Par Daniel Grason
Né le 7 juin 1923 à Paris (IVe arr.), fusillé comme otage le 25 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; facteur aux Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) ; militant des Jeunesses communistes (JC) ; homologué résistant.
Fils d’un fabricant de voitures, Robert Poing demeurait 10 rue Tourneux, à Paris (XIIe arr.). Il fut arrêté une première fois le 26 janvier 1941, à 6 heures du matin, par la Brigade spéciale no 1 (BS1), au domicile de ses parents, pour activité communiste. Lors de la perquisition, les policiers saisirent des brochures et des tracts. Ils furent vingt militants à être appréhendés entre le 24 janvier et le 4 février, tous du XIIe arrondissement, âgés de dix-neuf à cinquante et un ans, dont trois femmes. Ils furent inculpés pour « activité clandestine en faveur du Parti communiste », certains détenaient quelques tracts, papillons ou brochures ; on trouva deux machines à écrire et des stencils chez la dactylo Paulette Rabeaud et un millier de tracts au domicile de Léonard Guyot.
Le 30 mai 1941, la 15e chambre correctionnelle condamna Robert Poing à quatre mois de prison. Il était libre depuis le 15 mai, après avoir pris l’engagement sur l’honneur de cesser toute activité illégale, et fut libéré le 1er juin. Tous les autres furent condamnés à des peines s’échelonnant de quatre mois à deux ans de prison. Sept mineurs, dont une jeune fille, furent relaxés à l’issue de leur peine.
Le cimetière du Père-Lachaise (XXe arr.) était un lieu symbolique des luttes ouvrières, avec le Mur des Fédérés où, lors de la Semaine sanglante en mai 1871, avaient été fusillés les communards ; lui faisaient face les tombes de dirigeants communistes et socialistes. Selon des rapports des Renseignements généraux, à l’appel du Parti communiste, cinq cents personnes étaient venues individuellement pour la Fête du travail le 1er mai 1941, quatre-vingts dans la matinée du 25 mai et six cents l’après-midi, en hommage à la Commune de Paris.
Le cimetière était surveillé par la police. Robert Poing y fut appréhendé le 1er novembre 1941 avec quelques militants : ils venaient fleurir les tombes de Paul Vaillant-Couturier et d’Henri Barbusse. Ils furent livrés immédiatement aux autorités allemandes, à l’exception de Robert Poing. Le 10 novembre, il fut interné au centre de Rouillé (Vienne), en attendant le second procès en appel, devant la Section spéciale de la cour d’appel de Paris.
Dix-neuf militants du XIIe arrondissement de Paris comparurent à nouveau devant ce tribunal, lors de trois audiences, les 23, 25 et 26 mars 1942. Toutes les peines de prison furent alourdies, d’un an au minimum à cinq. Robert Poing, considéré comme un mineur ayant agi avec discernement, fut condamné à dix-huit mois de prison et cent francs d’amende. Remis aux autorités allemandes, il fut incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Il fut désigné comme otage, et fusillé le 25 avril 1942 au Mont-Valérien, puis inhumé au cimetière d’Asnières (Seine, Hauts-de-Seine).
En juin, les Renseignements généraux signalèrent que seule la tombe de Robert Poing était fleurie et entretenue par sa famille. Après l’autorisation des autorités allemandes et du maire d’Asnières, nommé par Vichy, la sépulture porta une croix, avec la mention « Robert Poing, dix-huit ans et demi – 25 avril 1942 ».
Le 23 mai 1945, Joseph Poing, son père, témoigna devant la commission d’épuration de la police. Lors de la première arrestation par la BS1, Robert Poing avait été frappé avec une règle sur les bouts des doigts. « Il est très probable que d’autres sévices ont été exercés sur mon enfant. Mais mon fils, afin de m’éviter des tourments, ne les a pas communiqués, il m’a seulement dit qu’il avait souffert terriblement. » Plainte fut déposée contre les inspecteurs responsables des sévices et contre ceux qui procédèrent aux deux arrestations.
Dans le carré des fusillés d’Asnières, une stèle porte son nom. Il a été homologué
interné résistant.
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, BA 2117, BA 2374, KB 50, KB 90, KB 100. — DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — Serge Klarsfeld, Le Livre des otages, op. cit. — Site Mémoire des Hommes. — FMD, Livre Mémorial, op. cit. — État civil. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 483174 (nc).