RIGAUD Marthe

Par Gérard Leidet

Institutrice à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; militante du Syndicat national des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône (SN-CGT).

Marthe Rigaud était institutrice à l’école de filles du quartier des Crottes (15e arrondissement de Marseille). Militante du Syndicat national des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône (SN-CGT), elle fut élue en mars 1926 au Conseil départemental de l’enseignement primaire en même temps que Mme Leschi (institutrice à l’école maternelle de Salon puis à l’école Menpenti de Marseille ; secrétaire par ailleurs du syndicat général des Bouches-du-Rhône, sans doute Antoinette Leschi, devenue inspectrice par la suite). Jean Angélini (instituteur à l’école François Moisson à Marseille) et Léon Vespérant (école de la rue Eydoux) étaient les autres candidats du syndicat. Leur profession de foi précisait : « Tous unis au SN, dont le programme se résumait en trois mots : dignité, justice, solidarité ». Leur présence à la « CGT Lafayette » (par opposition au Syndicat des membres de l’enseignement laïque-SMEL- affilié à la CGTU) voulait démontrer que ces syndicalistes du SN étaient des « évolutionnistes » et non des « révolutionnaires ». Marthe Rigaud devait représenter les écoles de filles au CD (A. Leschi, les écoles maternelles et rurales).

Elle assista au conseil syndical du 15 avril 1926 qui décida de maintenir une décision antérieure interdisant aux membres du conseil de faire partie d’un autre syndicat. Cela ne concernait plus le syndicat général de l’enseignement des Bouches-du-Rhône (SG) du fait de la fusion du SN et du SG qui venait d’être ratifiée par le conseil syndical et l’assemblée générale du 11 mars 1926. Dans le cadre du Conseil départemental, Marthe Rigaud eut à traiter des revendications classiques : indemnités de logement, paiement régulier des suppléantes, problèmes d’hygiène pour certaines écoles marseillaises, souci exclusif de l’ancienneté de services pour les promotions sauf démérite nettement établi…Elle eut à cœur aussi la défense des jeunes institutrices et instituteurs en leur demandant de ne pas être perçus comme une « catégorie sacrifiée ». Selon elle, aucune différence ne pouvait être faite entre normaliens et normaliennes et intérimaires ; la manière dont chacun entrait dans l’enseignement offrant de part et d’autres « des ennuis et des avantages ». Aussi pouvait-elle assurer avec Mme Leschi que les droits de chacun des jeunes enseignants seraient « toujours sauvegardés avec un égal souci de justice et un inlassable dévouement ».

Le 21 avril 1926, Marthe Rigaud accompagnait la délégation des intérimaires qui rendit visite à M. Resh, adjoint au maire à l’Instruction publique afin de lui exposer les revendications des personnels « provisoires » (auxiliaires communaux rétribués par la ville). La délégation, composée de Bernard Varèse, indiqué par erreur Victor (SN-CGT) et de Pascal Léna (SMEL-CGTU), aborda diverses demandes de paiement de rappel (sur l’indemnité de résidence et de logement, sur une indemnité de 500 francs pour 1924, sur le rappel de l’augmentation de traitement du 1er trimestre 1925).

Marthe Rigaud siégeait aussi au bureau de la section départementale du SNI des Bouches-du-Rhône. Elle fut ensuite trésorière adjointe du syndicat entre octobre 1930 et octobre 1932, aidant dans cette tâche Daumas, alors à nouveau trésorier de la section départementale après l’avoir été dans la période 1926-1928.

En avril 1933, suite aux « graves incidents » qui opposèrent les élèves-maîtres de l’Ecole normale d’instituteurs d’Aix à l’autoritarisme inflexible et intransigeant du directeur de l’établissement (1929-1933), Marthe Rigaud, toujours conseillère départementale, cosigna le rapport relatif à cette affaire établi conjointement par le SNI et le syndicat de l’enseignement laïque. Ce document syndical parut au moment où les normaliens d’Aix avaient entamé une grève de la faim depuis le 27 mars 1933. La conclusion du rapport indiquait qu’une seule mesure s’imposait, le départ immédiat du directeur de l’ENI : « Nous en revenons à notre conclusion d’il y a quatre ans. Si à ce moment-là on nous avait écoutés, on aurait fait l’économie du ridicule qui l’atteint et qui rejaillit sur l’administration. Mais nous pensons que cette fois on se décidera enfin à mettre chacun à sa place et un éducateur à la direction de l’Ecole normale : un homme pour former des hommes. ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article160115, notice RIGAUD Marthe par Gérard Leidet, version mise en ligne le 23 juin 2014, dernière modification le 19 août 2021.

Par Gérard Leidet

SOURCES : Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône (section départementale du syndicat national), années 1925-1926-1927, 1937-1938. —Archives SNI des Bouches-du-Rhône, Ecole normale d’Aix : l’affaire du « Kalu » (1929-1933), dossier recueilli par Louis Jeansoulin.

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