Par Jean-Pierre Besse
Né en 1909 en Espagne, exécuté le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; mineur ; résistant FTP-MOI puis AGE, et enfin AS (maquis Bir Hakeim).
Manuel Garrido faisait partie des Républicains espagnols qui, au début de l’année 1939, au moment de la Retirada, franchirent les Pyrénées pour trouver refuge en France. Il laissa sa famille et son épouse en Espagne, à Linarès.
Il s’installa dans le bassin d’Alès et travailla comme mineur de fond à La Grand-Combe (Gard).
En mars 1943, il rejoignit le maquis et intégra la 21e brigade des Guérilleros espagnols affiliée aux maquis FTP-MOI puis AGE (Agrupación de gerrilleros españoles) des Cévennes lozériennes. En entrant dans la clandestinité, il prit comme pseudonyme Manolín.
Mis à la disposition du maquis Bir Hakeim par son état-major, il rejoignit, avec quelques uns de ses camarades espagnols, le château de Fons dans la soirée du 18 mai 1944. Avec ce maquis, Manuel Garrido s’installa, le lendemain soir, au Grand Hôtel du Fangas sur le Mont Aigoual, puis au village de La Parade sur le Causse Méjean.
Le dimanche 28 mai 1944, le maquis Bir Hakeim fut attaqué par les troupes d’Occupation. Il assura la défense du maquis à l’intérieur des bâtiments du château Lapeyre. Il combattit jusqu’à quatre heures de l’après-midi. A ce moment, les munitions venant à manquer et les troupes allemandes encerclant totalement les positions du maquis, Manuel Garrido cessa le combat et se rendit.
A 17 heures, avec 26 de ses camarades faits prisonniers, il est conduit à Mende dans les camions de la Légion arménienne. Croyant être considéré comme un prisonnier de guerre, selon la promesse faite par le capitaine Lange aux maquisards qui se rendraient, Manuel Garrido fut le soir même livré à la police allemande. Dans les caves de la maison Lyonnet à Mende, il subit les tortures d’un très dur interrogatoire.
Le lundi 29 mai 1944 au matin, il fut emmené dans le ravin de La Tourette à proximité du village de Badaroux et exécuté.
Son corps, descendu sur Badaroux, fut inhumé le jour même à côté du cimetière du village.
Il fut promu au grade de lieutenant avec date d’effet au 22 mai 1944.
Son nom, orthographié "Garido", figure sur les deux monuments de La Parade (Lozère) et de Mourèze (Hérault) : le premier perpétuant le souvenir des maquisards de Bir Hakeim morts à La Parade (28 mai 1944) et à Badaroux (29 mai 1944) ; le second commémorant l’ensemble des morts du maquis Bir Hakeim, morts au combat ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944. Il est inscrit aussi, avec l’orthographe erronée de "Garide Manuel", sur le monument érigé en 2004 à Portes (Gard), près du cimetière du hameau de l’Affenadou. : ce monument a été construit à la mémoire des Espagnols du Gard, de la Lozère et de l’Ardèche (3e division de l’AGE) morts pour faits de résistance. Sur le monument du ravin de la Tourette à Badaroux, son nom est également orthographié "Garide Manuel".
Par Jean-Pierre Besse
SOURCES : L’Association Départementale des Anciens de la Résistance, La Résistance en Lozère, CD-ROM, AERI, 2006. — Amicale des anciens guérilleros, Guérilleros en terre de France : les républicains espagnols dans la Résistance française, préface de Léo Figuères, Paris, Le temps des cerises, 2004. — Notes d’André Balent.