ANNOTIAU Julien.

Julien Annotiau est l’aîné de dix enfants (six frères et trois sœurs). Il est le fils de Faustin Annotiau (1855-1905), piocheur aux chemins de fer de l’État, et d’Élisa Sartiau (1863-1928). Simple ouvrier métallurgiste, Annotiau participe très tôt au mouvement syndical et à la lutte politique dans les rangs du Parti ouvrier belge (POB).

Après la Première Guerre mondiale, sous l’impulsion des métallurgistes de Boussu-centre, les socialistes conquièrent la majorité absolue et assument la direction de la commune. Jusqu’à cette date, dans les communes à majorité socialiste, il n’y avait que des bourgmestres faisant fonction, ceux-ci refusant de prêter serment au roi et à la Constitution. Le 16 juin 1921, le Comité de la Fédération boraine du POB décide d’intervenir auprès des ministres socialistes afin de faire régulariser cette situation ambiguë. Les Borains obtiennent satisfaction et, le 12 août 1921, la population de Boussu peut improviser une manifestation de sympathie en l’honneur de Julien Annotiau, à l’occasion de sa nomination comme bourgmestre. Un cortège se forme pour se rendre aux maisons du peuple de Boussu-Bois et de Boussu-Centre. Tout au long du parcours, Annotiau est l’objet des marques de la plus vive sympathie. La commune a un air de fête. « Partout, ce ne sont que drapeaux, arcs de triomphe, gens endimanchés » (…) « en l’honneur du simple ouvrier qui, par la volonté du suffrage universel, est parvenu à la première magistrature d’une commune réputée forteresse inexpugnable de la bourgeoisie industrielle et financière » (Voir FOURMANOIT L., Des luttes, des hommes ... et du Borinage. 1910-1925. Chronique, Mons, 1981, p. 134). La localité est dès lors gérée à la satisfaction générale.

La Fédération locale du parti s’occupe beaucoup de politique communale et exerce un contrôle sur les activités des conseillers communaux. Il en résulte de nombreux conflits. Ainsi en 1929, se produit une scission dans le camp socialiste. L’opposition est en partie celle d’un hameau de Boussu, Boussu-Bois, peuplé de mineurs devenus majoritaires au sein de la Fédération locale du POB. Boussu-Centre, où vivent et militent de nombreux métallurgistes, est plus bourgeois. Julien Annotiau refuse de se soumettre à une décision de la Fédération socialiste du Borinage. Avec un conseiller et deux échevins, il en est exclu. Comptant sur sa popularité, non seulement parmi les socialistes, mais encore dans les milieux catholiques, Annotiau forme aussitôt un parti dissident. Lors des élections communales de 1932, sa liste obtient 29% des voix et quatre élus : deux socialistes et deux catholiques. De nombreux catholiques ont voté pour lui, sans se soucier de l’étiquette socialiste. Cela n’empêche pas le POB de garder la majorité avec sept sièges sur treize. Le rôle éminent qui a été celui de Julien Annotiau commence dès lors à s’estomper. En 1938, les dissidents élus obtiennent encore près de 22 % des voix et trois élus. Ils reproduisent le mode d’organisation du POB en animant une société de secours mutuels affiliée aux mutualités neutres.