PLANTEVIN Bruno, Marie, Lucien, Armand

Par Pierre Alanche

Né le 2 juin 1929 à Albertville (Savoie) ; ingénieur chez Renault ; syndicaliste CFTC puis CFDT, membre du conseil du Syndicat national des cadres de l’automobile SNICA-CFTC puis CFDT (1958-1967), membre du conseil de la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres, FFSIC-CFTC puis CFDT (1962-1967) ; militant MCC ; militant UGS et PS.

Bruno Plantevin
Bruno Plantevin

Son père, André Plantevin, était patron d’une petite entreprise de fabrique de chaussettes d’une cinquantaine de salariés, installée dans les locaux de l’aciérie à Ugine (Savoie). Après sa faillite en 1953, la famille se replia en Ardèche, où son père était né, pour relancer une activité de traitement de la soie puis de la rayonne. Sa mère, née Blandine Deries, resta au foyer pour élever les six enfants. Elle fut très présente dans des activités de la paroisse. La vie familiale, ouverte à son environnement, attentive aux gens et aux évènements, fut un lieu d’éveil. Bruno Plantevin était le cadet des enfants. Ses parents ne voulant pas l’inscrire à l’école communale, il commença son instruction par des cours à domicile et fit des études primaires chaotiques. En pleine période de guerre, les cinq premières années d’études secondaires furent perturbées par la débâcle et l’Occupation, les réactions patriotiques et les privations alimentaires ; il les commença en 1939 au collège privé de Chambéry (Savoie) et les poursuivit au collège privé de Thônes (Haute-Savoie), sur la route du Grand Bornant et du plateau de Glières où il resta jusqu’en troisième. À l’automne 1944, il fut pris en charge par une tante à Lyon (Rhône) qui assura son suivi scolaire au collège des jésuites de la rue Sainte-Hélène. Il redoubla la troisième, y resta jusqu’en mathématiques élémentaires mais échoua au baccalauréat. Redoublant la terminale au lycée Ampère de Lyon, il obtint le baccalauréat en 1949 avec mention très bien. Il entra en classe préparatoire aux grandes écoles au lycée du Parc à Lyon et réussit le concours d’entrée à l’École centrale de Lyon en 1951.

Cette entrée marqua un tournant, Bruno Plantevin apprécia la liberté d’action qui lui était donnée ; sans oublier le ski et les sorties en montagne, il participa à de nombreuses activités et mouvements ; déjà membre depuis 1944 d’un groupe scout, il s’engagea alors au Mouvement de la Paix, dans l’Action catholique en grandes écoles et dans un groupe local d’aide aux jeunes en difficultés, le groupe Espoir fondé par André Legouy, alors séminariste, qui devint aumônier de la prison de Fresnes puis président du GISTI. Au cours de stages volontaires pendant les périodes de vacances, au Creusot dans une PME d’usinage mécanique et à Chalon-sur-Saône dans une PME du bâtiment, il eut des contacts avec des prêtres de la Mission de France.

Il fut mobilisé pour le service militaire en septembre 1954 à Grenoble et fut orienté, malgré lui, à l’école des EOR de Châlons-sur-Marne d’où il sortit sous-lieutenant en 1955. Il fut affecté en Allemagne puis en Tunisie comme officier de ravitaillement et, suite à différentes manifestation d’indépendance d’esprit, il fut muté dans une unité qui opérait dans la région de Gafsa, près de la frontière algérienne. Pris dans une embuscade, il fut grièvement blessé en septembre 1956, soigné à l’hôpital de Tunis puis rapatrié en France pour convalescence, et démobilisé en mars 1957.

Il fut embauché à la Régie nationale des usines Renault. Après le stage ouvrier d’intégration, effectué à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) dans l’atelier d’entretien du pool de voitures de services, il prit ses fonctions en mai 1957 à l’établissement de Flins (Seine-et-Oise, Yvelines). Il fit un long parcours dans divers départements de fabrication de l’usine, (peinture, sellerie, mécanique), avant d’être affecté au service méthodes décentralisées où il eut à traiter différents problèmes de qualité de la Dauphine, puis de la Floride qui venait d’être commercialisée. En 1960, le contrôle médical détecta une lésion pulmonaire résultant du réveil d’une ancienne primo infection. Après six mois d’arrêt maladie, il fut muté à la direction des études de Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), au service sellerie où il eut l’occasion de travailler sur les questions d’ergonomie du véhicule avec le docteur Alain Wisner*. En 1962, une nouvelle mutation le conduisit à Billancourt dans le service méthodes des fabrications diverses (traitements électrolytique, cartons, peintures, chromage, caoutchouc), dont il prit la responsabilité après le départ à Nantes des activités caoutchouc. Il pilota d’importants investissements à l’atelier de traitement électrolytique de Flins, où il fut en contact professionnel avec Daniel Richter*, et à l’atelier de protection des liaisons sol du Mans. En 1970, il fut affecté à la nouvelle direction de suivi des projets véhicules, rattachée directement au PDG. Elle était au cœur des tensions existant entre les directions industrielles, techniques et commerciales. Elle fut absorbée par la direction du produit dirigée alors par Bernard Hanon. Bruno Plantevin rejoignit alors le service central d’organisation en 1982, au moment où les entreprises s’interrogeaient sur la mise en place des lois Auroux instaurant les modalités d’expression des salariés sur les lieux de travail. Sous la responsabilité d’André Lorioz, il participa à une étude sur l’évolution des relations de travail et des organisations hiérarchiques chez Volvo, Facom, Citroën à Rennes (Ille-et-Vilaine). Le projet qui consistait à mettre en place une opération pilote dans un atelier de l’usine mécanique à Cléon (Seine-Maritime) avorta. Par suite, mettant à profit un plan de départ en préretraite dans le cadre d’un FNE, Bruno Plantevin quitta l’entreprise en avril 1986.

Avant même son entrée en entreprise, en prolongement de ses engagements de jeunesse, Bruno Plantevin souhaitait s’investir dans le syndicalisme. Pendant son activité à Flins il se contenta d’adhérer à la CFTC et d’entretenir des contacts avec les responsables CFTC de Boulogne-Billancourt. Lorsqu’il rejoignit l’établissement de Rueil-Malmaison, il devint plus actif. Candidat aux élections de délégués du personnel et de CE il ne fut jamais élu car, pour les délégués du personnel la CFTC réservait les positions éligibles aux techniciens et dessinateurs, et au CE la CGC dominait. Il participa à la création du SNICA-CFTC (Syndicat national des ingénieurs et cadres de l’automobile) en 1958 dont il fut membre du conseil (1958-1967). Il représenta le syndicat au conseil de la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres CFTC puis CFDT (1962 à 1967). Le SNICA bénéficiait d’un double rattachement à la FGM et à la FFSIC. L’équipe Renault était importante : Pierre Tarrière, Pierre Quentin, Roger Taupin, Lagache… Le SNICA permit de nombreux contacts entre les militants cadres d’autres constructeurs automobile et d’équipementiers. Il fut un soutien précieux pour ceux qui militèrent au sein des entreprises telles que Citroën et Simca où la répression syndicale était féroce. Le SNICA édita un cahier trimestriel très documenté sur la situation de l’automobile française. Les directeurs de la publication furent Eugène Descamps puis [André Bapaume-15592]. Bruno Plantevin, favorable à la déconfessionnalisation, participa activement aux débats qui aboutirent à la transformation de la CFTC en CFDT au congrès confédéral de 1964. Quand les évolutions des structures syndicales dans la métallurgie aboutirent à la suppression des syndicats catégoriels, Bruno Plantevin, bien que partisan d’une action syndicale inter catégorielle, s’opposa toutefois à la disparition du SNICA, car il ne voyait pas comment poursuivre une action spécifique en direction des cadres, qu’il jugeait indispensable, mais il accepta la décision. Il participa activement aux évènements de 1968, enthousiasmé par les revendications de la base ouvrière qui, au-delà des traditionnelles revendications salariales, aspiraient à un profond changement des modes de fonctionnement dans l’entreprise. Au début du mouvement il organisa avec la CGT une assemblée des cadres qui réunit deux cents à trois cents personnes puis, quotidiennement, toujours en unité d’action avec la CGT et la CGC, il tint une réunion d’information des cadres. À la reprise du travail, bien que non élu, il joua, de fait, le rôle de délégué du personnel cadre. Après sa retraite il intervint, occasionnellement, comme défenseur prud’homal.

Suite à ses contacts avec Pierre Tarrière*, il adhéra au MCC (mouvement des cadres chrétiens) en 1957. Celui-ci compta plusieurs équipes à Rueil-Malmaison et Boulogne-Billancourt et les membres, souvent membres de la CFTC puis CFDT, permutaient périodiquement d’une équipe à l’autre. Les épouses participaient aux réunions. Sa première équipe comprenait Pierre Tarrière, Jean Michel Tordeu, André Gentil, Roger Taupin. Sa dernière équipe fonctionnait toujours en 2014, vingt sept ans après le départ de l’entreprise, malgré des effectifs réduits par les décès. Il participait et participe toujours en 2014 aux activités paroissiales.

Bruno Plantevin suivit Robert Lucente, qui était en contact avec Jean Poperen*, à l’UGS (Union de la gauche socialiste) dès sa création en 1957. Il rejoignit le PS en 1969.

Il épousa Marie-Thérèse Guevel, le 5 octobre 1957, le mariage religieux fut célébré par André Legouy en l’église Saint-Marc à Brest (Finistère). Ils eurent deux enfants Antoine (1965) et Jacques (1967).

Ils résidèrent à Bouafle (Yvelines), Flins (Yvelines), Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), Saint Germain en Laye (Yvelines) puis Montainville (Yvelines).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159123, notice PLANTEVIN Bruno, Marie, Lucien, Armand par Pierre Alanche, version mise en ligne le 27 mai 2014, dernière modification le 21 août 2017.

Par Pierre Alanche

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SOURCES : Arch. CFDT Renault. — Entretien avec Bruno Plantevin, avril 2014. — Entretien Roger Faist, avril 2014.

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