau licencié, il ne parvint pas à se faire réembaucher dans le Valenciennois et il dut quitter la région. Il était membre du comité exécutif de la Région communiste du Nord depuis le 5 octobre 1924. Après avoir suivi les cours de l’école léniniste de Bobigny fin 1924 (novembre 1924-janvier 1925), il fut envoyé le 13 mai 1925 par le Bureau d’organisation dans la Région communiste d’Auvergne. Le rapport qu’il transmit souligne le mauvais contact avec la direction régionale : « Moi, simple manuel qui sortait d’un milieu où l’on mâche le français avec le patois, j’ai vu immédiatement que je n’étais pas le camarade qu’il leur fallait et ils me l’ont bien fait sentir en ne me rendant aucun compte et en évitant toute collaboration » (I.M.Th.). La Région refusa entre autre de lui payer ses frais de déplacement. Ces difficultés s’ajoutant à des problèmes familiaux l’amenèrent à retourner dans le Nord où il succéda à Jean Weber* au poste de secrétaire du rayon communiste de Maubeuge (Nord) au cours de l’année 1925. Il quitta cette fonction dès novembre 1925 pour prendre pendant quelques mois la direction du rayon de Valenciennes, puis s’établit dans la région de Douai où il entra au comité du rayon — voir Cogez Joseph*. Organisateur de la campagne contre la guerre du Maroc dans le bassin minier, Darguesse fut inculpé pour propagande antimilitariste en 1926 mais il fut relaxé par le tribunal correctionnel d’Arras. Nommé peu après secrétaire régional du syndicat CGTU des Mineurs, il accéda au secrétariat de la Fédération unitaire du sous-sol à l’issue du congrès de Lens d’octobre 1929, en compagnie de Thiébaut* et de Quinet* ; il fut à ce poste l’un des organisateurs des grèves de 1930 et de 1931 et tint une chronique régulière dans l’hebdomadaire communiste Le Cri du Peuple. Le siège fédéral étant alors à Paris, il résida à Domart puis à Saint-Brice-en-Forêt jusqu’en janvier 1931, date à laquelle la direction fédérale fut transférée à Lens (Pas-de-Calais). Pendant son séjour dans la région parisienne, Darguesse avait fait partie du secrétariat de la section française du Secours rouge international. Dès son installation à Lens, il entra avec Thiébaut et Guisgand à la direction de l’Union locale unitaire et il accéda au comité de la Fédération communiste du Pas-de-Calais dont il fut l’un des délégués au congrès national du PC de 1932. Il reprit également les fonctions de secrétaire régional des Mineurs CGTU du Nord et du Pas-de-Calais, et ce jusqu’à la réunification syndicale de 1935 à l’issue de laquelle il entra au bureau du syndicat CGT unifié des mineurs du Pas-de-Calais dominé par les ex-confédérés très nettement majoritaires ; il perdit toute fonction au Bureau national.

Candidat malheureux au conseil général pour le canton de Lens-Est en 1931 et 1934, Henri Darguesse échoua de fort peu aux élections législatives de mai 1932, le candidat socialiste le devançant de cent voix seulement au 2e tour dans la 2e circonscription de Béthune. Tête de liste aux municipales de 1935 à Lens, il fut à nouveau battu, la liste socialiste conduite par A. Maës ayant enlevé tous les sièges. H. Darguesse rompit avec le PC dès 1938 et vote l’exclusion des communistes du syndicat des mineurs.