BISCHOFF René

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Né le 17 février 1920 à Bischheim (Bas-Rhin) ; chaudronnier à la SNCF ; secrétaire adjoint de l’UD-CGT de 1948 à 1950 ; membre du secrétariat de l’Union des syndicats de cheminots d’Alsace et de Lorraine en 1952.

Le père de René Bischoff était cheminot aux Ateliers de Bischheim, de tendance plutôt social-démocrate, et catholique. Il avait épousé une Allemande née à Berlin, ce qui posa des problèmes de nationalité en 1919. Elle n’obtint qu’une carte d’identité B (marquant le fait qu’elle était allemande et non pas alsacienne ou française de souche).
René Bischoff fit ses études jusqu’au certificat à l’école de l’Ill puis passa deux ans à l’école primaire supérieure. Sur les conseils de son oncle, téléphoniste à la Compagnie de chemin de fer de l’Est, il passa en 1934 le concours d’apprenti-chaudronnier aux Ateliers de Bischheim. Il adhéra à la CGT en 1935. Il resta dans cette branche jusqu’à sa retraite, en 1975, qu’il prit en tant que chef-chaudronnier.
Mobilisé à la base aérienne de Châteauroux (Indre) en 1939, il fut dirigé sur Cauterets (Hautes-Pyrénées). Il rentra à Strasbourg annexée en décembre 1940, n’ayant pas obtenu de l’armée française d’être envoyé en Nouvelle-Calédonie comme il le souhaitait.
En 1941, il dut passer trois mois aux ateliers de chemin de fer de Karlsruhe, au service du travail obligatoire du Reich (RAD). En 1943, mobilisé dans la Wehrmacht, il fit une école de mécanique, puis fut envoyé à Pskov, sur le front de Léningrad. Un infirmier luxembourgeois, lui aussi incorporé de force, lui expliqua comment simuler les rhumatismes aux mains afin de ne pas partir dans une unité de combat. Il fut ainsi envoyé dans une escadrille d’observation dans la Manche, en face de Saint-Malo. On le transféra ensuite en Bavière, dans une usine Messerschmitt, d’où il déserta en attendant les troupes américaines. Celles-ci le versèrent dans un groupe de prisonniers français. Le 1er mai 1945, il rencontra une unité de Wasselonne, avec laquelle il rentra au pays.
Il retourna aux ateliers de Bischheim, jusqu’à sa retraite. Il fut délégué du comité mixte du dépôt de Strasbourg en 1946 puis délégué au secrétariat régional du matériel et de la traction, membre du CE, et délégué des agents de maîtrise (chefs de brigade) auprès du chef de service à Paris.
Au congrès de l’Union des syndicats de cheminots d’Alsace et de Lorraine, le 2 mai 1947, il rendit compte de l’activité des comités mixtes. De 1948 à 1950 il fut secrétaire adjoint de l’UD-CGT, mais ne s’entendit pas avec Joseph Mohn*. En 1952, il fut élu secrétaire du secteur de Strasbourg, à l’Union des syndicats de cheminots CGT d’Alsace et de Lorraine. En janvier 1952, il avait préconisé la création d’un comité d’action intersyndical « dont serait exclu toute politique », mais il se heurta à l’opposition d’Albert Schmitt* de la CFTC qui estima que l’attitude générale de la CGT rendait un tel projet irréalisable. À la même époque, le bruit courait qu’il remplacerait prochainement Émile Schmitt* comme secrétaire général adjoint de l’Union.
Il avait créé la caisse complémentaire maladie des cheminots, ce qui ne fut d’abord pas très bien vu par la CGT qui craignait un échec financier. Il fut élu membre à vie du conseil de la médecine du travail de Strasbourg.
On lui reprocha une mauvaise gestion des stages syndicaux qu’il organisait, et son manque d’ordre dans les affaires financières du syndicat. Albert Erb, alors secrétaire général de l’Union des syndicats de cheminots d’Alsace et de Lorraine, le démit de ses fonctions de responsable de secteur en octobre 1952. En janvier 1953, il fut démis de toutes ses autres responsabilités par Émile Schmitt, qui venait de remplacer Albert Erb. Il resta cependant un militant actif, et participa régulièrement à la rédaction du Moteur, journal de la cellule de Bischheim.
Il avait adhéré au Parti communiste en 1945 et fut élu au comité fédéral du Bas-Rhin en 1948. Mais il entra en conflit avec le secrétaire fédéral Alphonse Boosz* pour des raisons personnelles et ne fut plus réélu.
En 1978, il se retira dans l’Ariège. Marié en 1943, il était père de deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16776, notice BISCHOFF René par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 septembre 2021.

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D 10, 544 D 40, 544 D 149, 544 D 152. — Le Cheminot, juin 1952. — Entretien du 26 juin 1998. — Archives CGT.

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