GRADOS Paul

Par François Ferrette

Né le 17 octobre 1868 aux Riceys (Aube), mort le 26 mai 1934 aux Riceys ; peintre, dessinateur ornementiste puis employé municipal à Paris, poète et journaliste ; guesdiste ; membre du POF, délégué aux congrès nationaux du POF en 1897,1900, 1902, du Parti socialiste de France en 1903,1904, 1905, aux congrès de Japy, Wagram et au congrès du Globe et de Chalon en 1905 ; secrétaire de la Ve section de la SFIO de la fédération de la Seine ; candidat aux législatives en 1902 et 1906. Socialiste, membre de la SFIO après le congrès de Tours (1920).

Page de garde du recueil d’E. Pedron, 1906, signé P. Grados
Page de garde du recueil d’E. Pedron, 1906, signé P. Grados

Fils d’un membre du parti, Alphonse Grados (1838-1909), ouvrier peintre, maire et conseiller général des Riceys. Sa mère était modiste. Elève boursier à l’école primaire supérieure de Bar-sur-Seine entre 1883 et 1885, Paul Grados obtint le brevet élémentaire et était pourvu d’un prix de dessin du ministère des Beaux-arts. Il vint à Paris en 1888. Selon les Hommes du Jour, il essuya les coups de feu de la gendarmerie, place de la république aux obsèques de Eudes en août de la même année.

Libéré de ses obligations militaires en 1892 après trois ans de service durant lequel il risqua le Conseil de guerre pour avoir incité ses camarades à ne pas tirer sur les manifestants le 1er Mai.

Paul Grados exerça la profession de peintre en bâtiment jusqu’à l’âge de 28 ans puis dessinateur ornementiste. Il était considéré comme un excellent dessinateur. Il fut employé en mars 1897 à l’Assistance publique (recrutement sur concours).

Membre du POF dès 1896, membre fondateur du Syndicat des Employés municipaux de Paris, il fonda le premier groupe guesdiste dans la première circonscription du Ve arrondissement. Il collabora comme journaliste et dessinateur au Socialiste, l’organe officiel des guesdistes. Il était secrétaire du groupe du Ve arrondissement en 1902, membre du conseil central du Parti socialiste de France (parti regroupant guesdistes et vaillantistes) en 1904. Dans l’Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative, il était considéré comme un des principaux guesdistes.

Lors de la création de la SFIO, il devint secrétaire de la Ve section mais en démissionna à la suite d’un vote approuvant la combinaison de Painlevé dans une élection municipale à la Sorbonne. Il fut désigné au congrès de Limoges en 1906 au titre de la délégation de la Seine. Il fut membre de la Commission administrative permanente en remplacement de Bracke démissionnaire en 1908. Mais il ne fut pas réélu en 1909. En 1911, il fi partie encore une fois de la délégation de la Seine au congrès national à Saint-Quentin (16-19 avril 1911) mais n’y intervint pas.

Candidat du Parti aux élections législatives en 1902 à Corbeil (Seine-et-Oise), Bar-sur-Seine (Aube) en 1906, 1910 et 1914. Candidat aux élections municipales dans le 5e en 1912 et en 1919. En collaboration avec Jean Lorris, il écrivit et illustra un livre, intitulé le Petit Pierre (texte et dessins).

