Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell
Née à Barcelone le 1er janvier 1919, morte à Montady (Hérault) le 8 juin 2010. Couturière, poète, militante de la FIJL et de Mujeres Libres, puis du MLE.
Sara Berenguer Laosa, dont le père militant libertaire fut tué au front en 1936, était l’aînée de cinq enfants. A l’âge de 13 ans elle avait commencé à travailler dans une boucherie, puis dans un atelier de broderie. Devenue couturière elle travailla ensuite dans un atelier puis à son compte jusqu’en juillet 1936.
Dès le soulèvement franquiste elle participa au Comité révolutionnaire du quartier de Las Corts (Barcelone) jusqu’en juin 1937, au Comité révolutionnaire du syndicat du bois aux côtés d’Antonio Santamaria, où elle assura les tâches de mécanographe et de comptable. Parallèlement elle exerçait des responsabilités au comité local des Jeunesses libertaires (FIJL), au groupe Mujeres Libres et fut la secrétaire de l’Ateneo Libertario où elle faisait fonction d’institutrice. En mai 1937 elle participa aux affrontements avec les staliniens. Au printemps 1938 elle fut nommée au Comité national de la Solidarité internationale antifasciste (SIA) avec Angel Aransaez et effectua de nombreuses visites sur le front. A l’automne 1938 elle était nommée secrétaire de propagande de l’organisation féminine Mujeres Libres.
Passée en France lors de la Retirada, elle reprit du travail à la SIA de Perpignan, ce qui lui permit d’éviter les camps, tandis que son compagnon Jesus Guillen était interné à Agde. Pendant l’occupation nazie, elle fut membre du groupe CNT de Bram et assura les liaisons avec la Résistance dans l’Aude, l’Ariège, l’Hérault et la Haute-Garonne. A la Libération, elle milita à la CNT du Languedoc et participa notamment à la réorganisation de la SIA et de la FIJL dans le sud de la France. En 1947 elle était la responsable des cours de sténographie organisés par la CNT pour les réfugiés et participait activement aux groupes de théâtre organisés par le mouvement libertaire. Elle fut également la responsable avec Suceso Portales de l’organe Mujeres Libres (Londres-Montady, 1964-1976, 47 numéros). Puis elle dut cesser de militer dans les années 1950 à la suite de problèmes de santé, tout en poursuivant des activités culturelles et artistiques.
Au début des années 1960 elle fut très liée aux groupes activistes de l’organisation, notamment autour d’O. Alberola, Cipriano Mera et A. Cañete. En 1965, suite aux luttes intestines au sein de l’organisation, elle fut exclue de la CNT et participa par la suite aux activités du groupe publiant le journal Frente Libertario. En 1973 elle était membre de la Commission de relations des groupes confédéraux de cette tendance dont elle contribua à organiser à Narbonne certaines des conférences annuelles.
Sara Berenguer, qui était la compagne de Jesus Guillen Bertolin, a collaboré, outre Mujeres libres, à un très grand nombre de titres de la presse libertaire et à plusieurs anthologies de poésie. Elle a témoigné dans le film "De Toda la Vida" (Toutes nos vies), tourné dans sa maison de Montady. Elle fut également à l’initiative du livre Mujeres libres : luchadoras libertarias (Madrid, Ed. FAL, 1999 ; trad. fr., Los Solidarios, 2000). Lauréate de plusieurs prix de poésie, mère de quatre enfants, elle est décédée le 18 juin 2010.
Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell
ŒUVRE : Entre el sol y la tormenta (1988, mémoires) - Femmes d’Espagne en lutte, Lyon, ACL, 2011.
SOURCES : M. Iñiguez, Enciclopedia…, op. cit. – Jacinta Rausa, Sara Berenguer, Paris, Monde libertaire, 2000.