MOREL Georges, Jean-Baptiste

Par Jacques Girault

Né le 17 novembre 1920 à Lyon (1er arr.) (Rhône), mort le 16 janvier 2005 à La Garde (Var) ; instituteur dans le Var ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste.

Fils de Jean Morel, mécanicien ajusteur devenu employé à l’Arsenal maritime de Toulon (Var), militant communiste, et d’une brodeuse, d’origine italienne, devenue chemisière, Georges Morel entra à l’école normale d’instituteurs de Draguignan (Var) en 1938 et y resta jusqu’en janvier 1941. Après avoir obtenu le CAP en janvier 1941, après son stage pédagogique dans diverses écoles de Toulon puis au centre régional d’éducation générale et sportive de Boulouris, il fut envoyé aux chantiers de Jeunesse comme chef d’équipe (novembre 1941-juin 1942). Nommé instituteur stagiaire à l’école de garçons du Pont-du-Las à Toulon au printemps 1942, il enseigna à Sanary à partir d’octobre 1942. Au début de 1943, réfractaire au Service du travail obligatoire, il quitta son poste, vécut chez ses parents à Toulon tout en étant embauché dans une entreprise italienne travaillant dans l’Arsenal maritime. Il rencontra alors un officier de Marine qui lui proposa de recueillir des renseignements sur l’armée d’occupation, ce qu’il effectua pendant peu de temps. A la Libération, il constata qu’il avait travaillé pour le réseau « Sosie » faisant partie du réseau « Gilbert » qu’il attribua par erreur au BCRA alors que ce réseau était antigaulliste et financé par les Anglais (note de Jean-Marie Guillon).

Il fut employé par la suite par une compagnie d’assurances ayant comme clientèle les milieux paysans du département. En 1944, il vécut à Seillons-Source d’Argens où son épouse était réfugiée, puis à Hyères, n’ayant « aucun rôle » dans la Résistance.
Réintégré dans l’enseignement, affecté pour ordre à Saint-Tropez, il fut nommé instituteur à Sanary puis aux Playes (commune de Six-Fours) où, en mai 1947, il demanda son adhésion à la Mutuelle générale de l’éducation nationale. Nommé à Toulon (écoles Dutasta à partir d’octobre 1947, du quartier du Mourillon à partir d’octobre 1955, de Claret à partir d’octobre 1956), reçu au certificat d’aptitude à l’enseignement dans les cours complémentaires en 1958, en septembre 1960, il fut nommé instituteur au cours complémentaire devenu collège d’enseignement général, puis collège d’enseignement secondaire Victor Fortuna de Saint-Jean-du-Var où il termina sa carrière en octobre 1976 comme professeur d’enseignement général de collège (mathématiques, sciences physiques, technologie), pérennisé à partir de 1965.

Il se maria en décembre 1943 à Toulon avec une institutrice, fille d’une gérante. Ils eurent trois enfants. Ils habitaient dans les années 1960 à La Valette où son épouse était institutrice à l’école de la Coupiane.

À la Libération, il fit partie de la commission départementale des jeunes de la Fédération générale de l’enseignement, délégué à l’éducation syndicale. Le 5 juin 1946, dans le bulletin de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, dans son article « L’indépendance du syndicalisme », il craignait que le syndicat « semble se laisser prendre au piège » car, selon lui, la CGT devait « peser de tout son poids sur la vie politique de notre pays ». Dirigeant du courant cégétiste du syndicat, il participait à la vie de l’Union locale CGT. Quand se constitua la Fédération de l’Éducation nationale-CGT dans le Var, il fit partie du bureau, information transmise dans le bulletin du SNI en mai-juin 1948. Aussi, quand le conseil syndical vota, le 13 mai 1948, une motion mettant en demeure les membres du bureau de la FEN-CGT de le quitter, était-il visé. Il répondit par une circulaire et dut démissionner du conseil syndical.

Jusqu’en 1954, Georges Morel continua à militer activement dans la FEN-CGT, publiant notamment de nombreux articles dans son mensuel départemental, L’Educateur varois (octobre 1951-mars 1954). Ses interventions portaient avant tout sur la vie du courant de pensée qu’il animait dans la section départementale du SNI. En avril 1954, il était retenu par le secrétariat du Parti communiste français pour participer au stage des instituteurs communistes. Plus tard avec Marius Autran et Ganachau, il suivit un stage interfédéral destiné aux instituteurs communistes.