Petit à petit, Paul Grados devait s’éloigner de la direction socialiste en même temps que le guesdisme se désagrégeait. En 1912, il fit paraître un court article dans Le Socialisme, revue guesdiste datée du 21 septembre, dans lequel il annonçait la création d’une « ligue antimaçonnique intercorporative des employés de l’Etat » dont il était le secrétaire pour la section de l’Assistance publique. Il accepta d’écrire, un des premiers, dans Terre libre en 1913-1914, journal ouvertement antisémite. Une lettre de sa part y fut d’ailleurs publiée en novembre 1911, quelques mois après la polémique sur le caractère antisémite dans cet organe qui avait suscité une levée de bouclier de la presse ouvrière. Y avait-il eu un lien entre son engagement antimaçonnique et son rapprochement avec Terre libre ? En tout cas son éloignement de la direction de la SFIO se manifesta lorsqu’il s’opposa à la politique blocarde dont il suspectait une influence franc-maçonne. Il continua à écrire dans Terre Libre mais aussi dans une nouvelle publication, La Lutte de Classe, tendance animé par Achille Cambier dans la SFIO. Il y écrivit dès son premier numéro du 24 mai 1913. Le groupe que Cambier forma allait scissionner et former une nouvelle organisation, le Parti ouvrier, dès janvier 1914. Mais il ne fut pas suivi par Paul Grados. A cette date, il collaborait à la nouvelle revue guesdiste Socialisme et Lutte de Classe qui parut justement au moment du départ des « cambiéristes ». Ce n’était certainement pas un hasard de calendrier, l’organe guesdiste reconnaissait dès son premier numéro du 1er janvier 1914 l’existence de divergences politiques dans ses rangs et se déclarait prêt à les voir s’exprimer dans ses colonnes. Par ailleurs, la direction guesdiste, Guesde et Bracke en tête, avait condamné la politique du Bloc des gauches et le répétait de mois en mois. Aux yeux de Paul Grados tous ces éléments concouraient sans doute à le rassurer et à le maintenir dans la SFIO.

A la veille de la Grande Guerre, Paul Grados collaborait indifféremment avec les guesdistes et à Terre Libre sans pourtant jamais y écrire d’articles antisémites. Dans Socialisme et Lutte de Classe, il reprit sa chronique « au jour le jour », très appréciée des militants, et écornait de temps à autre les francs-maçons. Après les législatives de mai 1914 où la SFIO gagna 280 000 voix, il écrivit dans Socialisme et Lutte de Classe que « notre Parti devient une force avec laquelle il faut compter sérieusement ».

Paul Grados ne fit pas parler de lui pendant la Première Guerre mondiale. Son nom apparait une fois dans l’Humanité en juillet 1918, à l’occasion d’une conférence à destination des originaires de l’Aube. En 1919, il se présenta aux municipales dans le Ve arrondissement de Paris (quartier Saint Victor) et regroupa 1598 voix, ce qui ne fut pas suffisant pour l’élire. Albert Bérard, républicain national, emporta le siège avec 3271 voix. Il soutint le Populaire, l’organe centriste de Paul Faure. Après le congrès de Tours, il resta à la SFIO.
Le 22 juin 1933, Paul Grados fut membre du conseil d’administration de la Société des Amis de Jules Guesde. Il écrivit des contes imprégnés de la pensée socialiste qu’il signait Pétrone.
A son décès, le Populaire rappelait que « Jules Guesde et Paul Lafargue le tenaient en grande estime et ses compagnons de lutte appréciaient hautement ses rares qualités Intellectuelles, sa bonhomie et sa jovialité. ». Il était noté célibataire dans son acte de décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147625, notice GRADOS Paul par François Ferrette, version mise en ligne le 3 juillet 2013, dernière modification le 5 août 2015.

Par François Ferrette

Page de garde du recueil d'E. Pedron, 1906, signé P. Grados
Page de garde du recueil d’E. Pedron, 1906, signé P. Grados
Paul Grados
Paul Grados

ŒUVRES : contes pour enfants dans Les petits bonshommes ; Petit Pierre sera socialiste (avec Jean Looris) ; poèmes ; illustrations dans la presse socialiste.

SOURCES : Les Hommes du Jour, 8 mai 1912. —L’Humanité, La lutte de Classe. — Le Socialiste, Le Socialisme. — Socialisme et Lutte de Classe, La Défense des Travailleurs de l’Aube. — Le Droit du Peuple (Grenoble), Le Travailleur du Nord. — État-civil des Riceys.

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