Par René Gallissot
Né en 1916 à Chir dans le massif des Aurès, lettré en arabe et en français, principal rédacteur du Manifeste du PCA et des appels à l’indépendance dans la clandestinité à Alger à la fin de 1940.
Ancien élève de la médersa de Constantine, Mohamed Kateb appartient à la branche auressienne de ces Kateb qui veut dire précisément lettré qu’illustrera ensuite son neveu Yacine Kateb. Dès les années de Front populaire et de Congrès musulman (1936-1937) à Constantine, il est suivi par les services de police comme propagandiste communiste. Après l’interdiction du PCA en 1939 et plus encore sous le régime de Vichy, il fait partie du regroupement clandestin des communistes à Constantine avec le docteur Jean Cattoir, les anciens des Brigades internationales Georges Raffini et Maurice Laban arrivant de Biskra. Mobilisé à Constantine puis démobilisé, Thomas Ibanez, qui vient d’Oran, les fait venir à Alger à l’automne 1940 pour reconstituer un pôle de direction communiste.
Ainsi, Mohamed Kateb se trouve prendre une part très active à la réorganisation secrète du PCA et plus encore à la rédaction des textes qui en appellent à l’indépendance de l’Algérie, publiés en tracts par La Lutte Sociale. L’imprimerie est établie en bord de plage à Alger dans des villas du lieu-dit Deux-Moulins. M. Kateb loge lui-même à la villa Atlantide avec Maurice Laban et Odette Rossignol qui deviendra Odette Laban*. Avec Maurice Laban, il est le principal rédacteur du Manifeste du parti communiste algérien et des articles du numéro de La Lutte Sociale qui va être saisi. Pris sur lui, écrit au crayon, un appel « à tous les jeunes révolutionnaires d’Algérie », est explicite : « Contre les étrangleurs de la liberté de tous pays, la Jeunesse communiste d’Algérie appelle tous les jeunes Algériens, Arabes, Berbères, Israélites, Européens, à l’union et à la lutte pour une Algérie indépendante et une jeunesse heureuse et libre ». Bien qu’emprisonné, il figure dans le projet de Comité central du PCA préparé par Thomas Ibanez et débattu en mars 1941, avec la mention en termes d’époque : « responsable pour les indigènes : Kateb ».
Il a été arrêté à la villa Atlantide des Deux-Moulins, avec Maurice Laban et sa compagne, le 12 janvier 1941. Certes il est emprisonné, mais il est condamné en dehors du procès dit des 61 (communistes) en mars 1942 qui prononce des peines de mort. Sa condamnation est plus modeste : trois ans de prison, 1 000 francs d’amende et cinq ans d’interdiction de droits civiques, pour « distribution de tracts communistes ». Alors que le procès des 61 devient le titre de gloire du PCA, son nom n’apparaît plus qu’occasionnellement comme référence du communisme algérien.
Par René Gallissot
SOURCES : La Dépêche de l’Est, 27 janvier 1941. — Arch. d’Outre-mer, Aix-en-Provence, F161 et 166. — Arch. de la justice militaire, tribunal d’Alger, conservées à Le Blanc (Indre, France) citées par J.-L. Einaudi, Un rêve algérien. Histoire de Lisette Vincent, une femme d’Algérie, Dagorno, Paris, 1994 et Un Algérien Maurice Laban, Le cherche midi éditeur, Paris, 1999. — N. Benallègue-Chaouia, Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale, op. cit.