MUSSIGMANN Fernand

Par Francis Roux

Né le 23 juin 1896 à Port-Saïd (Égypte), mort le 22 février 1973 à Tournon (Ardèche) ; économe de lycée ; militant syndicaliste et communiste oppositionnel.

Son père, alsacien, ajusteur mécanicien, avait opté pour la France en 1871, s’était embauché dans les travaux d’aménagement du canal de Suez et Fernand naquit à Port-Saïd. Commis d’économat au lycée de garçons d’Avignon (Vaucluse) en 1926, Fernand Mussigmann était en octobre 1926 membre du comité de rayon communiste d’Avignon. Au congrès de Grenoble en août 1926, il fut élu membre du comité CGTU des professeurs (voir Georges Cogniot). Le 24 janvier 1927, au cours d’une réunion du comité de rayon, il lut une lettre de Denante qui protestait contre la distribution de tracts devant les écoles, ce qui risquait de compromettre la tentative de création d’un syndicat CGTU chez les instituteurs, que conduisait Denante, tandis que Mussigmann, avec Pons, s’efforçait d’en organiser un au lycée. Monmousseau, secrétaire général de la CGTU, étant venu donner une conférence à Avignon le 14 novembre 1927, Mussigmann lui demanda conseil pour la formation de ce syndicat.

Il parraina Pons qui fut admis au comité de rayon en février 1927 et c’est lui qui présida la fête annuelle du Parti, en avril, à Fontaine-de-Vaucluse ; enfin il était à la tribune, lors de la journée antimilitariste du 31 juillet 1927.

Mussigmann devint secrétaire du comité régional de la Fédération CGTU de l’enseignement et participa à la grande campagne au sujet des maîtres sanctionnés pour leurs opinions politiques que conduisaient les unitaires, cette année-là. Les responsables du Syndicat national des instituteurs risquaient d’être gênés par des manifestations contre Herriot, ministre radical socialiste de l’Instruction publique. Or à Avignon, l’affaire Pons touchait les milieux enseignants et le samedi 1er octobre 1927, jour de la rentrée, au cours d’une réunion publique, Mussigmann lut un ordre du jour de protestation contre la suspension de Jean Pons, professeur agrégé d’histoire au lycée, "suspendu par Herriot, après enquête administrative consécutive aux violentes attaques du Figaro" et qui avait été sanctionné deux mois avant sa comparution devant le conseil académique. Mussigmann et Denante organisèrent une manifestation de protestation le 24 octobre, au nom du comité régional CGTU, alors qu’il n’y avait pas encore de syndicat unitaire constitué. Beaucoup d’enseignants y participèrent et les responsables du SNI durent, plus ou moins, suivre le mouvement bien que, à l’échelon national, le bureau du SNI ait refusé le front unique dont Vaillandet était dans le Vaucluse un farouche adversaire.

Ces activités valurent sans doute à Mussigmann son déplacement lointain et, le 13 mars 1928, il était nommé sous-économe au lycée de Beauvais (Oise). Il fut alors quelque temps secrétaire de Ramé, principal responsable communiste du département, puis partit à Beauvais avec sa famille. Il y resta moins de deux ans puis fut nommé à Tournon, dans l’Ardèche où il rencontra Gilbert Serret. Son rôle alors s’affirma sur le plan national au sein de la Fédération unitaire.

Après le congrès fédéral de Marseille, août 1930, il fut nommé secrétaire corporatif pour les 2e et 3e degrés au bureau fédéral de la Fédération unitaire de l’enseignement et se heurta à l’opposition du comité des professeurs à majorité MOR (communiste orthodoxe). Comme Denante, il ne pouvait qu’être amené à la rupture avec son ancien parti. Il publia un encart important sur les 2e et 3e degrés dans l’École émancipée mais en 1933, malade et frappé par un deuil cruel, la mort de son jeune fils, il abandonna ses fonctions au bureau fédéral et au comité des professeurs.

Opéré en 1939, il devait cesser progressivement toute activité militante. Déplacé au Puy pendant la guerre, il y retrouva Gilbert Serret. Enfin il revint au lycée d’Avignon comme économe en octobre 1947. Il y prit sa retraite en septembre 1958 et se retira à Tournon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123634, notice MUSSIGMANN Fernand par Francis Roux, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 18 avril 2021.

Par Francis Roux

SOURCES : Arch. Nat. F7/13093. Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 724, 824, 826, 3 M 281. — Le Réveil vauclusien, année 1927. — Bernard, Bouët, t. III, op. cit. — Renseignements communiqués par Madame Mussigmann à Tournon.

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