LAFEUILLE Marguerite

Par Michel Launay

Née en 1888, morte en 1969 ; dirigeante de la Fédération française des unions de syndicats professionnels féminins ; dirigeante de la CFTC.

Employée dès l’âge de quinze ans au Comptoir d’escompte, Marguerite Lafeuille vint au syndicalisme dès 1906 ; elle plongea dans l’action revendicative lors des grandes grèves de la Banque en 1919. Membre du Syndicat des employés du commerce et de l’industrie (SECI), elle s’inscrivit au syndicat de la rue de Sèze : la Fédération française des unions de syndicats professionnels féminins en 1921, et gravit rapidement les échelons jusqu’à en devenir secrétaire générale. De nature discrète, dépourvue de don oratoire, Marguerite Lafeuille possédait en revanche un véritable sens de l’organisation.

Constamment en relation avec les dirigeantes de l’autre organisation féminine de la rue de l’Abbaye : l’Union centrale des syndicats professionnels féminins (secrétaire générale, Melle Graff), et avec les responsables nationaux de la CFTC, Gaston Tessier et Jules Zirnheld, elle travailla au développement du syndicalisme chrétien en milieu féminin. Elle fut secrétaire adjointe de la Fédération française des syndicats d’employés catholiques, mais aussi membre du Conseil national de la CFTC dès le IIIe congrès tenu en 1922. Régulièrement déléguée aux congrès nationaux de la centrale chrétienne, et reconduite membre du Bureau confédéral, elle fut choisie comme vice-présidente par ce même bureau lors de sa séance du 17 juin 1924. Elle présenta de nombreux rapports sur des sujets divers : « l’organisation méthodique de la propagande » (1922), sur la formation (1924 et 1925).

C’est en 1931 qu’elle devint secrétaire générale de la Fédération française des Unions de syndicats professionnels féminins et lors du congrès de cette organisation, elle présenta le rapport moral. L’année suivante, ce fut le rapport sur « le travail féminin et la crise économique » qu’elle rédigea et lu au congrès. Lors de la fusion des deux organisations féminines chrétiennes, en 1937, qui donna naissance à l’Union centrale des syndicats féminins, elle se tint en retrait et s’effaça devant des personnalités venues de l’UCSP. Cependant, elle joua un rôle important au sein de l’Institut confédéral de formation où elle collabora avec Jean Pérès et Paul Vignaux.

Marguerite Lafeuille fut également une des dirigeantes de l’Union des syndicats féminins de la région parisienne de janvier 1922 au 31 décembre 1944. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle opta pour une tendance syndicale et politique opposée à celle de Gaston Tessier et de la plupart des militants chrétiens. À la Libération, elle dut abandonner toute responsabilité ; la commission de reconstitution des organisations syndicales prononça son exclusion à vie de toute organisation, le 18 octobre 1944, en tant que « propagandiste de la Charte du travail ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article115197, notice LAFEUILLE Marguerite par Michel Launay, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par Michel Launay

SOURCES : La circulaire confédérale. — Syndicalisme Chrétien. — Michel Launay, La CFTC, origines et développement (1919-1940), 1 986. — Max Turmann, Le Syndicalisme chrétien en France, Valois, 1927. — Compte rendu des travaux de la commission nationale de reconstitution..., 1946.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable