BODIGUEL Yves [BODIGUEL Yvon, Jean, François, dit]. Pseudonyme dans la Résistance : LEMASSON

Par Claude Geslin

Né le 6 août 1910 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 3 mai 1945 au large de Lubeck (Allemagne) ; militant syndicaliste chrétien de Nantes ; membre du comité départemental clandestin de Libération de Loire-Inférieure.

Son père François-Marie Bodiguel, « mort pour la France » le 6 octobre 1914, était menuisier et sa mère, née Marie-Rose Chauvin, était lingère. Yvon Bodiguel se maria en 1935 avec Marguerite Billon, dont il eut cinq enfants. Il obtint un certificat d’études professionnelles, après son apprentissage dans un atelier de réparations générales et mécaniques où il resta de décembre 1924 jusqu’en mars 1928. Il fut successivement tourneur, chef de train, chef de train technicien et préparateur dans plusieurs entreprises dont les Batignolles, Brissonneau et Lotz, Amieux Frères avant de rentrer en 1937 dans l’entreprise J.-J. Carnaud et Forges de Basse-Indre où il resta jusqu’à son arrestation.
En 1927, l’aumônier du cercle d’études du patronage ouvrier Notre-Dame de la Mellinet, à Nantes, demanda au directeur du patronage de remanier ce cercle d’étude en JOC. Yves Bodiguel participa à ce groupe jociste créé le 29 janvier 1928. Ce fut l’origine de ses engagements. Il fut président fédéral de la JOC à Nantes de 1931 à 1933.
Il adhéra à la CFTC en 1929. Il fut secrétaire du syndicat CFTC des ouvriers métallurgistes, puis des employés, dessinateurs et techniciens de la métallurgie, et enfin vice-président de l’Union locale CFTC (1937).
Mobilisé en 1939, il revint à Nantes en 1940 en affectation spéciale et devint président de l’Union départementale, puis délégué régional de la CFTC pour le Morbihan et la Loire-Inférieure pendant la guerre.
Il fut nommé membre du conseil municipal de Nantes à titre ouvrier le 22 avril 1941 et démissionna avec l’ensemble de l’équipe municipale le 20 octobre 1942, à la suite du retrait du maire Gaëtan Rondeau.
Il fut membre du comité municipal pour venir en aide matériellement aux familles des cinquante otages fusillés à Nantes (1941), membre du comité consultatif de l’Office départemental du Travail (1943) et membre du comité de contrôle départemental d’entraide aux Français requis pour travailler en Allemagne (1944). Il fut aussi Vice-président de l’Union des familles nombreuses.
Yves Bodiguel fut membre du comité de Libération clandestin de Loire-Inférieure dès sa création en automne 1943. Il rallia Libération-Nord dès la formation de l’armée secrète en juillet 1943 comme chargé de mission de 3e classe (sous-lieutenant), avec la fonction de recruteur et y représenta la CFTC. Il y entreprit un recrutement intensif. Il fut arrêté par la Gestapo et déporté en Allemagne au camp de Neuengamme. Il périt en mer Baltique sur le Thielbeck, le 3 mai 1945, près de Lubëck ; les bateaux dans lesquels plus de 10 000 déportés du camp avaient été transférés furent bombardés et coulés par l’aviation alliée quelques heures avant la libération de la ville.
Il reçut à titre posthume la médaille de la Résistance française le 31 mars 1947, fut nommé chevalier de la Légion d’honneur le 25 octobre 1950 « pour faits exceptionnels de guerre et de résistance », et fut cité à l’ordre du corps d’armée, citation comportant l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil le 17 août 1950. Il était également titulaire de la Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945, barrette « Libération ».
La municipalité de Nantes donna son nom à une rue de la ville le 1er mai 1948. La Fédération CFTC de la métallurgie, dont il était membre du bureau fédéral, donna son nom au premier centre de formation professionnelle des métaux de la région parisienne, placé sous son autorité à Issy-les-Moulineaux et inauguré en 1950 et qui depuis fut transféré à Meudon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17009, notice BODIGUEL Yves [BODIGUEL Yvon, Jean, François, dit]. Pseudonyme dans la Résistance : LEMASSON par Claude Geslin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 24 juillet 2018.

Par Claude Geslin

SOURCES : La Voix des Travailleurs, 1937-1952. — La Tribune Socialiste — Archives de l’UD-CFDT de Loire-Atlantique. — Archives familiales en possession de son fils aîné, Jean-Luc, de journaux de l’époque et de plusieurs ouvrages où il est fait mention de l’action d’Yves Bodiguel. — Renseignements fournis par Ch. Mabit ancien secrétaire de l’UD-CFTC de Loire-Inférieure. — Secrétariat d’État des anciens combattants, note de J.-P. Besse. — DMPA, BMC, dossier. — Notes de Jean Siwek-Poudesseau.

ICONOGRAPHIE : Arch. UD-CFTC de Loire-Atlantique.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable