DEFFERRE Gaston [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Avocat initié aux milieux coloniaux, à Dakar par son père, et lié à la bourgeoisie marchande de la Chambre de commerce de Marseille, se situant à la gauche de la SFIO au temps du Front populaire ; partisan dans la France du sud occupée en 1942, d’une Résistance propre au parti socialiste adossée à un réseau de renseignements ; devenant chargé de la France d’Outre-mer à la SFIO ; maire de Marseille de 1953 à 1986, député ou sénateur, directeur du Provençal ; secrétaire (1946-1947) et ministre de la Marine marchande ou de la France d’Outre-mer sous la IVe République, auteur de la loi cadre de 1956 pour les colonies africaines, isolant la guerre d’indépendance algérienne ; ministre de l’intérieur et de la décentralisation sous la Présidence de François Mitterrand. Présent ici pour la part coloniale et néocoloniale de son action peu évoquée dans les deux notices du Maitron ( t.24 et nouvelle série, t. 4).

C’est sur le grand domaine viticole (60 hectares) à Marsillagues dans l’Hérault (vignoble du Languedoc), propriété de sa famille maternelle, du nom de Causse, qu’est né le 14 septembre 1910, Gaston, Paul, Charles Defferre. Sur le point d’accoucher, sa mère n’eut pas le temps de regagner à Nîmes, la résidence familiale qui accompagne l’héritage de la lignée des Defferre, magistrats, avocats ou plus modestement avoués. La sœur aînée de « Gastounet », Maryse Defferre épousera en 1930, André Cordesse, industriel de Marseille, dirigeant avec son frère, une grosse entreprise d’huilerie et savonnerie, ayant leurs villas dans le quartier de la promenade de la Corniche au sud de la ville, où s’établira aussi après 1935, en famille, Gaston Defferre jusqu’à sa disparition le 7 mai 1986. André Cordesse sera après la deuxième guerre mondiale, président de la Chambre de commerce de Marseille contrôlée par la grande famille négociante, industrielle, rentière et donnant des hommes aux carrières diplomatiques et des femmes à la vie mondaine : les Charles-Roux.

Comme on dit encore à l’époque de jalousie entre bourgeoisies familiales et patrimoniales catholiques ou juives, ces héritiers appartiennent à la bourgeoisie protestante. L’éducation n’est pas fortement religieuse car le choix est républicain laïc, par l’autre héritage de résitance minoritaire protestante du refuge protestant, celui des Cévennes, qui porte à l’engagement dans les luttes politiques de la République dans les municipalités du Languedoc et de Provence, à Nîmes notamment où est établie aussi la famille Crémieux, celle d’Adolphe Crémieux, fondateur et président de l’Alliance israélite, auteur du décret de 1870 faisant français, « les Juifs indigènes » d’Algérie, député d’Alger de 1872 à 1875. Les jeunes gens pratiquent les sports d’élite, tennis à la mode anglo-coloniale, équitation et voile ; les mères éveillent à la musique classique et aux Lettres. Les liens avec le monde marchand existent bien, offrant des opportunités suivant l’axe colonial de la métropole à l’Afrique.

Paul Defferre, le père, appartient à une branche familiale protestante bourgeoise vouée à la magistrature et donc à l’État. Fils dépensier, il n’est qu’avoué, mais à la fin de la guerre de 1914-1918, en raison de ses dettes de jeu, il doit vendre son étude, et grâce à l’appui de l’homme politique influent du lieu, de famille protestante, le président Gaston Doumergue, il part avec la famille, se rétablir à Dakar, ouvrant un cabinet d’avocat prospérant par les milieux coloniaux. Il donne en outre des cours de droit ; Léopold Sedar Senghor dira bien plus tard avoir bénéficié de son enseignement, initié par lui au « socialisme démocratique ». En effet, l’orientation républicaine fait de ces protestants éclairés, des « socialistes » pour la SFIO en butte aux attaques du communisme dont ils rejettent l’adhésion au principe d’indépendance des colonies. Pour eux, l’avenir des colonies passe par « les évolués » de culture française, en général héritiers de familles localement dominantes ou promus par l’école de la République. L.S. Senghor se retrouvera à la SFIO.

Parce que les relations entre les parents se distendent puis se rompent, Gaston Defferre revient à Nîmes avec sa mère en 1920. Au lycée, il se distingue en sport : cheval, escrime (il sera peut-être le dernier homme politique à se battre en duel), moto et plus encore voile. Avant le baccalauréat, il fait un séjour en Angleterre, puis après, va s’inscrire en droit à la Faculté d’Aix-en-Provence. Il passe durant trois ans, de longs séjours d’hiver à Dakar auprès de son père, faisant l’apprentissage de la conduite d’un cabinet d’avocat, participant à la vie du « plateau » et approfondissant sa connaissance de la société coloniale, moins celle des colons, que celle des « Européens » libéraux en liaison avec la haute administration et les cercles instruits. Il revient passer ses examens à Aix ; il est suffisamment connu pour devenir un temps, président de l’amicale des étudiants.

Licencié en droit en 1928, il s’établit à Marseille comme avocat stagiaire ; il est premier secrétaire de la Conférence du stage, ce qui distingue son talent. Entrant en politique, il juge bon de compléter le droit, par un certicat d’études supérieures d’économie politique ; il s’inscrit au barreau de Marseille en novembre 1934 ; il exerce comme avocat d’affaires commerciales de 1934 à 1951, se préoccupant cependant de droit du travail à la demande de syndicalistes. Il participe aux débats de quartiers qui s’animent avec la marche au Front populaire surtout en faisant face à Jacques Doriot* qui a du succès dans l’implantation du PPF dans une ville très politiquement réactive entre les extrêmes de droite et de gauche, et agitée par la montée en puissance à l’extrême droite, de l’ancien communiste Sabiani et de son clan. Par antifascisme républicain, il apparaît se tenir à la gauche de la SFIO, votant en 1935, la motion Zyromski, proche des courants favorables au Front populaire d’Espagne ; Gaston Defferre est conforté dans ce choix par une étudiante de sympathie communiste, Andrée Aboulker qui achève ses études de médecine. Ils se marient le 13 septembre 1935.

Fille de médecins d’Alger, de famille juive, André Aboulker est venu terminer ses études à Marseille. Leur collaboration frontiste se poursuivra dans les Mouvements Unis de Résistance (MUR) en

1943. Le couple vient à Alger quand s’établit le gouvernement de la France libre. Si Gaston Defferre qui pense bien plutôt à la mairie de Marseille, décline la possibilité d’entrer à l’Assemblée consultative, Andrée Aboulker est une des dix femmes, cooptée à cette assemblée, au titre des MUR précisément. Elle y retrouve, le héros du « complot d’Alger » pour accueillir les Alliés en novembre 1942, son cousin José Aboulker*, d’une autre famille juive algéroise de médecins et professeurs de médecine. Gaston Defferre et Andrée Aboulker divorcent en 1944. José et Andrée Aboulker se marient en 1947 et adhèrent au PCF (José Aboulker a été élu député communiste d’Alger, au titre du PCA).

À la libération de Marseille à laquelle il participe, Gaston Defferre est désigné à la tête de la Délégation spéciale ; il sera élu maire (et député) en 1945. La préfecture est confiée au Commissaire de la République Raymond Aubrac, par confiance de De Gaulle ; sa femme Lucie Aubrac est communiste. La rivalité à trois : socialistes, communistes, gaullistes, commande le jeu politique marseillais plus encore que national, jusqu’à la dissolution des milices patriotiques refusant sur place de devenir CRS et briseurs de grèves en 1947, rivalité relancée à chaque élection pour tenir la mairie. Hors politique, Gaston Defferre avait épousé en septembre 1946, Antoinette Swatters.

S’étant engagé en 1939, démobilisé à Marseille, dans la Résistance, l’activité de Gaston Defferre jouait sur deux plans, l’insertion dans un réseau de renseignements ayant ses propres agents et pénétrant les institutions, lié au BCRA, services gaullistes du gouvernement de Londres, réseau Froment d’abord, réseau Brutus ensuite dont il prend la direction, et très parallèlement, la reconstruction du parti socialiste dans le midi pour assurer sa place dans le front des Mouvements Unis de Résistance. On reconnaît la double ambition politique de Gaston Defferre : homme de pouvoir étatique présent dans les organes publics, et homme de parti, dirigeant régional et national.

Pour réorganiser et promouvoir la SFIO, aux côtés de Félix Gouin, il dirige pour la zone Sud à partir de 1943, les Comités d’Action Socialiste, assistés de quelques « milices socialistes »,et s’efforçant de constituer leur propre front d’alliés dans le mouvement prenant le nom de « France au combat » pour contrebalancer le mouvement de « La France combattante » où se retrouvent en nombre, communistes et gaullistes de gauche, appuyé par la CGT. La rivalité est agissante sous couvert, affrontant la puissance du syndicalisme ouvrier entraîné par le militantisme communiste.

On retrouve les combats pour la mairie de Marseille et le pôle communiste animé par François Billoux, qui ne cèdent éventuellement qu’à l’alliance de second tour, quand elle apparaît indispensable. Gaston Defferre piaffe quand la mairie est tenue en 1946 par le communiste Jean Cristofol. En 1947, conséquence de la guerre froide et de l’opposition entre socialistes et communistes, la mairie échoit au gaulliste (RPF) Michel Carlini ; en 1953, Gaston Defferre reconquiert la mairie en faisant des alliances à droite dans le MRP et parmi les gaullistes ; il restera maire de Marseille, non sans balancer les alliances, jusqu ’en 1986.

Son ascension s’effectue au plan national au parti socialiste et au gouvernement. Il est d’abord en 1946, auprès du chef de gouvernement, le socialiste Félix Gouin, Secrétaire d’État chargé de l’information. Il fait passer la loi sur la dévolution des biens des entreprises de presse ayant « collaborés » sous Vichy, aux journaux de la Libération, ce qui conforte l’assise du Provençal, groupé avec Le Soir à Marseille et La République à Toulon. Gaston Defferre, bourreau de travail et soupçonneux, relit toutes les lignes du journal avant sa sortie ; son assise régionale passe par la presse. Après avoir refusé l’investiture de Maurice Thorez à la tête du gouvernement, il devient en décembre 1946, Sous-secrétaire d’État à la France d’Outre-mer dans le gouvernement de Léon Blum ; il sera par deux fois, ministre de la Marine marchande en 1950-1951, favorisant l’extension des chantiers navals, en particulier à Marseille-La Ciotat..

Depuis 1944, il fait partie du Comité directeur de la SFIO. Quand il n’est pas député, il passe sénateur ; surtout à travers les courants et fractions, il finit par dominer, secrétaire fédéral depuis 1950, la Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône qui contrebalance en puissance au sein du parti, les Fédérations du Nord-Pas-de-Calais, derrière Guy Mollet et plus tard Pierre Mauroy. Il n’est pas particulièrement blumiste, pour dire un fidèle de Léon Blum ; il participe en 1946 à l’éviction de Daniel Mayer quand Guy Mollet prend la tête de la SFIO, mais ne cesse de jouer sa propre partie de potentiel candidat au premier rôle dans le parti, ou plus aventureuse, de candidature occasionnelle à la Présidence de la République.

Dans la crise de la CED, favorable à une armée européenne, il se tient aux côtés de Guy Mollet. Quand de 1951 à 1954, la SFIO se trouve écartée de participation au gouvernement, il s’associe à Pierre Mendès-France ; il a un œil sur les Étudiants socialistes, en refusant les inclinations à gauche ; son rêve est de transformer le parti socialiste, en parti travailliste sur modèle britannique ; mais en fait de base syndicale, il ne peut s’appuyer que sur FO, quitte à regarder vers l’évolution de la CFTC qui deviendra la CFDT.

Du fait de ses liens parlementaires avec des députés africains et plus encore de relations entretenues avec les socialistes des colonies, il prend, dans l’ombre, la place de Marius Moutet, de grand consultant au sein de la SFIO en matière coloniale, sinon de chargé de la France d’Outre-mer, au bénéfice de la nouvelle appellation. Selon la distribution des intérêts marchands des Chambres de commerce française plus que sur des accointances avec les milieux colons, en visiteur périodique et régulier, il entretient le réseau des socialistes d’Outre-mer, particulièrement d’Afrique noire française et de Madagascar.

Son républicanisme français met ses espoirs de conserver une présence privilégiée dans le domaine colonial, en se liant aux « indigènes évolués », formés à l’école française et familiers des dirigeants politiques socialistes. Sa position est donc plus évolutive que celle défensive de Marius Moutet, illustrée par la catastrophe de la guerre d’Indochine ; ce sont précisément les guerres d’indépendance qu’il faut prévenir en élargissant les marges d’autonomie intégrant les hommes politiques africains et en jouant des négociations et des alliances. Il ne s’agit pas d’anticolonialisme, comme il le manifeste dans son opposition à l’action contre la guerre d’Algérie du PSA puis du PSU.

En mars-avril 1947, à la suite de l’horrible répression et des massacres à Madagascar, pour dédouaner les responsabilités gouvernementales, Gaston Deffferre fut chargé de l’enquête parlementaire sur place ; celle-ci ne cache pas la gravité de la situation et dit son alarme. Nous sommes sous le gouvernement Ramadier. L’application des directives de guerre froide dont le renvoi des ministres communistes, vont dominer l’actualité. Face à la guerre d’Indochine, Gaston Defferre incline vers Mendès-France et préconise les issues négociées allant jusqu’à l’interdépendance dans l’indépendance (formule d’Edgar Faure), soit une voie proprement néo-coloniale de sauvegarde du domaine réservé maintenant l’hégémonie française, étatique par hommes liges, et préservant les intérêts des compagnies coloniales françaises. Comme en politique intérieure et partisane à la recherche d’une troisième voie ou troisième force, hors dépendance communiste, en matière coloniale, il faut suivre une troisième voie qui évite les ruptures ainsi, qu’il est fait pour la Tunisie de Bourguiba, proche du parti socialiste, et pour le Maroc rétablissant le sultan qui devient roi.

Ce qui fait en effet problème, c’est la guerre ouverte en Algérie, sur l’autre rive de la France marseillaise et d’entrée et d’installation maghrébine, par les quais et la Porte d’Aix, symbolique, et dans les quartiers Nord de la ville qui sont aussi les lieux de militantisme communiste poussé à aller au-delà du slogan modéré de paix en Algérie. Député de Marseille aux élections du 2 janvier 1956, de Front républicain dont il est un des initiateurs de l’accord entre Mendès-France et Guy Mollet, Gaston Defferre, est choisi comme ministre de la France d’outre-mer dans le gouvernement de Guy Mollet (février 1956-juin 1957) En son rôle de second au parti socialiste, il n’est pas un fidèle de Guy Mollet ; il refuse la fonction de Ministre-Résidant (sic) en Algérie, qui sera donnée au socialiste à poigne qu’est Robert Lacoste qui a la bienveillance de l’armée quand Gaston Defferre a ses accointances dans les services et syndicats de police intérieure. Gaston Defferre craint les complots militaires sans oser entrer en dissidence lors du détournement d’avion d’octobre 1956 conduisant en prison les dirigeants du FLN.

Tandis que la guerre de maintien de l’Algérie française s’emploie à tenir le pays et les villes d’abord par tous les moyens, Gaston Defferre a une relative liberté de mouvement pour isoler la violence en Algérie, ce qui fait durer la guerre, en suivant une marche évolutive vers une solution fédérative assurant le salut de l’ancien empire par une communauté d’Outre-mer. Il laisse ainsi son nom aux deux lois-cadres de mars et juillet 1956, qui aboutiront à la formule transitoire de « communauté » africaine sous De Gaulle.

Pour l’Algérie, il tient ses distances avec les concessions de Guy Mollet aux coloniaux et plus encore le discours et l’action belliqueuse de Robert Lacoste. Aussi au Congrès de Lille de la SFIO, en juillet 1956, il fait adopter la motion qui préserve l’unité du parti, en dénonçant à la fois les rebelles et le terrorisme, et les ultras du colonialisme, et qui préconise la création d’une Algérie nouvelle. Au congrès de Toulouse, à la fin juin 1957, il soutient la motion favorable à une autonomie interne. Aussi à la fin de l’année, vote-t-il la loi sur le nouveau statut de l’Algérie du gouvernement Gaillard qui ne peut éviter la débâcle de la IVe République. En républicain, il est hostile à un régime militaire et autoritaire ; il ne vote donc pas la confiance au général De Gaulle. Dans une entrevue, le général De Gaulle lui aurait laissé entendre qu’il ferait la paix en Algérie par la négociation, aussi Gaston Defferre encourage les socialistes à voter oui au referendum d’octobre 1958. N’étant pas réélu député, revenant au Sénat, l’essentiel est de conserver la mairie de Marseille.

La recherche d’une troisème voie se situe maintenant dans le cadre accepté des intitutions de la Ve République, réglée par l’élection présidentielle. Bien qu’ayant voté contre l’élection du Président au suffrage universel, il entre dans l’opération de la candidature de « Monsieur X », préparée par le Club Jean Moulin adepte d’une 3e voie, et lancée par l’Express de J.J. Servan Schreiber dès septembre 1963 pour l’élection de 1965. Il tente de créer une Fédération démocrate socialiste ouverte au MRP et aux radicaux, portée par des clubs. En difficulté à la SFIO même, il se retire et apporte son soutien en 1965 à la candidature de François Mitterrand face au général. De Gaulle. Après le renoncement du général, en tandem avec Pierre Mendès-France qui doit être son premier ministre, il redevient candidat en 1969 contre Georges Pompidou ; l’échec est retentissant (à peine plus de 5 % des suffrages exprimés).

Pour la suite, il s’aligne sur François Mitterand et entre au nouveau Parti socialiste, acceptant l’union avec la gauche d’autant que la droite gagne en audience à Marseille. Le 30 octobre 1973, il devient pleinement une figure de baronnie marseillaise en épousant, en 3es noces, Edmonde Charles-Roux, femme de lettres de la puissante famille de grande bourgeoise ; sensible à l’orientalisme colonial, elle signera une volumineuse compilation consacrée à Isabelle Eberhardt. Donnant l’exemple de la régionalisation,, Gaston Defferre prend la tête de la Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur de 1974 à 1981.

La Présidence de François Mitterrand le ramène sur la scène nationale. Il devient ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation dans le gouvernement Mauroy en 1983-1984, donnant une nouvelle fois son nom à une loi, celle de la décentralisation précisément, qui distribue les pouvoirs entre régions, départements et communes, permettant une certaine autonomie, à commencer pour la Corse. Le ministre de l’Intérieur exerce aussi le contrôle de l’immigration, arrêtée pour l’essentiel depuis 1974. Gaston Defferre peut compter sur ses connaissances anciennes et ses relations auprès des Services et des syndicats de police. Il s’emploie à contourner les campagnes sécuritaires arguant du terrorisme, levées par la droite et l’extrême droite. La nouvelle loi sur les associations lui permet de capter vers le parti socialiste, l’émergence de leaders dans la jeunesse maghrébine (Marches pour l’égalité) ; l’application de la décentralisation offre aussi des possibilités de placement et subvention.

Sa puissance est amoindrie quand, n’étant plus ministre d’État, il passe de l’Intérieur au ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire, avant d’être mis à l’écart du gouvernement. Il a été maire de Marseille pendant 33 ans lorsqu’il meurt, après un malaise, le 7 mai 1986 à Marseille même. Il avait pratiqué jusqu’à la fin, la navigation à voile, sur son propre bateau : le Palynodie.

ŒUVRE : Outre ses nombreux articles dans sa propre presse : L’Espoir, clandestin, puis Le Provençal et autres, et ailleurs, ses préfaces faciles : Un nouvel horizon. Le travail d’une équipe, Gallimard, Paris, 1965 ; Si demain la Gauche… Réponse à Pierre Desgraupes, Préface de F. Mitterrand, Robert Laffont, Paris, 1977 ; L’Orient des Provençaux dans l’Histoire, Marseille, 1982.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156893, notice DEFFERRE Gaston [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 20 février 2014, dernière modification le 20 février 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat., Paris, Arch. Dép. Bouches-du-Rhône et presse locale et bibliographie, citées dans la notice par A. Olivesi, DBMOF, t.24. — Arch. de l’OURS, Arch. de Sciences-po., Paris, et bibliographie complémentaire, citées dans la notice par A.-L. Ollivier, DBMOMS, t. 4, 2008.

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