PÉAN André, François

Par Gérard Boëldieu

Né le 27 février 1906 au Mans (Sarthe), mort le 3 juillet 1985 au Mans ; instituteur public dans la Sarthe ; militant syndicaliste (SNI) et mutualiste (MGEN).

Le père d’André Péan, prénommé Georges, Francis, né au Grez (canton de Sillé-le-Guillaume, Sarthe) le 9 mai 1872 dans une famille de cultivateurs non propriétaires (fermiers ou métayers), était garçon d’hôtel à La Suze (Sarthe) lorsque, le 25 novembre 1901 dans cette localité, il épousa Charlotte Augustine Brindeau, employée de commerce. Née le 20 septembre 1879 au Mans d’un père mouleur et d’une mère tapissière, orpheline de père en juin 1883, de mère en novembre 1889, cette dernière avait été placée à La Suze (dans un magasin de nouveautés) par les Filles de la charité du Mans auxquelles un oncle très aisé (de la famille des fondeurs Chappée) l’avait confiée afin d’assurer son éducation. Après son mariage, Georges Péan devint voyageur de commerce pour la faïencerie mancelle Taillard. Le couple s’installa au Mans où naquirent leurs quatre enfants, André étant l’aîné, qui devinrent pupilles de la Nation après la mort de leur père, tué au front à Fosseux dans la région d’Arras. Veuve de guerre, leur mère obtint un emploi à la manufacture des tabacs du Mans.

Bon élève à l’école primaire et au cours complémentaire de son quartier (école Marceau), André Péan entra à l’École normale d’instituteurs du Mans en 1921. Dès sa sortie, il aida sa mère à faire poursuivre des études à ses deux jeunes frères jusqu’à la préparation du concours d’entrée à l’EN du Mans, qu’ils réussirent : Lucien en 1931, Georges en 1933.

Instituteur stagiaire de 1924 à 1927 à Saint-Maixent, titularisé en 1928 au retour du service militaire, André Péan enseigna en tant qu’instituteur adjoint à Bonnétable (2 ans), à Aigné (2 ans), enfin, à compter de 1931 au Mans, d’abord à l’école Dulac, puis, à partir de 1936, à l’école annexe de l’École normale d’instituteurs (école d’application) dont il devint le directeur après la Libération, jusqu’à sa retraite en 1961.

En 1931, André Péan épousa Madeleine Saint-Denis née en 1910. Une fille naquit en 1937. Employée puis chef de service à la Caisse départementale de la Sarthe des Assurances sociales, l’épouse d’André Péan contribua en 1945-46 à l’installation de la Caisse primaire de la Sécurité sociale dont elle devint successivement secrétaire générale, sous-directrice, directrice de 1950 à sa retraite en octobre 1967.

Secrétaire adjoint de 1945 à février ou mars 1947 de la section sarthoise du Syndicat national des instituteurs (SNI), qui, en octobre 1946, le désigna comme délégué au congrès national de Grenoble, Péan succéda à René Busson au secrétariat général, poste qu’il occupa jusqu’à sa démission, pour raison de santé, au début de 1948. Lors de la scission de la CGT, ne croyant pas en l’autonomie, il appela à rejoindre la CGT-Force Ouvrière, « syndicat indépendant », selon lui, qui « sera ce que ses membres en feront ».

Péan fut délégué des instituteurs à la commission administrative paritaire départementale, membre titulaire du 29 octobre 1948 au 29 avril 1952, membre suppléant ensuite jusqu’en mars 1958.

Dès la Libération, Péan soutint activement le projet du SNI de mise en place d’un système plus efficace de secours mutuels. Le 28 février 1947 se tint l’assemblée générale qui fonda la section sarthoise de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale. Considérant que sa situation matrimoniale pouvait en faciliter la mise en place, les collègues d’André Péan, en tête René Busson alors secrétaire départemental de la FEN, le pressèrent d’accepter la présidence. Le 13 mars, une semaine après la fusion des sociétés de secours mutuels des instituteurs et institutrices publics de la Sarthe avec la MGEN, le conseil d’administration le proclama président. Dès le 21 avril, l’épouse de Péan y étant pour beaucoup, la section sarthoise de la MGEN fonctionna comme section locale de la Sécurité sociale. Le 5 mai, ouverture des guichets ; le 10 mai, début des paiements. André Péan la présida jusqu’au 25 mai 1972. Pendant ce mandat d’un quart de siècle, il fonda au plan local l’Association pour l’aide aux jeunes handicapés. Il fut aussi le vice-président de la Fédération des œuvres laïques.

En juillet 1947, lors de la première assemblée générale, sur proposition des instances de l’inter-région Ouest, André Péan fut élu au conseil d’administration national de la MGEN. Membre du bureau national l’année suivante jusqu’en 1967, il y assuma les fonctions de trésorier-adjoint. Dans L’École libératrice, le 31 décembre 1952, il signa un article « Contre la caisse autonome des fonctionnaires » dénonçant un « premier démantèlement du régime général de Sécurité sociale ». Puis, à compter de 1959 jusqu’à 1967, il fut vice-président chargé de l’organisation de la Prévoyance au sein de la MGEN, en particulier de la Garantie mutualiste en cas de décès. Il participa à la mise en place et au suivi de sections départementales. Péan a également œuvré au sein de la Fédération nationale des mutuelles des fonctionnaires et agents de l’État.

Grièvement blessé aux jambes le 14 novembre 1969, au Mans, par une voiture en stationnement régulier mais qu’une autre, circulant, avait violemment heurtée et poussée sur le trottoir, André Péan fut amputé du pied droit puis subit une deuxième intervention chirurgicale au genou droit. Handicapé physiquement et souffrant, il renonça à ses mandats mutualistes au début des années 1970, assurant la présidence de la section jusqu’en 1972 et ne conservant plus que la vice-présidence de l’Association amicale des anciens et des anciennes élèves des Écoles normales du Mans.

André Péan, qui était Officier des Palmes académiques et chevalier dans l’Ordre national du Mérite (décret du 16 décembre 1966), fut inhumé civilement, de même que son épouse en 1999.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147529, notice PÉAN André, François par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 26 juin 2013, dernière modification le 2 juillet 2022.

Par Gérard Boëldieu

SOURCES : Archives de l’École normale d’instituteurs du Mans (aujourd’hui aux Archives départementales de la Sarthe) : liste des élèves de 1914 à 1940. — Bulletin départemental de l’Éducation nationale : tableaux annuels d’avancement des instituteurs ; élections professionnelles ; décorations. — L’Instituteur syndicaliste, organe de la section sarthoise du SNI. — Centre régional des Archives historiques (CRAH) des Assurances sociales et de la Sécurité sociale, au Mans : personnel de la Caisse départementale des Assurances sociales (boite 20/71) ; personnel de la Caisse primaire de Sécurité sociale (boite 20/1). — Section de la Sarthe de la MGEN, 1947-1997, 50 ans de Solidarité. — Bulletin de la section de la Sarthe de la MGEN. — P. Rivière, « Après l’accident de M. Péan, président de la MGEN », Le Mutualiste sarthois, 4e trimestre 1969. — Éditions locales d’Ouest France et Le Maine Libre du 4 juillet 1985 : faire-part de décès. — Discours de René Busson aux obsèques d’A. Péan, documentation SNI et MGEN et recherche effectuée par André Lainé. — Renseignements sur les parents d’André Péan fournis par son neveu, Yves Péan, et complétés à l’aide de l’état civil du Mans et de La Suze. — Notes de René Crozet, de Jacques Girault, d’André Lainé et de Charlotte Siney.

Iconographie : Photographie dans les années 1970.

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