MOTHES Léon, Marius

Par François Roux

Né le 7 février 1903 à Agen (Lot-et-Garonne), mort le 28 juin 1979 à Avignon (Vaucluse) ; militant syndicaliste et communiste des PTT.

Fils d’un camionneur, Léon Mothes, après deux années d’École pratique de commerce, entra en 1918 aux PTT d’Agen comme télégraphiste. Syndiqué, trois ans plus tard, à l’organisation des Jeunes PTT, il fut nommé à Paris où il appartint d’abord au syndicat autonome de catégorie (1925-1927) puis, à partir de 1928, à la Fédération postale CGTU. En 1930-1931, il était à Grenoble puis fut nommé à Avignon (Vaucluse). Il avait adhéré au Parti communiste en 1930 parrainé par son ami Gourdeaux, du Comité central. Il devint membre du bureau régional en 1936. Membre du bureau de l’Union locale CGTU, il organisa, en septembre 1934, l’un des premiers syndicats uniques des PTT, dont il devint secrétaire fédéral pour le Vaucluse. Délégué au congrès CGTU, en 1935, délégué du Vaucluse au congrès de réunification de Toulouse en mars 1936, il fit partie désormais du bureau de l’Union départementale réunifiée, nommé secrétaire adjoint en 1937 et 1938, puis secrétaire général, élu le 4 juin 1939 en présence de Benoît Frachon. Mobilisé, il ne put présider les derniers mois d’existence de l’UD.

Ne négligeant pas l’action politique (il fut candidat au conseil d’arrondissement d’Avignon-nord en octobre 1937 et participa au mouvement Amsterdam-Pleyel), il s’employa surtout sur le front syndical, soit dans les activités d’organisation et de propagande, soit dans la lutte ouvrière.

Membre de la commission départementale de conciliation constituée le 10 juillet 1936, souvent délégué de l’Union départementale auprès des Unions locales, il n’hésitait pas à prendre longuement la parole : le 21 mars 1937, lors du meeting de protestation contre les incidents de Clichy, organisé par l’UD à Avignon, il stigmatisa les lenteurs de réalisation du programme de Front populaire, souhaita l’épuration de l’armée, de la magistrature, de la police, critiqua les socialistes et les radicaux qui s’étaient abstenus de participer à la réunion ; le 12 avril, il était délégué au Comité national confédéral.

Le 1er septembre 1938, en riposte au discours de Daladier, il déclara que le syndicat des PTT était prêt à la grève générale. Il signa certaines conventions collectives comme à la SIPRA, en novembre 1936 ; on le vit aussi à la Société alimentaire de Provence où le 30 novembre 1936 il vint, avec Déjon, pour inciter les ouvriers à cesser le travail et dut sortir de l’usine sur l’injonction de la police. Il fut un des organisateurs de la grève générale du 30 novembre 1938, ce qui lui valut un mois de suspension, deuxième sanction de sa carrière (il avait déjà reçu un avertissement comminatoire en 1929). Il agissait aussi auprès des syndicats de fonctionnaires, présidant par exemple la réunion de la Bourse du Travail du 3 octobre 1937, faisant un vigoureux plaidoyer en faveur d’un Cartel des services publics, au congrès de l’Union départementale du 19 décembre 1937, présidé par Jouhaux. En 1939, avec la fin du Front populaire, les réunions syndicales devinrent souvent houleuses : au meeting de l’Union locale d’Avignon, à l’occasion de la journée commémorative de la grève de 1934, il parla le 12 février 1939 reprochant au gouvernement Daladier sa politique de régression sociale, aux députés le rejet du projet d’amnistie pour les grévistes du 30 novembre, critiquant la SFIO, déclarant que le capitalisme se servait du fascisme pour arriver à ses fins... À l’assemblée générale de l’Union locale, le 18 juin, il s’opposa à Fossat, des communaux, et à Escoffier, qui avaient soutenu que le syndicalisme devait se borner à la défense professionnelle et rester indépendant de la politique et du Parti communiste et il leur répondit que la lutte ouvrière se situait sur tous les terrains.

Mobilisé en septembre 1939 au CMA 55, il était qualifié "d’agitateur dangereux" par le rapport de police de février 1940 sur les fonctionnaires communistes. Fait prisonnier le 18 mai 1940, il resta près de cinq ans en Poméranie jusqu’au 1er mars 1945, date de sa libération par les troupes soviétiques. Revenu à Avignon, réintégré dans les PTT, il reprit son action syndicale et politique. Il fut le quatrième candidat de la liste communiste aux élections à la Constituante du 21 octobre 1945 et devait être élu conseiller municipal d’Avignon en 1959. Il continua à publier des articles dans la presse communiste régionale et fut nommé président d’honneur, en 1963, du syndicat PTT du Vaucluse. Il fut président de l’ARAC jusqu’en 1976.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123288, notice MOTHES Léon, Marius par François Roux, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par François Roux

SOURCES : Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 825, 826, 842 ; 3 M 285, 311 ; 10 M 32, 33, 35. — Autrand, Le département du Vaucluse de la défaite à la Libération, op. cit. — Témoignage du militant.

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