LESAGE Pierre, Yves

Par Jean-Pierre Besse

Né le 31 août 1917 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), mort le 1er mai 2003 à Draguignan (Var) ; mouleur-fondeur ; secrétaire régional des Jeunesses communistes ; résistant ; militant communiste des Hautes-Pyrénées et du Var.

En 1944.

Fils de Louis, Henri Lesage, cheminot, militant syndical et conseiller prud’homme, Pierre Lesage entra en 1930 comme apprenti mouleur-fondeur chez un artisan de Tarbes et obtint le diplôme de « meilleur ouvrier de France ». Il adhéra aux Jeunesses communistes la même année et, influencé par son compatriote Jacques Duclos*, il rejoignit le Parti communiste en 1933 et devint rapidement secrétaire régional des JC associé au bureau régional du PC.

Il représenta la Jeunesse communiste dans le comité départemental de lutte contre le fascisme et prit une part active au mouvement de grève de juin 1936. Ses qualités d’orateur étaient souvent utilisées par Georges Lassalle*, secrétaire régional. Au 9e congrès national des JC tenu à Paris les 12 et 13 juillet 1937, on chargea, avec Auguste Delaune* de la FSGT, du rapport sur les loisirs et les activités sportives et culturelles. Raymond Guyot* l’associa à la délégation des JC au congrès national du PCF à Arles en décembre 1937.

Pierre Lesage fut particulièrement actif dans la mobilisation pour l’Espagne républicaine. Il organisa des collectes et des convois de ravitaillement.

Le service militaire interrompit son militantisme en 1938. Il fut mobilisé au 17e Train à Toulouse puis au 2e Hussard de Tarbes. Fin août 1939 il partit pour le front du Nord et de Lorraine avec le 71e GRDI issu du 2e Hussards. Il écrit dans ses souvenirs : "Mais nous prêchions dans le désert. La signature, le 23 août, du pacte de non-agression germano-soviétique avait jeté le trouble dans les esprits. D’autant que la propagande anticommuniste et antisoviétique redoublait de violence". Il vécut l’offensive allemande du 10 mai 1940 et participa aux combats de la Meuse. Fait prisonnier le 17 juin et interné au camp de Longvic, près de Dijon, d’où il s’évada fin août à la veille du transfert en Allemagne.

Démobilisé à Tarbes début septembre 1940, Pierre Lesage entra en contact avec Pierre Lassalle, responsable du PC clandestin qui le chargea de reconstituer les Jeunesses communistes. Menacé d’arrestation, il fut envoyé à Toulouse en février 1941 pour occuper la fonction de commissaire aux effectifs. En novembre 1941, une vague d’arrestations provoqua son départ pour Arudy (Basses-Pyrénées) où il travailla comme mouleur à la Fonderie Messier qui fabriquait des trains d’atterrissage pour les avions allemands. Une convocation à la gendarmerie lui fit craindre que les actes de sabotages qu’il pratiquait avec ses compagnons d’atelier soient découverts. Il se rendit à Tarbes et fut embauché comme mouleur-fondeur aux usines Hispano-Suiza, à la fabrication de culasses et carters de moteurs d’avions pour l’Allemagne. En contact avec les organisations clandestines de l’usine, il organisa le sabotage de la production tout en assurant la distribution de tracts et de journaux clandestins. Un document autobiographique évoque, sans précision de mois, « en 1942 (pour ce qui est de la fonderie), une grève contre la relève qui paralysa toute l’usine ». Lesage participa à la formation, à Tarbes, en octobre 1942, du premier groupe de ville des FTPF qui se chargea des inscriptions sur la voie publique et de la récupération de matériel divers, d’explosifs et de cartes d’alimentation.

