LAVORINI Daniel [alias Paul VALMY]

Par Daniel Grason

Né le 15 mars 1920 à Entraigues-sur-la-Sorgue (Vaucluse), exécuté le 28 juillet 1944 à l’angle de rue de Tolbiac et de la place d’Italie à Paris (XIIIe arr.) ; maquisard Franc-tireur et partisan (FTP) et unité de partisans italiens.

Né de père inconnu et de Marie Courbet, ménagère, Daniel Lavorini fut légitimé par le mariage de sa mère avec Guillaume Lavorini le 28 octobre 1926 en mairie d’Entraigues-sur-la-Sorgue.
Il avait rejoint le maquis que les FTP avait constitué au printemps 1943 dans les bois du Lubéron, sur le territoire de Cabrières-d’Aigues (Vaucluse). Faisant partie du poste avancé installé dans une grotte au-dessus du village, il fut arrêté avec plusieurs de ses camarades lors de l’attaque lancée par les Alpini italiens, le 15 avril 1943. Conduits à Trets, puis à Carnoules (Var), les huit maquisards prisonniers aboutirent à la prison militaire de Menton (Alpes-Maritimes) en attente de jugement. Inculpés de participation à une bande armée dont le but était une action de guerre contre l’armée italienne, ils passèrent devant le tribunal de la IVe Armée italienne à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), le 20 juillet 1943. Daniel Lavorini fut condamné à trois ans de prison comme deux de ses camarades, les cinq autres écopant de deux ans. Ils furent conduits à Cuneo pour être emprisonnés non loin de là, à Fossano (Piémont) où ils arrivèrent le 3 août. Ils s’en évadèrent avec les autres prisonniers le 11 septembre 1943, trois jours après la capitulation de l’Italie, les soldats s’étant débandés et leurs gardiens, non armés, ne leur opposant aucune résistance. Après avoir été cachés par des paysans, Daniel Lavorini, comme la plupart des évadés français, retourna en France. On ne connaît pas son parcours entre ce moment et l’été 1944 où il fut tué à Paris.
Dans la soirée du 14 juillet 1944, vers 22 h 20, une discussion un peu vive eut lieu entre un adjudant de la Luftwaffe et trois jeunes gens à l’angle de la rue de Tolbiac et de la place d’Italie. L’Allemand attrapa Daniel Lavorini par le revers de sa veste et sortit son pistolet, l’un des deux autres jeunes le devança et tira sur le militaire. Un brigadier du commissariat du XIIIe arrondissement qui se trouvait à une dizaine de mètres tira en direction des trois jeunes qui prenaient la fuite. Daniel Lavorini fut touché à la cuisse droite, arme à la main. Le policier français lui intima l’ordre de lâcher son pistolet, il obtempéra.
Le militaire touché au ventre mourut à son arrivée à l’hôpital de la Pitié. Daniel Lavorini portait une carte d’identité au nom de « Paul Valmy, né le 15 mars 1913 dans le Vaucluse, bûcheron ». La pièce d’identité ne fit pas illusion. Conduit au commissariat de Maison Blanche, puis à l’Hôtel-Dieu, il déclara qu’il n’était pas l’auteur du coup de feu. Les deux balles trouvées près du corps du militaire étaient de calibre 7,65 mm, or Daniel Lavorini portait un pistolet calibre 6,35 mm. Une balle était engagée dans le canon et sept autres garnissaient le chargeur. Ces constatations confirmaient qu’il n’avait pas fait usage de son arme. Il portait sur lui un papier où il était écrit : « Chatain, 76 rue Cambronne, XVe ».
Des inspecteurs de la BS2 se rendirent à l’adresse indiquée, déclinèrent qui ils étaient et tambourinèrent à la porte. Une voix répondit « Retirez-vous ou je tire ! ». Les policiers tirèrent dans la porte. L’homme criait d’une fenêtre « Au secours, on assassine au 76 ». La concierge informa les policiers que Chatain était membre de la Milice. L’atmosphère se détendit, les policiers lui présentèrent la photographie de « Valmy » et il déclara : « il n’est pas inconnu par moi, je le vois très bien dans un groupe, mais il faut que mes souvenirs se fixent ». L’enquête policière confirma que Jean Chatain, né dans le Calvados, était chef-adjoint au sein de la Milice.
La famille de Daniel Lavorini, qui demeurait à Villemomble (Seine, Seine-Saint-Denis), fut prévenue de son arrestation. La direction des Brigades spéciales le livra à la Gestapo où il fut probablement torturé. Le 28 juillet 1944 vers 5 h 15 du matin son corps fut retrouvé. Il avait été abattu de quatre balles dans la tête. Près de lui un papier portait ces mots : « J’ai tué à cet endroit un soldat allemand, c’est pour cela qu’on m’a fusillé ici. » À 5 h 55 la police allemande informait par téléphone le commissariat du XIIIe arrondissement. Le corps fut transporté à l’hôpital de Bicêtre. La police judiciaire indiqua sur son livre : « Armée d’occupation 10 rue des Saussaies ».
Après la Libération une plaque fut apposée sur la façade du 153 rue de Tolbiac : « Ici a été fusillé le 23 [28] juillet 1944 le FTP Daniel Lavorini âgé de vingt-quatre ans ». Son nom a été donné à une rue d’Entraigues-sur-la-Sorgue. Il figure aussi sur le monument aux morts de la commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147424, notice LAVORINI Daniel [alias Paul VALMY] par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 juin 2013, dernière modification le 2 janvier 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 1749, BA 2104, Livre de la police judiciaire 28 Juillet 1944. – Mémorial GenWeb. – site mémoire des hommes SHD Vincennes 16 P 344287 (à consulter). — Michel Fauquier, Itinéraire d’un jeune résistant français (1942-1945), Paris, L’Harmattan, 2005, p. 327. — Panicacci Jean-Louis, L’Occupation italienne, Sud-Est de la France, juin 1940-septembre 1943, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 396. — notes complémentaires Jean-Marie Guillon. — État civil, Entraigues-sur-la-Sorgue.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable