DONNAT Gaston, Louis, Joseph [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 13 juillet 1913 à Martigues (Bouches-du-Rhône), mort le 5 février 2007 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; réorganisateur de la cellule communiste des élèves de l’École normale d’Alger-Bouzaréah (1932) ; instituteur communiste à Tizi-Ouzou puis Bou-Haroun et Beni-Messous près Alger ; en poste au Cameroun (1944-1947), fondateur de l’Union des syndicats confédérés du Cameroun, membre de la FSM, et de l’Union des Populations du Cameroun ; Conseiller communiste de l’Union française (1947-1951) ; à nouveau en Algérie, instituteur puis directeur de l’école du Vieux Ténés, apportant son soutien au maquis communiste du Dahra et à son intégration dans l’ALN ; arrêté et détenu au camp de Lodi ; directeur d’école à Alger sous les coups de l’OAS ; après l’indépendance, contribue à la reprise de l’enseignement en Algérie ; de retour en France à la fin de 1965.

Les parents de Gaston Donnat avaient abandonné le difficile travail paysan près de Salon-de-Provence pour tenir un petit commerce à Martigues. « On choisit pour moi le métier d’instituteur. J’entrai donc à l’École Normale d’Aix-en-Provence en octobre 1930 » écrit-il dans son« itinéraire d’un anticolonialiste ». De l’éducation familiale à l’École normale, sa première formation est républicaine patriotique et laïque. Quittant son mari qui reste à Martigues, la mère tente avec un autre homme, ayant déjà deux enfants, une meilleure fortune dans le commerce à Alger ; le magasin d’alimentation route de La Bouzaréah périclitera, mais cette famille recomposée restera à Alger puis à Bône (Annaba) ; en fait, c’est la grand-mère maternelle qui veille sur le jeune garçon. À la fin décembre 1931, pour passer de l’Ecole normale des Bouches-du-Rhône à celle d’Alger-Bouzaréah, celui-ci débarque à Alger. « J’aperçus les travailleurs du port, les dockers vêtus de haillons, de sacs, nu-pieds en plein mois de décembre...Ce fut ma première approche du Peuple algérien ».

À l’EN, avec un camarade provençal venant d’Oran, Edouard Camizon* et quelques autres normaliens européens de la « section française », G. Donnat suit d’abord les réunions des Étudiants socialistes animée par le jeune étudiant de la Fac. d’Alger, Max-Pol Fouchet*, et qui se tiennent le plus souvent à l’École même. L’influence dominante est celle de professeurs socialistes qui laissent paraître leur absence totale de contacts dans la société algérienne. C’est un élève de première année de la « section indigène », Ahmed Smaïli*, qui leur fait découvrir la condition de colonisés, les pratiques d’exploitation coloniale et la discrimination foncière sous couvert de discours assimilationniste ; féru de Lénine, il parle de la Révolution prolétarienne dans les pays dominés même, fut-ce dans le long terme.

Ces nouveaux camarades refondent la cellule communiste de l’École normale (après la scission de la SFIO en 1921, il y en avait déjà eu une qui fut éphémère en ce milieu d’emprise socialiste française). La nouvelle cellule comprend deux « Européens » (E. Camizon et G. Donnat) et trois Algériens « indigènes », dont A. Smaïli et plus tard Abdelkader Kateb* ; la cellule gagne des adhésions. Ces élèves communistes participent aux quelques actions démonstratives des Jeunesses communistes dans les rues d’Alger, diffusent La Lutte Sociale en cette période basse de la Région communiste dirigée par Boualem (A. Belarbi*) qu’ils rencontrent quelquefois. Sur le conseil de A. Smaïli, à l’École, G. Donnat fait passer la propagande en organisant une section du Secours rouge dont le responsable est alors un militant courageux François Serrano* qui vient volontiers prêter son concours.

Le rejet de toute conciliation avec la SFIO est consommé par l’exclusion dont Ahmed Smaïli est victime. Une descente de police à l’Institut agricole de Maison-Carrée a saisi une correspondance échangée entre le responsable communiste de cette école, Gaston Thuillier* et Ahmed Smaïli qui parle évidemment de la cellule de La Bouzaréah ; ces activités communistes sont classées « antifrançaises » ; G. Thullier est exclu de l’Institut agricole et A. Smaïli de l’École normale. Pour justifier la mesure approuvée par les enseignants socialistes, un professeur membre de la SFIO va jusqu’à dire que des gens comme Smaïli mettaient en danger les instituteurs du bled qui risquaient d’être massacrés.

La cellule se fit clandestine. Retournés à Ménerville [Thénia] dont ils venaient tous deux, A. Smaïli et G. Thuillier entraînent bientôt leur camarade Donnat dans des rassemblements de Jeunesses communistes non seulement à Bordj-Menaïel mais dans des villages de Kabylie. « Pour la première fois j’avais approché la jeunesse algérienne réelle, celle des montagnes, celle de l’intérieur du pays. » G. Donnat en visite familiale, rencontre aussi les jeunes communistes de Bône au café maure autour du normalien Abdelkader Kateb*, et au port les syndicalistes et communistes regroupés par G. Palomba* et le cheminot Yacono*.

Muni du Brevet élémentaire et après trois mois de stage dans une école à Maison-Carrée, ayant obtenu le CAP d’instituteur « français », G. Donnat au 1er janvier 1934 débute comme chargé de l’école à Cap Matifou à l’extrémité de la baie d’Alger ; il n’y a, et encore par protection, que deux élèves algériens au milieu des fils de colons. Communiste isolé, il est rattaché au Comité du plateau Saulière à Alger et au reste rejoint en ville les manifestations de février 1934 puis les rassemblements qui suivent, avant de partir au service militaire. Il est affecté à l’École des Apprentis marins indigènes au port d’Alger, découvrant le quartier mêlé de La Marine. À la fin de 1935, au bureau de la Région communiste, il rencontre l’instructeur Barthel* (Jean Chaintron), auteur de la fameuse circulaire sur la nation colonisée, et voit ensuite arriver le jeune Élie Mignot* qu’il retrouvera plus tard à la Section coloniale du PCF.

À la mi-octobre 1935 rendu à la vie civile, G. Donnat a été nommé à l’école de garçons de Tizi-Ouzou. Son point de chute est la maison du « camarade Caracéna »*, atelier de cuir et magasin de sandalettes, le véritable centre de formation et de propagande révolutionnaire ouvrière, et aussi relais des instituteurs kabyles de la revue La Voix des humbles, lieu de préparation des manifestations et refuge des propagandistes de passage d’Algérie, de France et d’ailleurs. Littéralement Gaston Donnat épouse la maison Caracéna ; « je rencontrai la compagne qui ne me quittera plus, la fille du Camarade Caracéna*, Liberté Caracéna* », Lili.

En juin 1936 le couple va habiter Hussein Dey où Gaston Donnat est nommé. Deux années partagées entre les succès et les désillusions de Front populaire, la pratique du camping avec le secours des Auberges de Jeunesse qui forment un réseau animé par des militants communistes ou plus à gauche, puis la naissance de deux jumelles en 1938 dont l’une meurt l’année suivante. Il est aussi, depuis qu’il est instituteur, un syndicaliste actif du SNI. Depuis la rentrée d’octobre 1938, Gaston Donnat a rejoint l’école de Bou-Haroun, village de pêcheurs à cinquante kilomètres à l’ouest d’Alger ; la famille occupe le logement de fonction au-dessus de l’école.

Rappelé à deux reprises dans la marine à Alger, G. Donnat est démobilisé en juillet 1940 ; il reprend l’école sous la surveillance de la Légion des combattants, et plus encore la vie de famille à Bou-Haroun ; un garçon naît en 1941. Sans trouble après le pacte germano-soviétique, il a quelques contacts à travers son beau-frère, Univers Caracéna, qui fait les déplacements à vélo, avec les communistes clandestins qui se cachent sur ce rebord de la Mitidja comme Gaston Yvorra* et Paul Caballero*, avec Ahmed Smaïli abrité par Gaston Thuillier dans le haut de Belcourt à Alger. Il comprend que le grand souci est celui de la ronéo pour sortir les tracts et La Lutte Sociale  ; le contenu le déconcerte et il passe en dehors de la reconstitution d’un Comité central autour des anciens des Brigades et de Thomas Ibanez*.

Il fait confiance à P. Caballéro* et au couple Yvorra pour suivre fidèlement les positions soviétiques. Il prête quelque assistance sur place au passage par sous-marin du général Clark pour préparer le débarquement allié ; il se trouve au courant donc de l’opération. En octobre 1942, la famille gagne Beni Messous entre Bouzaréah et Alger où il vient d’être nommé directeur de l’école annexée à l’orphelinat de la ville d’Alger. C’est de là qu’il suivra à la fenêtre, le débarquement du 8 novembre 1942. À travers les troubles de l’année 1943, il est à nouveau mobilisé dans la marine. En novembre 1943, quand le Comité français de libération nationale du général De Gaulle renouvelle le personnel d’administration des colonies, il répond à l’appel de volontaires ; la Marine nationale le met à la disposition du Gouverneur du Cameroun.

Gaston Donnat devient chef de secteur scolaire de 1944 à 1946 puis directeur de l’École professionnelle de Douala en 1946-1947. Son titre de gloire par la suite sera d’avoir créé et animé le Cercle d’études marxistes de Yaoundé qui fonctionne comme une école communiste de cadres. Il se dépense à organiser le mouvement syndical autour de Yaoundé puis à l’étendre par points et en réseau. Il se trouve ainsi à l’origine de l’Union des syndicats confédérés du Cameroun dont il devient le premier secrétaire général, sur le modèle de la CGT mais au programme africanisé, et prend part à la fondation de l’Union des populations du Cameroun d’inspiration communiste dont il aura la carte d’adhérent n° 1 ; il a conduit à la direction de l’UPC Ruben Oum Nyobé assassiné par les services et les gendarmes français en 1958.

À la mi-avril 1947, il avait participé à la deuxième conférence de la Fédération syndicale mondiale (FSM) aux côtés du dirigeant syndical et communiste français André Tollet, qui a en charge au titre de la CGT les questions coloniales. André Tollet compte sur lui pour être son collaborateur à Paris. Le PCF va lui attribuer un de ses vingt quatre mandats de conseiller de l’Union française dont l’Assemblée siège à Versailles, et l’employer à Paris à la Section coloniale dont André Marty* reste responsable, aux côtés de Paul Vergès et de Raymond Barbé* chargé de l’Afrique noire, tandis qu’Élie Mignot* s’occupe de l’Afrique du Nord et Léon Feix* de l’Algérie.

De la fin 1947 à la fin 1951, la vie en région parisienne ne va pas être simple sur la médiocre ristourne qu’accorde la trésorerie du parti entre les problèmes de santé de sa femme dépressive et souhaitant le retour en Algérie, la surcharge des tâches documentaires, des réunions et des déplacements en mission ; le PCF lui « fait suivre » en outre la Fédération de la Seine maritime.

Membre des commissions des Affaires sociales et des Affaires culturelles de l’Assemblée de l’Union française, G. Donnat accomplit de longues missions pour le PCF en Afrique équatoriale et à Madagascar en 1948, en Afrique occidentale ensuite pour assurer l’alliance entre le PCF et le Rassemblement Démocratique africain, le parti de Gabriel d’Arboussier et d’Houphouet-Boigny, députés apparentés. En 1950, la rupture entre le RDA et le PCF vaut la mise à l’écart de R. Barbé* de la section coloniale, ce qui promeut à de plus grandes responsabilités E. Mignot* et L. Feix*. Tant du point de vue syndical que pour le parti, Gaston Donnat est chargé des problèmes d’immigration coloniale comprenant la Commission nord-africaine de la CGT et la publication du Travailleur algérien en France. En 1951, il accomplit encore une longue mission aux Antilles françaises.

Le mandat de conseiller de l’Union française prend fin en 1951. Il prépare alors son retour en famille en Algérie qu’il retrouve en juillet 1952. Il est tout heureux de faire la classe le 1er octobre 1952 à l’école de garçons de Saint-Ferdinand dans le sahel d’Alger. La distinction entre catégorie A pour écoles et instituteurs français, et catégorie B pour écoles et instituteurs indigènes, vient juste d’être abolie (voir à Mohand Léchani*) ; aussi les élèves algériens sont les plus nombreux dans la classe unique de près de soixante élèves. Il doit adapter l’enseignement et décoloniser le contenu des programmes. Aux vacances, il ajoute l’organisation de colonies de vacances en montagne (Djurdjura en Kabylie ou à Chréa au-dessus de Blida).