En août 1943, un transport d’armes ayant été intercepté par la police, il rejoignit le maquis de Nay (Basses-Pyrénées) et participa à l’attaque de la gendarmerie locale. Il s’enfuit en passant par Bagnères-de-Bigorre pour se faire soigner et rejoignit le maquis d’Esparros (Hautes-Pyrénées). Deux semaines plus tard la direction des FTP l’envoya à Lyon et l’affecta à l’équipe spéciale centrale de l’état-major interrégional de la zone sud. Cette équipe était chargée des missions difficiles et de la liquidation des traîtres. Après l’arrestation de la plupart des membres de l’état-major par Klaus Barbie et la Gestapo, Pierre Lesage, dit Jean, fut chargé d’organiser les rescapés de la rafle et de la mettre à l’abri dans un maquis de la vallée de l’Azergue. Le 12 juillet 1944, une mission à Lyon s’acheva par son arrestation par la Gestapo et son emprisonnement au quartier général de la Milice où œuvrait Paul Touvier. Pendant trente-six jours il endura les pires souffrances morales et physiques. Le 17 août, il profita de la panique provoquée par le débarquement allié en Provence pour s’évader.

Transféré à Saint-Étienne, il fut incorporé à la 301e compagnie FTPF et fit partie du premier détachement qui entra à Lyon à l’aube du 3 septembre. Son unité partit pour le front des Alpes et forma le 2e Bataillon du 99e RIA. Lesage était sous-lieutenant.

Le Parti communiste lui demanda de se faire démobiliser et de rejoindre Tarbes où il devint président départemental de l’UJRF et le secrétaire fédéral du PCF à l’éducation et au travail de masse. Sa santé, affaiblie par les souffrances et les privations, ne lui permit pas de poursuivre son activité militante.

Lesage partit pour Marseille puis Lyon où il exerça diverses activités professionnelles, notamment démarcheur pour une société de capitalisation puis pompiste aux Établissements Desmarais à Collonge-au-Mont-d’Or où il assura le secrétariat du syndicat CGT. En 1960, il fut embauché aux chantiers navals Deschamps à Saint-Raphaël (Var) et devint délégué du personnel. Secrétaire de la section communiste de Saint-Raphaël-Fréjus-Le Muy, il se présenta à plusieurs élections municipales (tête de liste à Saint-Raphaël), cantonales et législatives (suppléant). « Les aléas du militantisme syndical et politique l’obligent, une fois encore, à opter pour un changement » écrit-il dans un document autobiographique, ajoutant plus loin qu’il était « membre du PCF, depuis 1933, pratiquement sans interruption, sauf pendant de brèves périodes, dues à des difficultés d’approche et de contact, avec les organisations locales. ». En 1969, il partit avec sa femme et ses cinq enfants à Kourou (Guyanne) où il travailla à la base spatiale. En 1972, il devint chef d’entretien dans une chaîne hôtelière en Guadeloupe. Six ans plus tard, il fut embauché comme directeur technique aux Établissements Thermaux de Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) puis en démissionna en 1978 et prit sa retraite.

Retiré à Mauvezin (Hautes-Pyrénées), militant de la cellule communiste locale, il s’installa finalement à Trans-en-Provence (Var) et fut vice-président du secteur de Draguignan de l’ANACR et membre de l’Amicale des vétérans du PCF. La Fédération du Rhône de l’ANACR le cita comme témoin à charge lors du procès de Klaus Barbie, à Lyon, en 1987 et le procureur général en fit un témoin de l’accusation au procès de Paul Touvier, à Versailles, en 1994.

Son épouse, née Charlotte Avezac, était membre du PCF depuis 1944.

Le hasard voulut qu’il meure un jour de lutte, le 1er mai 2003.

Il repose au caveau familial de son épouse Charlotte née Avezac à Galan (Hautes Pyrénées), décédée le 1er août 2021 à Draguignan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118172, notice LESAGE Pierre, Yves par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 août 2021.

Par Jean-Pierre Besse

En 1944.
En 2001.

ŒUVRE : Pierre Lesage est l’auteur de deux manuscrits inédits sur les procès de Barbie et de Touvier. Après sa mort fut publié De la drôle de guerre à la guerre drôle, Editions du Losange, Nice , 2013,, un morceau d’une autobiographie inédite.

SOURCES : Notes autobiographiques de Pierre Lesage communiquées par sa fille, Hélène Blanc. — Attestation de résistance signée par Auguste Lassus, pour le liquidateur du Front national, 17 juin 1956. — Attestation de résistance signée par Boris Guimpel, pour le liquidateur du Front national, 9 juillet 1958. — Notes d’Hélène Blanc, sa fille, août 2021.

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