LE GROUIEC Robert, Louis

Par Alain Prigent

Né le 13 mars 1918 à Trézény (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), mort le 27 novembre 2002 à Brest (Finistère) ; instituteur ; militant du SNI et de la FEN ; résistant FTP et Front National ; membre du bureau fédéral de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1945).

Robert Le Groiec
Robert Le Groiec
Photographie de la délégation des Côtes-du-Nord du Front National en 1945

Son père, agriculteur à Trézény, mourut en février 1918 des suites de blessures de guerre. Sa mère se remaria quelques années plus tard. Pupille de la nation, fils unique du premier lit, Robert Le Grouiec fit des études à l’école primaire de Trézény puis à l’école primaire supérieure de Tréguier. Il fut reçu à l’École normale d’instituteurs de Saint-Brieuc en 1935 et fit partie de la petite promotion Laval 18 normaliens recrutés au lieu de 38 les années auparavant (1935-1938). À sa sortie de l’école normale il fit son service militaire dans la Marine nationale en septembre 1938 à Toulon comme matelot canonnier. Il fut démobilisé en septembre 1940. Nommé instituteur à Loguivy-Plougras, il tint son CAP.

La petite école communale dans laquelle il enseignait devint un centre de ralliement des principaux responsables de la résistance départementale. Le directeur de l’école Georges Le Bihan, franc-maçon, recevait fréquemment sa sœur Christiane, convoyeuse du responsable départemental du Front National Jean Devienne. Au début de l’année 1943, de retour de captivité et entré dans la clandestinité, Louis Picard, Yves dans la clandestinité, responsable départemental du parti communiste clandestin, qui fréquentait la sœur de Robert Le Grouiec voulut entrer en contact avec André Mussat*, professeur à la faculté des lettres de Rennes, qui possédait une maison dans la commune. Maria Rabaté* était en contact avec Lucette, épouse d’André Mussat, elle-même professeur de lettres. Robert Le Grouiec cacha chez lui à plusieurs reprises Léon Razurel*, membre du PC clandestin qui était en contact avec Louis Picard. Les activités de la Résistance dans ce secteur se faisaient sous couvert du club de football local.

Membre du FN dès mars 1943, adhérent du PC clandestin, il distribua des tracts et des journaux de ces deux organisations. A la Libération, il intégra le 5e bataillon des forces de la Résistance au sein des unités des FFI engagées sur le Front de Lorient avec le grade de lieutenant. De retour à la vie civile, il fut nommé instituteur à Pordic à la rentrée 1945 où il enseigna jusqu’en 1959 date à laquelle il fut nommé à l’école Joseph Morand de Lannion avant de terminer sa carrière comme instituteur en classe de transition au collège Le Goffic de Lannion en 1973.

Il adhéra au PC clandestin en 1943. À la Libération, il fut élu au bureau fédéral de la fédération du PCF des Côtes-du-Nord lors de la première conférence fédérale. Il était plus particulièrement chargé des relations avec le Front National. Il participa aux assises du Front National en 1945. Militant de la cellule de Pordic à la Libération, il anima les réunions locales du PCF en 1946. Il fut l’un des fondateurs des Amis des FTP en 1945 avec Ernest Georgelin*.
Le 11 mai 1950 à l’issue d’une manifestation en gare de Saint-Brieuc contre le passage d’un train en provenance de Brest et transportant des tourelles de canon à destination de Rochefort, 9 autres responsables de la CGT et de la fédération communiste des Côtes-du-Nord furent arrêtés. Robert Le Grouiec cacha pendant quelques jours les deux autres militants qui étaient entrés dans la clandestinité, Jean Le Jeune* et Roger Ruelleu*.

Il fut candidat au conseil syndical de la section départementale du SNI en mai 1947 sur la liste « majorité confédérale » avec Jean Geffroy*, François Philippe*, Eugène Cadoret*, Marcel Gaillard* entre autres, contre une liste de la tendance majoritaire du SNI, intitulée « Indépendance et syndicalisme », emmenée par le responsable d’avant-guerre Raymond Garrivet*. Cette liste de huit candidats qui affirmait son indépendance par rapport aux partis et au gouvernement par refus de tout opportunisme politique obtint tous les sièges sauf un (Marcel Gaillard) au scrutin majoritaire. Sylvestre Guillou* devint le secrétaire général d’une section départementale forte de 1 500 adhérents sur 1 850 instituteurs.

Il fut membre de la commission administrative de la section des Côtes-du-Nord de la FEN du 30 avril 1964 qui intégra pour la première fois les délégués des sous-sections. Il fut élu délégué au congrès national de la FEN du 23 au 25 novembre 1965 au titre du SNI accompagnant les autres militants du département Alain Quéré* et Louis Bocquet*. Il était responsable de la sous-section de Lannion en 1968.

Il resta fidèle aux engagements de sa jeunesse en militant à la direction départementale de l’ANACR. Après avoir pris sa retraite professionnelle il fréquenta assidûment les réunions de la sous-section FEN de Lannion puis les assemblées de la FSU, fédération à laquelle il avait donné son adhésion dès sa formation. Il était adhérent de la section du PCF de Perros-Guirec.

Le Grouiec s’était marié le 25 janvier 1940 à Paris (XVe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136796, notice LE GROUIEC Robert, Louis par Alain Prigent, version mise en ligne le 25 avril 2011, dernière modification le 5 avril 2022.

Par Alain Prigent

Robert Le Groiec
Robert Le Groiec
Photographie de la délégation des Côtes-du-Nord du Front National en 1945

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor. — Composition des comités fédéraux de la fédération des Côtes-du-Nord et fichier des élus de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établi par Gilles Rivière. — Archives de la FSU 22 (bulletins des sections départementales du SNI et de la FEN). — L’Aube Nouvelle, Ouest-Matin. Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche. — Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). — Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, chez l’auteur, 2002. — Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan Breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. — Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIe République (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Editions Astoure, 2005 ; Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000 ; (sous la direction de), Des salles de classe aux luttes sociales : Mai-juin 1968 dans les Côtes-du-Nord, Publication FSU-22, 2009 ; Les Bataillons FFI des Côtes-du-Nord sur les poches de l’Atlantique (Septembre 1944-mai 1945), Cahier édité par le Comité Départemental de l’ANACR, 1995.

Iconographie : Photographie de la délégation des Côtes-du-Nord du Front National en 1945.

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