LE PENNEC Claude, Bernard, Lucien

Par Jacques Debesse

Né le 11 juillet 1926 à Caen (Calvados) ; ouvrier métallurgiste ; responsable fédéral JOC (1944-1953) ; secrétaire de la section syndicale CFTC de la SCAN aux Mureaux (1948-1960), permanent de l’URP-CFTC puis CFDT (1960-1974), secrétaire général de l’UD-CFDT des Yvelines (1967-1974).

Le père de Claude Le Pennec, Joseph Le Pennec, dit Job, cheminot, était aîné d’une fratrie de cinq et orphelin à l’âge de quatorze ans, ancien combattant de la Première Guerre mondiale dans les fusiliers marins, et affecté ensuite pendant de longs mois à l’occupation de la Ruhr. Sa mère Yvonne Marie, était d’origine rurale. Tous deux étaient catholiques non pratiquants. Claude Le Pennnec était l’avant-dernier de quatre enfants. Il obtint le certificat d’études primaires en juin 1937 à l’école communale de Verneuil-sur-Seine (Seine-et-Oise, Yvelines), avant d’entreprendre des études secondaires vite perturbées par la mobilisation de nombreux professeurs en 1939 et l’exode familial. Il fit une année au cours complémentaire de Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines) et fréquenta ensuite l’école pratique de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) d’octobre 1940 à juin 1944 dans des conditions pénibles dues à des déplacements journaliers d’au moins quatre heures, dans un contexte de restrictions alimentaires. Il obtint toutefois un brevet d’enseignement industriel en métallurgie. Grâce à des amis, dont Paul Rousselin*, il découvrit la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), s’y inscrivit en 1944 et devint rapidement responsable de la fédération JOC de Poissy jusqu’en 1953.

Il trouva un emploi d’ouvrier spécialisé sur machine outil à l’usine Ford de Poissy de janvier 1945 à mars 1948, période durant laquelle il fut appelé sous les drapeaux au Maroc de novembre 1946 à novembre 1947 et rappelé de décembre 1947 à février 1948 à Fontenay-le-Comte (Vendée) au prétexte des grèves des mineurs du Nord de la France. Signalé comme jociste aux quelques adhérents de la CFTC chez Ford, il avait adhéré au syndicat dès son embauche. Il démissionna de l’entreprise automobile en raison des mauvaises conditions de travail de nuit et, après un mois de chômage, entra en avril 1948 à la Société nationale de construction aéronautique du nord (SCAN) aux Mureaux (Seine-et-Oise, Yvelines), qui devint Nord-Aviation en 1958. D’abord ouvrier spécialisé fraiseur, il acquit la qualification d’ouvrier professionnel P1 puis P2. Quelques semaines après son embauche, dans le cadre des turbulences sociales de l’industrie aéronautique à cette époque, une grève avec occupation des locaux fut déclenchée aux Mureaux, au cours de laquelle, volontaire pour passer les nuits à l’usine, Claude Le Pennec se fit connaître publiquement comme syndicaliste CFTC.

En 1953, lors d’un conflit, avec quelques jeunes OS dont Maurice Maillard*, il fit partie du comité de grève, côtoyant quelques camarades de la CFTC plus âgés, au statut mensuel (employés et agents de maîtrise), contents de voir venir des jeunes ouvriers prêts à s’engager. Une section syndicale CFTC fut créée dans l’établissement et il accepta sur le champ la responsabilité de secrétaire. Un travail de fourmi fut alors entrepris pour recenser d’éventuels adhérents, organiser la jeune section syndicale par secteur d’ateliers, participer aux réunions du syndicat CFTC des ouvriers de la métallurgie de la région parisienne au sein de l’union parisienne (UPSM-CFTC), nouvellement créée par Roger Gillot, et affirmer la spécificité revendicative de la CFTC, notamment par des prises de paroles lors des nombreuses grèves et débrayages dans cette entreprise où le Parti communiste et la CGT régnaient sans partage. De 1954 à 1958, les jeunes militants CFTC furent les seuls à distribuer des tracts dans l’usine dénonçant le conflit algérien, non sans de fréquentes prises à partie par des salariés, dont la majorité ne partageait pas leurs options. Claude Le Pennec participa à toutes les manifestations régionales en faveur de la paix en Algérie, quelles que fussent les organisations appelantes. Accompagné de Maurice Maillard, il suivit à plusieurs sessions de l’École normale ouvrière (ENO) animées par l’Union régionale parisienne (URP-CFTC) au centre de formation syndicale du château de Bierville à Boissy-la-Rivière (Seine-et-Oise, Essonne) dénommé « la fabrique de militants ». Sous son impulsion, en une décennie, la représentativité de la CFTC aux élections professionnelles dans l’établissement des Mureaux progressa de 2 à 20 %.