Se remettant en question et plus encore s’interrogeant sur le rôle du parti communiste en situation coloniale, il traverse, comme il le dit lui-même, une crise morale. Il n’a plus aucun contact avec des responsables communistes ; lit seulement Liberté, et Alger Républicain. Il va bientôt ajouter la lecture d’Alger Libre, à la suite de conversations avec l’épicier kabyle du lieu qui s’avère être le responsable local du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques). Il se laisse gagner à l’idée d’organiser des cours du soir pour les hommes adultes souhaitant s’alphabétiser en français. Comme le note la police, ces cours du soir servent de réunions des nationalistes. À ces contacts, mûrit en lui la prise de conscience de l’écart entre le parti communiste, fut-il PCA (Parti communiste algérien), étroite minorité et minoritaire dans sa conception de l’Algérie algéro-algérienne retenant la présence européenne et dénonçant le nationalisme du parti adverse appelant à une libération immédiate.

Au mouvement de mai 1954, il obtient enfin une proposition de direction d’école ; ce sera celle de l’école de garçons du Vieux Ténès, ancienne école indigène mal entretenue qu’il remet en état, ouvre largement aux Algériens. Il intervient dans la dernière campagne électorale du PCA en avril 1955. Pour l’UGSA (Union générale des syndicats algériens, CGT), il monte encore un camp dans les Monts de Tlemcen dans l’été 1955. C’est qu’avec Rabah Benhamou* qui s’appuie sur les mineurs du Dahra et les dockers du port, et le Dr Masseboeuf*, une personnalité locale fidèle au communisme, il a reconstitué une cellule active du PCA. Sous les attaques des groupements coloniaux et de la mairie, il est en bonne entente avec le responsable du FLN (Front de libération nationale) qui est un collègue de l’école (M. Eddaïkra, le maître d’arabe).

Quand R. Benhamou* met en place dans la montagne du Dahra, un groupe de partisans communistes des Combattants de la libération qui doit appuyer le maquis de l’Ouarsenis, il apporte son aide, notamment au transport des armes venant du camion détourné par Henri Maillot*. Après le démantèlement du maquis fin mai 1956, c’est à la diligence de Gaston Donnat derrière l’école du Vieux Ténès que se tient la rencontre entre Abdelkader Babou* qui est le répondant du PCA et Si M’Hamed (Ahmed Bouguerra*) alors capitaine, chef de la zone de l’ALN, qui aboutit à l’intégration des maquisards communistes rescapés et de A. Babou, lui-même comme officier dans la wilaya 4, mais à titre personnel. Ces dispositions serviront de base aux conclusions à la fin juin des négociations entre la direction du PCA (Bachir Hadj-Ali* et Sadek Hadjérès*) et la direction du FLN à Alger (R. Abane*et B. Benkhedda*).

Pour Gaston Donnat dubitatif, cette « tentative du PCA de mettre en place des groupes armés autonomes ne pouvait avoir qu’une valeur symbolique ». Il juge en effet que le PCA est victime de lui-même à ne pouvoir assumer la lutte armée de libération parce que, tout en étant anticolonialiste, il est retenu par une inhibition à dénoncer les préjugés coloniaux des petits blancs « européens », se tient en dehors de la vie sociale des populations algériennes et s’enferme dans son esprit de parti qui croit toujours avoir raison.

Même les meilleurs militants, notamment syndicalistes, qu’il rencontre alors : Blanche Moine* et le battant André Ruiz* de l’UGSA-CGT ou l’instituteur Charles Siblot* qui joue un grand rôle au SNI pour encourager l’enseignement en arabe, font passer le Parti en premier et reconduisent leur illusion d’aller à l’indépendance selon les normes communistes. « Je n’ai pas oublié l’hostilité qu’ils manifestaient à l’égard des militants syndicaux nationalistes. Dans tous leurs propos, ceux-ci apparaissaient comme des ennemis ». De surcroît voici qu’en mars 1956, sous le règne en Algérie de Robert Lacoste, le PCF vote les pouvoirs spéciaux pour le maintien de l’ordre en Algérie. Dans cet exercice de lucidité qui le pousse à se tenir à part, Gaston Donnat ne met pas en question son adhésion au marxisme soviétique, malgré la crise de 1956 ; l’avenir de progrès est assuré par les lois de l’évolution comme il l’a appris à ce qu’on peut appeler l’école primaire ou l’école normale du Parti.

Il est vrai que la répression ne lui laisse pas de répit. Son déplacement d’office est annoncé tandis que la santé de sa femme n’est pas améliorée par une opération chirurgicale défectueuse à Orléansville. En septembre 1956, à son arrivée à l’école de Village Céleste au-dessus de Bouzaréah, il trouve le poste de directeur et le logement de fonction déjà occupés par un colonial pur jus, adjoint au maire de la commune qui est Guyotville [Aïn Benian]. À peine entré dans les lieux pour accueillir des élèves presque exclusivement algériens, il est convoqué par la police.

Par la suite il est conduit enchaîné au camp de Lodi qui vient d’ouvrir sur le massif de Blida avec deux autres communistes, le cheminot Bentolila* et Séraphin Munoz* autre vétéran syndicaliste. Au début d’octobre 1956, ils seront les trois premiers communistes internés à Lodi dont la majorité des détenus est encore faite des nationalistes arrêtés par vagues ; sur avis du FLN, il est choisi pour être leur délégué. Ce sont ensuite les communistes nouvellement arrêtés en nombre qui sont dirigés systématiquement vers Lodi ; il n’est plus délégué quand le PCA prend les choses en main avec des écarts de conduite et un fonctionnement séparé. « Je m’isole dans mon coin ».

Élargi en janvier 1959, G. Donnat revient à l’école de Village céleste, aux prises avec les « territoriaux » aux ordres de la SAU (section administrative urbaine). À la rentrée d’octobre 1959 dans la campagne finale de scolarisation du plan français de rattrapage, Gaston Donnat reçoit la direction d’un important groupe scolaire de garçons et de filles, autre nouveauté, à Birmandreis qui est alors incorporé au Grand Alger. Sans parler des convocations à la police qui ne manquent pas, les agressions des bandes de jeunes activistes au service de l’OAS, se portent sur ses filles et fils, et menacent tout déplacement. Certes il est protégé par les soins du FLN du secteur.

Les attentats se rapprochent et visent les centres sociaux et les écoles ; ils redoublent après les Accords d’Évian de mars 1962. La famille se replie sur Blida à la fin mai 1962. Dans le quartier, il ne reste plus que trois ou quatre familles européennes quand, à l’ouverture du referendum le 1er juillet, Gaston Donnat va donner son vote à l’indépendance ; au milieu de la liesse des jours suivants du 3 au 5 juillet, il est le seul européen dans la rue en fête. En déplacement familial au milieu de juillet 1962, sa voiture passe deux barrages militaires près d’Orléansville, juste avant l’affrontement des soldats de la Wilaya 4 et de l’armée algérienne venant de la frontière marocaine. Les radios et la presse annoncent la disparition de toute une famille, sans démentir ensuite.

À Blida, la directrice du Lycée de filles placé sous tutelle de l’Office culturel français, fait appel aux enseignants sur place ; Gaston Donnat enseigne ainsi le français durant cette étonnante rentrée réussie, marquée par l’entrée en plus grand nombre de filles algériennes. L’année suivante, la famille s’installe à Alger ; Gaston Donnat est pendant deux ans et demi, Chef de service adjoint à l’Inspection académique, chargé des problèmes du personnel du premier degré. Il assure donc et le placement des instituteurs français qui ont été nombreux à revenir, et le recrutement et l’affectation des nouveaux instituteurs algériens. Abdelkader Babou* retrouvé à Blida et qui de son côté ne va pas rejoindre le PCA toujours interdit mais toléré, s’inscrivant au FLN, lui avait conseillé de constituer une cellule de communistes français demeurés à l’indépendance, exclusivement français. Gaston Donnat n’en voit pas l’utilité. Après le coup d’État de juin 1965, sa décision est prise : « après les congés de Noël 1965 passés en France, nous ne retournerons pas en Algérie ». Les ouvrages d’Henri Alleg* ne font mention ni de l’action ni des positions de Gaston Donnat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156979, notice DONNAT Gaston, Louis, Joseph [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 22 février 2014, dernière modification le 24 août 2020.

Par René Gallissot

SOURCES : Principalement, G. Donnat, Afin que nul n’oublie. L’itinéraire d’un anticolonialiste, Algérie-Cameroun-Afrique, L’Harmattan, Paris, 1986. — Notice par A. Olivesi dans DBMOF, op.cit., t. 25.

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