COMMERÇON Joanny

Par Jean-Sébastien Chorin, Michel Thébault

Né le 11 mars 1904 à Blanot (Saône-et-Loire), fusillé sommairement le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; épicier-coquetier ; résistant, membre des réseaux Action (Mission Armada) et Marc Breton.

Joanny Commerçon
Joanny Commerçon

Joanny Commerçon était le fils d’Antoine et de Françoise Chapuis, tous deux coquetiers de profession et demeurant au hameau de Vivier, commune de Blanot (Saône-et-Loire). . Quatre de ses frères moururent lors du premier conflit mondial et de ses suites immédiates : Claude, né en 1893 le 12 septembre 1914 à Toul ; Jules né en 1890, le 4 avril 1915 à Bois-d’Ailly, commune d’Ailly-sur-Meuse (Meuse) ; Simon né en 1894, le 31 janvier 1919 à Blanot de la grippe espagnole lors d’une permission et Jean né en 1889, le 22 juillet 1919 d’une maladie pulmonaire, séquelle des combats. Il était marié à Marie Charlotte Benat et père d’un fils Henri, né en 1939. Il exerça la profession d’épicier-coquetier à Blanot et à Vivier où il demeurait. Marchand ambulant, il faisait également des tournées avec son camion, s’arrêtant dans les villages pour acheter œufs, poules et fromages et vendre de l’épicerie. Il revendait ensuite les produits achetés soit à des commerçants, soit dans ses épiceries de Blanot et Vivier.
Il fut mobilisé en 1939. En mai 1940, il hébergea des réfugiés fuyant l’armée allemande.
Le 1er mars 1943, il devint agent du réseau Action R1 (mission Armada), dépendant du BCRA. Il servit en qualité d’agent P1 jusqu’en janvier 1944, date de son arrestation. Il fit également partie du réseau Marc Breton. Il aida des réfractaires au STO et ravitailla le maquis de Crue à Blanot.

Suite à la dénonciation d’un traitre infiltré parmi les maquisards de Beaubery, Joanny Commerçon et ses frères Joseph et Pierre furent arrêtés le 23 janvier 1944 à Blanot. La Gestapo interpella Joanny Commerçon à son domicile. Les frères Commerçon et d’autres résistants (parmi lesquels René Delorieux) furent conduits en camion à Mâcon (Saône-et-Loire) où ils firent une courte halte à l’Hôtel de Genève, siège de la Gestapo. Puis ils furent transférés à Lyon. Le résistant Jean Dumont fit le récit de leur arrivée : « le 23 ou 24 janvier, alors que j’étais au siège de la Gestapo, École de Santé, avenue Berthelot, j’ai vu arriver un convoi dans lequel j’ai reconnu les frères Commerçon [...]. Tous ces hommes ont subi un premier interrogatoire ». Ils furent ensuite internés à la prison de Montluc (Lyon). Marie Benat reçut plusieurs fois des nouvelles de son mari, mais ne put correspondre avec lui.

Le 12 juin 1944, vers 18h, Joanny Commerçon, Joseph Commerçon son frère, René Delorieux et vingt autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.

Le 28 octobre 1944, après exhumation, le corps de Joanny Commerçon fut identifié par sa veuve. Son alliance lui fut restituée. Marie Benat fit ramener le corps de son mari à Blanot où il fut inhumé le 2 novembre 1944. La mention Mort pour la France fut apposée en marge de son acte de décès en 1945. Il fut homologué sous-lieutenant FFC et FFI en 1946. Il reçut la Médaille de la Résistance en 1945, la Légion d’honneur en 1949 et la Croix de guerre avec étoile de vermeil et étoile de bronze. Le titre d’interné résistant lui fut attribué en 1951.
Son nom est inscrit sur la stèle commémorative 1939 – 1945 de Blanot ainsi que sur le monument en souvenir de tous les maquisards et résistants tués dans la région dressé au col de Brancion (Saône-et-Loire). Il figure enfin sur la stèle commémorative de Neuville-sur-Saône sous l’inscription : « Honneur et Patrie aux martyrs de la résistance française ! Souviens-toi qu’ici le 12 juin 1944, 22 patriotes ont été fusillés par les Allemands ».
Son frère Pierre Commerçon mourut en déportation. Des huit frères Commerçon sept sont morts victimes des deux conflits mondiaux et six ont obtenu la mention mort pour la France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176141, notice COMMERÇON Joanny par Jean-Sébastien Chorin, Michel Thébault, version mise en ligne le 20 octobre 2015, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin, Michel Thébault

Joanny Commerçon
Joanny Commerçon

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Joanny Commerçon. — Arch. Dép. Rhône, 3460W2, 3335W22, 3335W10, 3335W14, 3808W1078, 3808W842.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Note de Maurice Berne. — Andrée Commerçon, La rafle de Blanot (Saône-et-Loire), 23 janvier 1944 in Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, n°1, novembre 2011.— André Jeannet, Mémorial de la Résistance en Saône-et-Loire, biographie des résistants, 2005. — Témoignage 2018 et renseignements Renée Grozellier - Commerçon (fille de Pierre Commerçon) — Mémorial genweb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable