CORNU René, François

Par Gérard Boëldieu

Né le 11 février 1808 à Crissé (Sarthe), mort le 6 août 1879 à Crissé ; tisserand puis instituteur dans l’Orne et la Sarthe ; révoqué par le préfet de la Sarthe le 9 février 1850.

Le père et la mère de René François Cornu portaient le même nom. Son père, Michel Marin Cornu, né le 10 mars 1768 à Loisail (Orne), cultivateur qui ne savait signer son nom, épousa le 10 floréal an VIII à Crissé (Sarthe), où il vivait alors, Jeanne Cornu, née le 15 novembre 1772 dans cette localité, fille de cultivateurs. Le couple qui resta à Crissé eut deux fils, René François étant le cadet. L’aîné mourut à l’âge de deux ans.

Orphelin de père en 1819, tisserand à Crissé, Cornu obtint en août 1836 un brevet de capacité du degré élémentaire pour devenir instituteur.

Le 15 avril 1839, à Ciral (Orne) où il était instituteur, il épousa Julienne Vaugon, âgée de 24 ans, fille d’un cultivateur, cultivatrice elle-même et ne sachant signer son nom. Un premier fils, né en juillet de la même année, ne vécut que quatre jours. Le 28 juin 1843, toujours à Ciral, à la naissance de son second fils, Cornu déclara être tisserand.

En octobre 1847, patronné par le maire, nommé dans les formes par le comité d’instruction de l’arrondissement du Mans, Cornu devint instituteur à Chassillé (Sarthe, canton de Loué) où très vite des rumeurs circulèrent sur ses antécédents dans l’Orne, département dont il aurait été « pour ainsi dire chassé ». Au cours de l’hiver 1847-48, Cornu bafoua l’autorité de l’inspecteur des écoles Dalimier en ouvrant un cours d’adultes sans autorisation. Peu après, le curé dénonça son « immoralité », son peu de souci de l’éducation religieuse de ses élèves, le fait qu’il recevait dans sa classe garçons et filles, ce qui faisait du tort à l’institutrice. Le juge de paix du canton de Loué fit état de « plaintes motivées ».

La situation devint telle qu’au début de février 1850, dans le cadre de l’application de la loi Parieu qui confia pour six mois au préfet le pouvoir de sanctionner les instituteurs pour cause politique et/ou de moralité, la suspension de Cornu fut proposée. Le 9 février, le préfet entérina sa révocation prononcée deux jours auparavant par le comité supérieur du Mans, sans que Cornu ait été entendu par cette instance. Révoqués le même jour, Cornu, Queston et Surget furent les premiers instituteurs de la Sarthe sanctionnés au nom des dispositions de la loi Parieu.
Quel fut son itinéraire par la suite ? Tout au plus sait-on qu’il revint (mais quand ?) à Crissé où il mourut le 6 août 1879. Son épouse décéda quatre mois plus tard le 14 décembre 1879. Aucune mention de profession ne figure sur son acte de décès. Sa femme fut déclarée « sans profession ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140081, notice CORNU René, François par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 28 mars 2012, dernière modification le 17 mai 2018.

Par Gérard Boëldieu

SOURCES : État civil de Crissé (consulté sur le site internet des Archives départementales de la Sarthe). – État civil de Loisail et de Ciral (consulté sur le site internet des Archives départementales de l’Orne). – Arch. Dép. de la Sarthe : 1 T 587 (rapports hebdomadaires de l’inspecteur Dalimier au recteur de l’académie d’Angers, de 1847 à 1850) ; 1 T 415 (contient la lettre du curé de Chassillé à l’inspecteur). – Louis Saillant, Au pays du Maine, Le Mans, 1910.

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