RIVOIRE Marguerite, Marie

Par Joceline Chabot

Née le 17 avril 1900 à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), morte le 16 avril 1997 à Paris (Ve arr.) ; employée ; membre du Comité exécutif de la JOCF ; membre fondateur de la LOCF ; militante de la CFTC puis de la CFDT.

Fille d’un négociant et d’une hôtelière, tous deux catholiques, Marguerite Rivoire était la troisième de huit enfants. Après le décès de sa mère en 1911, elle dut assurer avec sa sœur aînée l’entretien de la maison et de l’hôtel. Néanmoins, elle poursuivit ses études jusqu’en 1914 date à laquelle elle fut reçue au Certificat d’études primaires.

En 1928, lorsque tous ses frères et sœurs furent établis, elle vint, à l’instigation de son vicaire, à Paris où elle fut hébergée dans un foyer de jeunes travailleuses, sis rue de Valois, fondé par Andrée Butillard. Ce fut là qu’elle obtint un emploi de salariée : elle fut chargée de la tenue de livres. Dès son arrivée, elle assista aux cours de doctrine sociale catholique de l’École normale sociale, rue du Docteur-Blanche à Paris (XVIe arr.). Animée par Andrée Butillard et Aimée Novo, cette école constituait un lieu de formation très fréquenté par les militantes des mouvements féminins chrétiens. L’école offrait également des cours intensifs aux adhérentes des syndicats féminins du boulevard des Capucines (CFTC). Pendant plusieurs années, Marguerite Rivoire suivit assidûment les cours du « 4e dimanche » axés sur la connaissance des encycliques Rerum Novarum et Quadragesimo Anno. Elle adhéra au syndicat des employées du boulevard des Capucines sans toutefois y militer activement.

En avril 1928, le Père Guichard, jésuite, aumônier général adjoint de la Jeunesse ouvrière catholique féminine, lui proposa de tenir la permanence du secrétariat d’un mouvement de jeunes travailleuses, récemment fondé à Clichy (Seine) et animé par Jeanne Aubert (voir Jeanne Picard). Profondément convaincue de la nécessité d’une action en faveur d’une plus grande justice sociale, Marguerite Rivoire comprit que la JOCF répondait à ses attentes et accepta avec enthousiasme la proposition du Père Guichard. Le premier secrétariat ouvrit ses portes dans un modeste local à Boulogne-sur-Seine. Quelques mois plus tard, déjà trop à l’étroit, il déménagea à Paris boulevard Raspail et rue de Vaugirard puis, en 1932, boulevard Saint-Denis à Courbevoie.

En plus de son travail administratif au secrétariat, Marguerite Rivoire participa à la création du bulletin des militantes, L’Équipe ouvrière féminine, dont le premier numéro parut en juin 1928. En 1929, elle fut nommée au comité exécutif du Comité national de la JOCF, les autres membres étant Jeanne Aubert (voir Jeanne Picard), Jeanne Bricks et Lucienne Nardot. Le 20 septembre 1929, ce fut au titre de secrétaire fédérale de la Seine qu’elle prit part à sa première semaine d’études jocistes. Elle y présenta un rapport intitulé : « Leçon sur le rôle du comité et les réunions du comité. » Par ailleurs, ses liens avec l’École normale sociale et les syndicats féminins chrétiens l’amenèrent à s’occuper du service syndical de la JOCF. En juin 1936, à la demande des dirigeantes du syndicat du boulevard des Capucines, elle accepta de parler du mouvement syndical chrétien lors de meetings dans les usines occupées.

En 1932, Marguerite Rivoire avait décidé de relever un nouveau défi, et avec Simone Rollin, ancienne dirigeante de la JOCF, elle mit sur pied la Ligue ouvrière chrétienne féminine. Organisée en deux branches, l’une féminine, l’autre masculine, la LOC n’en constitua pas moins un seul mouvement et marqua une rupture dans la tradition catholique de non-mixité. Préoccupée par les conditions de vie des familles ouvrières — pouvoir d’achat, logement, garde des enfants etc... — la LOC organisa de nombreux services pour répondre aux problèmes qui se posaient alors. A l’instar de la JOCF, la LOC procéda à des enquêtes, prépara des journées d’études, publia un journal. Marguerite Rivoire demeura jusqu’en 1944 à la LOC qui devint entre temps le Mouvement populaire des familles. Elle vivait alors en zone nord où elle poursuivait une action quotidienne en assurant le fonctionnement du secrétariat. Elle était amenée à franchir clandestinement la ligne de démarcation pour garder le contact entre les différentes sections des deux zones.

A la Libération, elle quitta la LOC pour s’engager dans l’action syndicale. A la demande des dirigeants de la CFTC, elle fut chargée de remettre sur pied la Fédération du Vêtement. Elle prit part aux négociations qui permirent la remise en ordre des salaires pour les 24 branches de la fédération. Après cinq ans d’intense activité, épuisée et malade, elle abandonna l’action syndicale. De 1949 jusqu’à sa retraite en 1959, elle revint à la JOC où elle s’occupa des archives. A la fin des années soixante, au moment où le syndicalisme des retraités s’organisait, Marguerite Rivoire y souscrivit. Elle fut l’une des responsables de la Fédération CFDT du Val-de-Marne. Encore une fois, il s’agissait de défendre la dignité des personnes, témoignant ainsi de la permanence d’un engagement chrétien fondé sur la notion de justice sociale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129125, notice RIVOIRE Marguerite, Marie par Joceline Chabot, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 12 avril 2014.

Par Joceline Chabot

SOURCES : J. Aubert, JOC qu’as-tu fait de nos vies ?, Éd. ouvrières, 1990. — L’Équipe ouvrière féminine, février et août 1929. — Témoignage de l’intéressée. — LOC-MPF-MLP-MLO. Femmes, famille et action ouvrière. Pratiques et responsabilités féminines dans les mouvements familiaux populaires (1935-1958), Les Cahiers du GRMF, Groupement pour la recherche sur les mouvements, Villeneuve d’Ascq, 1991.

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