BOUDIN André, Rémond

Par René Lemarquis

Né le 23 avril 1890 à Longeville (Aube), mort le 1er mai 1980 à Montier-en-Der (Haute-Marne) ; instituteur ; syndicaliste de la FUE puis du SNI, libre-penseur, militant communiste puis « Ami du Rappel », membre du RNP pendant l’Occupation.

Il était le fils de Louis Boudin, charpentier, et de Marie Ruinet, couturière. Élève de l’école primaire supérieure de Bar-sur-Seine, André Boudin fut reçu à l’École normale d’instituteurs de Troyes à l’âge de quinze ans et demi et obtint son brevet supérieur. Nommé instituteur à Aix-en-Othe, il se syndiqua dès 1909 et adhéra au Parti socialiste SFIO. Il écrivait dans le journal fédéral du Parti sous le pseudonyme de « André Rémond » (son double prénom).

Au retour de son service militaire effectué d’octobre 1911 à novembre 1913, il épousa le 15 novembre 1913 à Aix-en-Othe, Germaine Bonnet. Il reprit son service aux Loges-Magueron (Aube).

Louis Boudin fut rappelé sous les drapeaux dans l’infanterie en août 1914 et ne fut démobilisé officiellement que cinq ans plus tard en août 1919. Il termina la guerre au grade de sergent avec trois citations. Avant sa démobilisation, il fut pendant six mois, employé dans les bureaux du recteur de l’Académie de Strasbourg puis revint occuper sa fonction d’instituteur aux Loges-Margueron en même temps que celle de secrétaire de mairie.

Le 17 mai 1919, il lança un appel pour la formation d’un syndicat d’instituteurs adhérant à la CGT dont il devint le secrétaire en juin (avec G. Hugot comme adjoint). En février 1920, le maire clérical des Loges-Margueron (le vicomte Edmond de la Rupelle) le révoqua de son secrétariat de mairie, l’accusant « d’avoir trahi la confiance de bien des familles » (Le Travailleur). Le préfet de l’Aube cassa d’ailleurs cette décision et le maire fut condamné pour diffamation et révocation injustifiée. En août 1920, André Boudin devint secrétaire du syndicat des membres de l’enseignement adhérent directement à la CGT (et non à la Fédération des Amicales) et en juillet 1922 il défendit l’adhésion de ce syndicat à la Fédération unitaire de l’enseignement (CGTU).

Tout en militant au Parti socialiste, puis, après Tours au Parti communiste, André Boudin fut avant tout un militant dirigeant de la Libre Pensée. Il fut élu en effet secrétaire général de la Libre Pensée de l’Aube, en remplacement de Julien Grée, le 28 août 1920 et conserva cette responsabilité sans interruption jusqu’en 1940. Son activité fut intense dans ce domaine : il fonda le patronage laïque de Dienville, organisa dans cette ville une garderie et un foyer familial. En mai 1922 il fut présenté comme candidat de protestation de la Libre Pensée contre le Bloc national dans le canton de Méry. En octobre 1922, il fut convoqué par ordre du préfet chez l’Inspecteur d’Académie, obligé de démissionner du secrétariat général de la Libre Pensée de l’Aube, sur intervention, selon lui, du conseiller général réactionnaire d’Aix-en-Othe, Gabut. Il en fit part le 1er octobre 1922 dans une lettre à Boigegrain que publia La Dépêche. Il reçut alors une lettre de soutien de l’historien Albert Mathiez. Au congrès du 10 décembre 1922, il resta secrétaire administratif de la Libre Pensée. Il s’activa à unifier les divers mouvements anticléricaux du département et au congrès d’unité de 1928 il redevint secrétaire général. La même année il entrait au conseil national de la Libre Pensée. A l’intérieur de l’organisation, il défendit une orientation révolutionnaire. Par exemple, il s’élevait au congrès national de septembre 1929, « contre le confusionnisme régnant dans les groupements de gauche qui n’ont pas une attitude nettement antireligieuse [...] L’action libre penseuse n’aura de précision qu’en se plaçant sur le terrain solide de la lutte de classes en prenant parti pour le prolétariat, contre la bourgeoisie capitaliste. »
André Boudin menait à cette époque une lutte acharnée à Dienville contre les Camelots du Roy. En octobre 1926 il fut secrétaire d’un comité d’action antifasciste à Brienne et se défendit contre E. Clévy qui dénonçait dans ce comité « une simple émanation du PC ».

En 1932, il soutint Plard dans son opposition à la direction nationale du PC. Aussi le 4 mai 1932, le comité régional du PC informa-t-il que « les camarades Gérard, Guenerie, Marty, Pothier et Boudin ont participé au travail fractionnel et décide leur exclusion ». Boudin collabora dès lors activement au journal de Plard, Le Rappel où il signait chaque semaine de son prénom André des articles sur la Libre Pensée. En février 1933 il fut élu au bureau départemental et en décembre 1933 au Comité central des « Amis du Rappel ».

Devenu directeur d’école à Pont-Sainte-Marie, Boudin fut choisi en mai 1936, de préférence à Dordé, par l’Assemblée générale des « Amis du Rappel » comme candidat aux élections législatives dans la 2e circonscription de Troyes. Il obtint au premier tour 1 241 voix derrière le communiste Nicolas et le socialiste Brossolette et se désista pour le radical Gentin, candidat du Front populaire. Par la suite, il attaqua vivement dans Le Rappel, en 1938, la politique de « la main tendue » du PC aux catholiques.

Nommé directeur d’école à Troyes en 1937, Boudin suivit Albertini pendant l’Occupation, et adhéra au RNP. Il fut correspondant départemental près du ministère de l’Information, chargé de mettre sur pied une Association professionnelle des instituteurs qui échoua. Il fut suspendu, ainsi que son fils Jean, instituteur également, à la Libération. En décembre 1945, Plard fut son avocat devant la Chambre civique qui ne retint pas les accusations de dénonciation portées contre lui.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17438, notice BOUDIN André, Rémond par René Lemarquis, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2021.

Par René Lemarquis

SOURCES : La Défense des Travailleurs, puis le Travailleur (1919-1920). — La Dépêche de l’Aube, 1921-1932. — Le Rappel 1932-1939 (en particulier 28 mars 1936). — Libération Champagne, décembre 1945. — Arch. Dép. Aube, état civil, registre matricule. — Notes d’Alain Dalançon.

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