RÉGIS Marcel [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 14 avril 1892 à Orléansville (Chlef), mort le 30 juillet 1946 à Montpellier (Hérault), élu de Front populaire député SFIO d’Alger (1936-1942).

Contrôleur principal des contributions directes à Alger, Marcel Régis est candidat SFIO aux élections législatives de 1936 dans la circonscription d’Alger-Mustapha ; il est élu au second tour le 3 mai 1936 grâce à l’accord de désistement de Front populaire, avec 11 132 voix contre 9 704 à Richuier, candidat de droite. À la Chambre des députés, il est membre de la Commission des finances et de la Commission du suffrage universel. Au titre de la première de ses commissions, il est rapporteur du budget pour la marine marchande qui concerne les intérêts des compagnies de navigation ; il propose en 1937 d’accorder des crédits spéciaux aux armateurs pour limiter la hausse des taux de frets.

À la tribune de la Chambre, il avait le 30 juin 1936, dénoncer les Croix-de-Feu qui en Afrique du Nord, excitent les populations européennes et musulmanes contre la population israélite. On sait que le président du conseil Léon Blum ne communique aux élus d’Algérie, la teneur de ce qu’on nomme le projet Blum-Viollette qui prévoit un élargissement modeste des droits politiques aux Algériens dans le statut musulman, que le 30 décembre 1936. Le Populaire en publie la première version le 10 février 1937. C’est devant la Commission du suffrage universel, que Marcel Régis s’emploie d’abord à répondre aux arguments de la campagne colonialiste qui s’élève en Algérie contre le projet ; il répond notamment aux fantasmes sur la polygamie pour donner son approbation au vote dans le statut musulman tout en restant partisan de limiter cet électorat.

Alors que son collègue député SFIO d’Oran, l’instituteur Marius Dubois fait une forte campagne dans les villes d’Oranie pour défendre le projet, celle de Marcel Régis dans l’Algérois semble plus mesurée. Elle ne l’est certes pas dans ses déclarations d’intention : « Lorsque Dubois et moi prendrons la parole à la Chambre, nous le ferons au nom de tous les électeurs républicains sans doute, mais aussi au nom de l’unanimité des 7 millions d’indigènes » (Le Populaire, 17 janvier 1937). Il approuve la démarche de la Commission Lagrosillière, député SFIO des Antilles, en Algérie en juillet 1937, mais se consacre par la suite principalement aux questions maritimes, fiscales et commerciales.

En 1939, Marcel Régis s’oppose aux décrets-lois dits décrets Paul Raynaud, qui achèvent, au nom de la défense nationale, de suspendre la législation de Front populaire. Le 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, et reste député sous Vichy jusqu’à la fin de mandat en 1942.

Il collabora à L’Effort, journal socialiste publié en zone non-occupée et y défendit une politique de collaboration idéologique avec l’Allemagne.

Il fut exclu du Parti socialiste en novembre 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152051, notice RÉGIS Marcel [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 7 janvier 2014, dernière modification le 17 février 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : M. Kaddache, La vie politique à Alger de 1919 à 1939. SNED, Alger, 1970. — J-L. Planche, Antifascisme et anticolonialisme à Alger à l’époque du Font populaire et du Congrès musulman. Thèse de IIIe cycle, Université de Paris 7, 1980. – Notice M. Régis par J. Binoche dans Parcours, op.cit., n° 9, 1988. — A. Koulakssis, Le parti socialiste et l’Afrique du Nord de Jaurès à Blum. A.Colin, Paris, 1991. – L’OURS, n° 168, mars-avril 1986. — Notes de relecture de J.-L. Planche.

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