À son grand étonnement, en début 1960, Robert Duvivier et Roger Gillot, nouvellement élus responsables de l’URP-CFTC, lui demandèrent de devenir permanent syndical régional CFTC. Claude Le Pennec accepta et quitta Nord-Aviation en 1960 pour exercer ses nouvelles fonctions. Dans le cadre de la politique du développement syndical régional, et pour dynamiser la CFTC quasiment absente des combats syndicaux dans la région, il eut pour charge principale de constituer et d’animer le premier secteur géographique à mettre en place dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise, celui de la Vallée de la Seine, s’étendant des communes de Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) à Bonnières-sur-Seine (Seine-et-Oise, Yvelines). Cette responsabilité le fit entrer au secrétariat de l’URP-CFTC. Le siège du secteur fut établi à l’Union locale CFTC de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines), puis transféré à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines) en 1964. Après recensement des implantations CFDT dans le secteur, il organisa des cycles de formation syndicale décentralisée en fin de journée et des journées d’études. Il mit à la disposition des équipes d’entreprise des moyens de frappe et de tirage de tracts, de la documentation et des permanences. Les postes de conseillers prud’homaux furent occupés. Claude Le Pennec participa au congrès de la FGM-CFTC en octobre 1960 à Lyon (Rhône) puis, au nom de l’URP, au congrès confédéral des 6 et 7 octobre 1964 qui décida la déconfessionnalisation de la CFTC. Dès la fin du congrès, le 7 novembre au soir, le bureau de l’URP au sein duquel il siégeait, adopta la résolution de l’évolution.

Le principe du découpage des départements de la Seine et de la Seine-et-Oise en sept nouveaux départements ayant été acté en 1964 par l’administration, le congrès de l’URP-CFDT de Cachan (Seine, Val-de-Marne) en 1966 vota la création de sept unions départementales CFDT. Claude Le Pennec devint secrétaire général de la nouvelle Union départementale CFDT des Yvelines lors de son congrès constitutif le 8 octobre 1967, en présence de Laurent Lucas*, secrétaire confédéral. Une de ses préoccupations majeures fut d’étoffer la CFTC chez Simca à Poissy, véritable forteresse du syndicat maison sous l’appellation « indépendant », aux méthodes violentes à l’encontre de toute autre organisation syndicale. Pour assurer l’information syndicale dans la sérénité, en liaison avec l’UPSM, il organisa aux entrées de l’entreprise des distributions de tracts par plusieurs dizaines de militants. Il dut, pour faire respecter la démocratie lors des élections professionnelles, avec l’aide de Jean-Paul Murcier* du service juridique confédéral et de Maître Fouace, instruire des procédures judiciaires à l’encontre de la direction de Simca. Il fut concerné au premier chef par les évènements de mai et juin 1968, notamment pour appuyer l’équipe CFDT chez Renault à Flins (Yvelines), équipe confrontée aux violences lors des manifestations devant l’usine. L’afflux d’adhérents CFDT après mai et juin 1968 et la nécessité de les organiser au plus près du lieu de travail, l’amena à créer des syndicats professionnels départementaux au sein des hôpitaux publics, des banques, du commerce et de la métallurgie, non sans générer des tensions avec quelques organisations professionnelles régionales.

Au terme de son mandat à l’URP-CFDT en 1974, il quitta ses responsabilités syndicales et trouva un poste au Comité interprofessionnel pour le logement (1 %) du GIAAP (1974-1975). Sollicité par un militant de Renault de Flins, il devint directeur général de l’association d’accueil et gestionnaire de foyers de travailleurs migrants, la Soundiata (1975-1976). Des difficultés relationnelles avec le président lui firent quitter l’association. Il se fit alors embaucher aux Assedic des Hauts-de-Seine en qualité de conseiller à l’emploi en 1976 jusqu’à son départ en préretraite en 1984, dans le cadre d’un contrat de solidarité. Il quitta la région parisienne en 1994 pour s’établir en Bretagne à Trégueux (Côte d’Armor). Il fut membre du Parti socialiste de 1974 à son départ en Bretagne.

Marié en 1953 à Saint-Germain-en-Laye avec Clotilde Grandjean, employée de banque, jociste à la fédération de Poissy, militante à la fédération des parents d’élèves Cornec au lycée Marcel Roby à Saint-Germain-en-Laye (1969-1984), Claude Le Pennec eut sept garçons, nés entre 1955 et 1966. Il résida à Saint-Germain-en-Laye (1953-1989), Triel-sur-Seine (1989-1994), puis à Trégueux. En Bretagne, il s’adonna à la randonnée pédestre au sein de l’association le Griffon randonneur de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), à l’art pictural et surtout à son violon d’Ingres, la sculpture sur bois, qui lui valut une exposition à Trégueux, appréciée du public, les 4 et 5 décembre 2010 dans le cadre du Téléthon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136416, notice LE PENNEC Claude, Bernard, Lucien par Jacques Debesse, version mise en ligne le 13 mars 2011, dernière modification le 22 avril 2022.

Par Jacques Debesse

SOURCES : Archives UPSM-CFDT. — Solidaires, revue de l’URP-CFDT, 373, novembre 1994. — Jo Bibard, Faire l’histoire ensemble-la CFDT en région Ile-de-France 1887-1990, Beaune, La Toison d’Or éditions, 2007. — Contribution écrites de Claude Le Pennec, septembre 2010. — Entretien avec Claude Le Pennec, février 2011.

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