Georges Morel, candidat au conseil syndical (liste CGT en 1952, « liste d’union et d’action présentée par les Cégétistes » en 1954), fut élu à partir de 1956 (« liste Brun Baptistin Brun pour un syndicalisme agissant »), puis sur les listes « pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du syndicat » en 1958, en 1960, en 1962, en 1964, en 1966, en 1968. Il ne fut pas élu en 1970 et en 1972 (liste « Unité et Action. Pour un programme de lutte, d’unité et de démocratie syndicale »). Dans les congrès départementaux, il était un des porte-parole des minoritaires. Il fit aussi partie du conseil d’administration de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale comme titulaire ou comme suppléant.

Georges Morel, membre du PCF depuis octobre 1944 à Sanary, fut en 1946-1947 secrétaire politique de la section communiste d’Ollioules. Membre du comité fédéral depuis mai 1954, il suivait les questions syndicales. Il était donc particulièrement visé par l’article 14 du règlement intérieur de la section départementale qui interdisait aux membres du conseil syndical d’exercer des responsabilités dirigeantes dans les organisations politiques. Dans les fréquentes discussions sur cette question, son ancien camarade de promotion Robert Jourdan se distinguait par de virulentes attaques. Aussi le 4 février 1960, démissionna-t-il du comité fédéral pour conserver son mandat syndical. Toutefois, il fut réélu au comité fédéral lors de la conférence fédérale du 30 avril 1961 et en juin 1962, comme responsable des instituteurs communistes. A partir de 1964, il présidait la commission des enseignants communistes. Il ne fut plus élu à partir de 1965. Membre du secrétariat de la section communiste de Toulon, il retrouva le comité fédéral de 1971 à 1982, n’étant pas réélu « à sa demande ».

Mais Georges Morel était aussi visé par les majoritaires puisqu’il présidait, depuis 1960, l’association des parents d’élèves des lycées et collèges de Toulon appartenant à la fédération Armand-Léotard, concurrente de la fédération des conseils des parents d’élèves en train de s’implanter dans l’enseignement secondaire. Lors de la réunion du conseil syndical du 15 novembre 1962, fut décidé par 29 voix, contre une, deux abstentions et un refus de vote qu’il devait démissionner du conseil syndical. Georges Morel refusa de s’exécuter arguant que le règlement intérieur ne comprenait pas un tel interdit. Le bureau fédéral du PCF approuva cette position mais en novembre 1964, le secrétaire de la fédération constatait que les communistes membres du conseil syndical du SNI avaient « une attitude trop rigide par rapport aux dirigeants représentant la majorité » et se demandait si Morel devait rester responsable d’une APE alors que l’association Cornec n’était plus « squelettique » et en train de s’implanter dans les collèges et lycées. Il souhaitait que la direction du PCF étudie cette question et envoie un membre du comité central lors d’une réunion des enseignants communistes. Cette proposition ne sembla pas avoir été suivie d’effets et Georges Morel resta président de l’APE jusqu’en 1970.
Georges Morel, en 1974, siégeait au conseil académique. L’année suivante, il fut présenté par le syndicat comme suppléant à la commission administrative paritaire académique. Il en devint titulaire en 1976, année de sa retraite.

Entre 1948 et 1950, Georges Morel fut le secrétaire de la cellule du quartier Mourillon où il habitait et membre du comité de la section Henri Seillon dont il devint le secrétaire politique de 1950 à 1954. Cette année-là, la fédération communiste le déchargea de toute responsabilité politique pour qu’il puisse se consacrer au travail syndical parmi les enseignants.

Il fut candidat aux élections municipales de Toulon sur les listes communistes. Il se présenta en 1964 au Conseil général dans le cinquième canton de Toulon. En 1977, il conduisait la liste d’union de la gauche aux élections municipales de La Valette. A Toulon, dans les années 1960, Georges Morel était le vice-président du comité d’intérêt local.

Georges Morel, en désaccord avec la nouvelle ligne politique du PCF, démissionna du Parti au début des années 1990.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146405, notice MOREL Georges, Jean-Baptiste par Jacques Girault, version mise en ligne le 13 mai 2013, dernière modification le 4 septembre 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 1477 W 181. — Arch. Mun. Toulon, 9 W 1. — Archives du comité national du PCF. — Note de Jean-Marie Guillon.— Presse syndicale. — Sources orales.

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