RENAUD Lucien

Par Yves Le Maner

Né le 28 avril 1901 à Montchanin-les-Mines (Saône-et-Loire), mort le 23 décembre 1978 à Maubeuge (Nord) ; ouvrier métallurgiste ; secrétaire du rayon communiste et de l’Union locale CGTU, puis CGT de Maubeuge ; secrétaire du syndicat régional unitaire des Métaux du bassin de la Sambre.

Fils d’un forgeron de Montchanin, Lucien Renaud s’engagea pour quatre ans dans l’infanterie lors de son départ au service militaire en 1919. Sous-officier, il renonça à la carrière militaire en 1923 et quitta sa région natale pour s’installer à Ferrière-la-Grande (Nord), puis, en décembre 1925, à Hautmont (Nord) où il fut embauché comme manœuvre aux laminoirs des Forges et ateliers de constructions électriques ; il exerça par la suite le métier de forgeron. Lucien Renaud avait adhéré à la CGT en 1917 alors qu’il travaillait dans une usine de Montchanin, mais, dès son arrivée dans le Nord, il avait rejoint la CGTU. Membre des Jeunesses communistes depuis 1923, il adhéra au Parti communiste en 1926 et devint aussitôt secrétaire de la cellule d’Hautmont. Succédant à Léon Ringuet*, il fut de 1931 à 1934 secrétaire du rayon de Maubeuge qui regroupait cinq cellules et environ 160 adhérents.

Ses candidatures sous la bannière du PC se soldèrent toujours par des échecs : battu au conseil d’arrondissement dans le canton de Maubeuge-sud en 1932 et au conseil général du même canton en 1934, il échoua à nouveau lors des municipales de 1935 à Hautmont ; il avait également subi un net revers à l’occasion des législatives de 1932 dans la 2e circonscription d’Avesnes-sur-Helpe.

Mais Lucien Renaud fut avant tout un infatigable propagandiste syndical qui contribua de façon déterminante à l’implantation des groupements unitaires dans le bassin de la Sambre. Il avait assuré, à la fin des années vingt, le redressement du syndicat CGTU des Métaux de Maubeuge-Louvroie qui avait été désorganisé par le départ de Jean-Pierre Weber*. Aussi, lorsqu’un de ses multiples licenciements le laissa sans emploi en 1931, la direction de l’Union régionale unitaire lui demanda d’abandonner ses études de contremaître monteur électricien pour prendre la direction de l’Union locale de Maubeuge-Hautmont ainsi que celle du syndicat régional unitaire des Métaux du bassin de la Sambre, rattaché jusqu’alors au syndicat régional des Métaux de Valenciennes. Il entra à la commission administrative de la Fédération CGTU des Métaux jusqu’à la réunification de 1935.

Volontiers partisan des méthodes énergiques, son goût pour l’action directe devait l’amener à six reprises à la prison d’Avesnes. Il fut en particulier condamné à six mois d’incarcération en octobre 1935 pour sa participation active à une manifestation contre les Croix-de-feu à Feignies, le 25 juin 1935, démonstration qui s’était achevée par des heurts violents. Il fut contraint à céder le secrétariat du syndicat unitaire des Métaux de Maubeuge-Louvroie à Adonis Brichot*. Toujours soumis à une surveillance particulièrement serrée, Lucien Renaud organisa réunions, manifestations et grèves. A partir de 1932, il se consacra essentiellement à l’organisation des mouvements de chômeurs du bassin de la Sambre : il multiplia les comités locaux et parvint à obtenir l’ouverture de fonds de chômage. Il fit notamment pression sur les municipalités de Maubeuge, Hautmont, Louvroie et Neuf-Mesnil pour la création de soupes populaires, la distribution de produits de premières nécessités (lait, charbon, chaussures), la gratuité des soins médicaux pour les sans-emplois.

Un autre aspect de son action reste original : la défense des travailleurs nord-africains victimes d’une campagne xénophobe dès le début de la crise économique. Dans un premier temps, Lucien Renaud s’efforça de les faire accepter au sein des syndicats dont il avait la direction puis multiplia les démarches afin de leur obtenir l’octroi d’une prime de chômage au même titre que les travailleurs autochtones.

Après avoir organisé la marche des chômeurs de la région de Maubeuge sur la préfecture d’Avesnes-sur-Helpe en 1933 et la « marche de la faim » sur Lille en 1934, Lucien Renaud fut chargé de préparer la réunification syndicale dans le bassin de la Sambre. Si celle-ci put être réalisée au niveau de l’Union locale de Maubeuge dès 1935, il fallut attendre 1937 pour que la fusion soit effective en ce qui concerne les syndicats des métallurgistes, essentiellement en raison des réticences du secrétaire confédéré, Georges Watelle*. Élu cosecrétaire de l’UL réunifiée de Maubeuge aux côtés de l’ex-confédéré Jenot, Lucien Renaud fut reconduit dans ses fonctions de délégué régional des métallurgistes du bassin de la Sambre et il siégea à ce titre à la commission administrative de la Fédération CGT des Métaux jusqu’en 1939. Il participa notamment à la délégation qui fut reçue par Léon Blum* en 1937 afin de mettre un terme au long conflit qui avait paralysé les usines de la vallée de la Sambre de novembre 1936 à janvier 1937.

En 1939, Lucien Renaud rompit définitivement avec le Parti communiste après la signature du Pacte germano-soviétique. Il n’occupa plus aucune responsabilité syndicale et politique après cette date.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128534, notice RENAUD Lucien par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Nat. F7/13610. — Arch. Dép. Nord, M 35/8, M 154/191, 279, M 595/35, 38A, 67. — M.-F. Talon, MM, Lille III, 1974, op. cit.

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