DUCŒUR Gabriel

Par Claude Pennetier

Secrétaire de la Fédération CGTU des cheminots du Nord.

Cheminot, Gabriel Ducœur fut secrétaire adjoint de la Fédération CGTU des cheminots du Nord en juin 1922, puis secrétaire administratif en août 1923.
Militant communiste, il fut mêlé au grave affrontement qui opposa des libertaires à des communistes le 11 janvier 1924, dans la salle de réunion de la CGTU, 33 rue de la Grange-aux-Belles (Paris Xe arr.). Les libertaires contestaient le prêt de la salle aux communistes et étaient venus faire la « bronca » à Albert Treint*. Des coups de feux éclatèrent ; plusieurs militants dont le dirigeant anarchiste Francis Boudoux* furent gravement blessé et il y eut deux morts : le plombier libertaire Adrien Poncet* et le métallurgiste Clos* (réclamé à la fois par les libertaires et les communistes qui en accord avec la veuve organisèrent ses obsèques). Gabriel Ducœur fut identifié comme un auteur des tirs. Mais était-il le seul tireur ? Il y eut une commission d’enquête confédérale CGTU mais les résultats n’ont pas été publiés.
Personne n’ayant porté plainte, il n’y eut pas de procès et les archives de police consultées sont muettes sur Ducœur ; elles incriminent à tort un autre militant.
Ducœur aurait démissionné du Parti communiste et de la CGTU courant 1924 et fut remplacé dans ses fonctions par Lucien Midol qui dans ses souvenirs fera allusion aux responsabilités de Ducœur. La Fédération des cheminots aurait proposé de faire passer Ducœur en URSS, ce qui fut refusé par l’ISR (note de Sylvain Boulouque d’après les archives du Profintern). Le bruit court qu’il est parti en Afrique du Nord. En 1929, lors du Ve congrès de la CGTU (Paris), Antoine Rambaud le dénonça comme étant un agent de la police infiltré, accusation qui n’est pas à prendre à la lettre, mais qui souligne la volonté des syndicalistes cheminots de ne plus le considérer comme des leurs.
L’affaire de la Grange-aux-Belles reste encore mal connue et plus encore la responsabilité et la personnalité de Ducœur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3436, notice DUCŒUR Gabriel par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 22 septembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13668 et F7/13671. — Le Libertaire, 18 janvier 1924, 13 septembre 1930. — La Révolution prolétarienne, 1er octobre 1929. — Sylvain Boulouque, « La Bourse du travail, 33 rue de la Grange aux Belles », in Claire Auzias, Un Paris révolutionnaire, L’esprit frappeur, 2001, p. 221-222. — Le Libertaire, 18 janvier 1924 et 13 septembre 1930. — Lucien Midol, La voie que j’ai suivie. Un ingénieur au cœur des batailles sociales 1900-1970, Paris, Éditions sociales, 1973, p. 173. — Notes de Sylvain Boulouque.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable