LEMESLE Henri, Antoine.

Par Jacques Girault

Né le 13 juin 1908 au Tréport (Seine-Inférieure), mort le 14 janvier 1991 à Rouen (Seine-Maritime) ; instituteur ; militant syndicaliste et mutualiste en Seine-Maritime ; militant socialiste.

Son père, artisan peintre en bâtiment et en enseignes de magasins, mourut en janvier 1914 d’une maladie professionnelle. Sa mère, avec deux jeunes enfants, matelassière et confectionneuse de couvertures s’engagea pour la durée de la guerre pour réparer les sacs à terre à Mantes (Seine-et-Oise) et se remaria après la guerre. Henri Lemesle, qui avait reçu les premiers sacrements catholiques, resta au Tréport chez sa grand-mère. Après avoir fréquenté l’école primaire supérieure annexée au collège de Dieppe comme boursier, il entra à l’École normale d’instituteurs de Rouen (Seine-Inférieure) en 1923 pour en sortir en 1926. Instituteur à Notre-Dame-de-Bondeville, il effectua pendant six mois son service militaire à l’école des officiers de réserve de Saint-Maixent, puis dans un régiment d’infanterie à Rouen, comme sous-lieutenant. Il participa à la fondation de l’Association des officiers de réserve républicains dans le département.

Lemesle exerça comme instituteur à Sotteville-lès-Rouen, puis fut détaché au collège d’Eu en 1929 où il enseigna la comptabilité. Nommé à l’école primaire du Tréport, chargé des cours du soir en comptabilité, il fut affecté à partir de 1936, dès son ouverture, au cours complémentaire commercial, innovation dans le département.

Lemesle se maria religieusement (« dernière concession aux beaux-parents ») en décembre 1931 à Varengeville-sur-Mer (Seine-Inférieure) avec une institutrice. Le couple eut trois enfants qui ne furent pas baptisés.

Membre du Syndicat national (CGT) depuis 1926, lecteur de L’École Émancipée pendant un an (service gratuit), abonné à La Révolution prolétarienne pendant deux ans, trésorier, puis secrétaire de la section cantonale du SNI, Lemesle devint membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs en 1939. Mais la mobilisation l’empêcha de siéger. Gréviste le 30 novembre 1938, il fut, comme son épouse, sanctionné d’une suspension de dix journées de traitement.

Membre des Jeunesses laïques et républicaines dès 1926 et de l’amicale laïque de Sotteville, Lemesle participa à la campagne victorieuse d’André Marie contre le maire de droite de Rouen aux élections législatives de 1928. Membre du Parti socialiste SFIO à sa création en 1934 au Tréport, il devint franc-maçon en 1934 (Grand Orient de France). Il participa activement au Tréport à l’organisation de la solidarité avec l’Espagne républicaine (accueil des réfugiés notamment).

Mobilisé à Rouen, en août 1939, comme lieutenant dans l’infanterie, Lemesle, fait prisonnier le 17 juin 1940 en Côte-d’Or, fut transféré en Allemagne dans différents oflags et, au début de février 1945, à la forteresse de Königstein en Saxe d’où il fut libéré le 9 mars 1945. Résistant (Armée secrète), il devait participer au regroupement des enseignants prisonniers républicains et antifascistes dans le mouvement de résistance « Liberté » dont il fut le vice-président. Ils empêchèrent notamment la création de cercles Pétain.

Après la guerre, Lemesle fonda, au Tréport, l’association des Anciens combattants et prisonniers de guerre qu’il présida. Nommé instituteur à Saint-Pierre-les-Elbeuf, secrétaire local du SNI, il redevint, en 1946, membre du conseil syndical (secrétaire aux affaires corporatives et pédagogiques), puis fut élu comme membre des commissions paritaires (personnel et technique). Lors de la réunion du conseil national du SNI, le 17 juillet 1950, avant le congrès national, dans le débat sur la carte scolaire initié par Denis Forestier, il proposa que la répartition des postes se fasse en fonction des besoins. Nommé à Rouen en 1950, secrétaire du groupe syndical local, il mena, en 1953, contre l’avis de la section départementale du SNI, une action de grève intersyndicale avec les fonctionnaires et les employés communaux pour le rétablissement de l’indemnité spéciale attribuée aux salariés des villes sinistrées.

Lemesle, membre de la direction départementale de la Fédération de l’Éducation nationale, participa à la naissance et au développement de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale. Élu au titre de mutualiste à la Caisse de sécurité sociale d’Elbeuf, il devint en 1950 trésorier de la section départementale de la MGEN, de la mutuelle Accidents-élèves, de l’Union mutualiste départementale. Il était en même temps secrétaire du comité départemental de coordination de la Mutualité.

Instituteur détaché de la Fédération départementale des œuvres laïques à partir de 1955, Lemesle en assura le secrétariat général jusqu’en 1959. Nommé en 1959 délégué rectoral au collège technique de Sotteville, il abandonna alors ses différentes fonctions syndicales, puis ses responsabilités mutualistes en 1961 pour se consacrer à la Franc-maçonnerie. En 1963, élu Vénérable de la loge rouennaise « Constance, Persévérance, Vérité », il le demeura jusqu’en 1967. Réélu de 1968 à 1971, il fut à l’origine de la reconstruction du Temple de Rouen qui rassembla les différentes obédiences de la ville. Élu représentant des loges de l’Ouest au Conseil de l‘Ordre du Grand Orient de France (1972-1975), il occupa la responsabilité de Grand trésorier national.

Lemesle milita au Parti socialiste autonome à partir de 1958, puis au Parti socialiste unifié jusqu’en 1964.

Toujours syndiqué, Lemesle faisait partie en 1986 du conseil d’administration de la section départementale de la Fédération générale des retraités civils et militaires. Délégué départemental de l’Éducation nationale pour un secteur de Rouen qu’il présida un temps, membre du comité de prévoyance des Coopérateurs de Normandie après avoir présidé la section de Rouen-rive gauche, il était commissaire aux comptes de la section de Rouen des retraités de la MGEN et de l’association des anciens élèves de l’École normale d’instituteurs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138628, notice LEMESLE Henri, Antoine. par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2011, dernière modification le 25 octobre 2011.

Par Jacques Girault

SOURCES : Presse syndicale. — DBMOF, notice par J. Girault. - Renseignements communiqués par l’intéressé.

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