MÉLIA Jean

Par René Gallissot

Né en 1871 à Alger, mort en 195 ? ; publiciste en Algérie, journaliste, chef de cabinet du gouverneur général de l’Algérie, directeur au Haut -Commissariat de France en Syrie. -

Publiciste en Algérie, Jean Mélia semble avoir appartenu au Parti républicain socialiste. Il fut l’animateur à Alger de la « Ligue française en faveur des indigènes musulmans » qui poursuivait l’action du député modéré Albin Rozet, champion avant 1914, de « la défense des indigènes ». C’est d’Albin Rozet que se réclamait explicitement Jean Mélia dans son plaidoyer le plus connu en faveur des réformes qu’est son petit livre : Le triste sort des indigènes musulmans d’Algérie (Paris, Mercure de France, 1935).

Né à Alger dans une famille originaire d’Alaïor, petit village de l’île de Minorque (Baléares) où son père avait créé la manufacture de tabac Mélia, ayant bénéficié de la naturalisation française des immigrants de la deuxième génération (loi de 1889), Jean Mélia se réclamait à la fois de l’Algérie coloniale et de la France colonisatrice. En Algérie s’opérait « la fusion des races ». Cette « assimilation » ou « francisation », en particulier par l’école, étendue progressivement aux musulmans, devait assurer au sein de la patrie française, l’autonomie de la patrie algérienne, constituée par tous ceux qui étaient nés en Algérie, colons comme colonisés. On reconnaît là les thèses que défendait également le « socialisme colonial » des Européens d’Afrique du Nord.

Jean Mélia fit carrière dans les institutions coloniales françaises (Gouvernement général de l’Algérie, Haut-commissariat de France en Syrie) et fut chargé de diverses missions, à Beyrouth, Jérusalem, Alger. Il ne cessa de soutenir des projets de réformes pour élargir « les droits des Indigènes » ; ainsi en 1926, il préconisa deux collèges électoraux en Algérie : le collège musulman aurait cinq députés (trois Arabes, deux Kabyles). S’il soutint l’action de Maurice Viollette, gouverneur général de l’Algérie en 1925-1927, il se prononça cependant contre la politique de Front populaire qui voulait ouvrir quelque peu le droit électoral aux Algériens musulmans en un collège unique (projet Blum-Viollette de 1936-1937). Il présenta encore ses propositions de réforme en 1945 au général de Gaulle et redit sa position assimilationniste par « le mélange des races » deux ans seulement avant le déclenchement de la guerre algérienne de libération, en un dernier livre : Dans la patrie française, la patrie algérienne (Alger, La Maison des Livres, 1952).

Polygraphe, Jean Mélia écrivit sur Stendhal, l’abbé de Choisy, Mustapha Kémal, etc..., sur Alger et les villes d’Algérie, sur Venise, etc..., ainsi que L’Épopée intellectuelle de l’Algérie. Histoire de l’Université d’Alger (Alger, Maison des Livres, Alger, 1950).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121518, notice MÉLIA Jean par René Gallissot, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 mars 2020.

Par René Gallissot

OEUVRE : Jean Mélia, L’Algérie et la guerre (1914-1918), In-16, V-287 p., Paris : Plon-Nourrit et Cie , 1918. — Les Bombardements de Bône et de Philippeville (4 août 1914). L’Odyssée du "Goeben" et du "Breslau". Le premier coup de canon allemand fut tiré par le "Breslau" sur Bône. Le premier coup de canon français fut tiré par Philippeville sur le "Goeben". Les premières victimes françaises de la guerre 1914-1918 furent des Algériens, In-16, 195 p., Nancy-Paris-Strasbourg : Berger-Levrault , 1927. — Le Centenaire de la conquête de l’Algérie et les réformes indigènes, In-16, 64 p., Paris : Impr. graphique, 9, rue Saint-Gilles ; Ligue française en faveur des indigènes musulmans d’Algérie, siège social, 15, rue Mesnil , 1929. (15 mars.)

SOURCES : Autobiographie de Jean Mélia : notes complémentaires personnelles au général de Gaulle (1945), BDIC, Q 555. — Ch.-R. Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine, t. 2 : 1871-1954, Paris, PUF, 1979. — Centre des Archives nationales Outre Mer (Aix-en-Provence).

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