BROUDET Jean

Né le 2 novembre 1912 à Sérignan (Hérault) ; ouvrier agricole, manutentionnaire aux Docks méridionaux, fabricant de confection ; militant socialiste de l’Hérault ; secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes SFIO de l’Hérault en 1938-1939 ; secrétaire à la propagande de la Fédération socialiste SFIO de l’Hérault ; responsable pour Béziers des combattants volontaires de la Résistance.

Natif de Sérignan, petite commune proche de Béziers, Jean Broudet était le fils d’un petit propriétaire socialisant. À l’issue de l’école primaire, il devint ouvrier agricole, chez son père mais aussi chez d’autres propriétaires de la commune. C’est à cette époque qu’il participa à ses premières grèves avec les ouvriers agricoles espagnols. Par la suite, il travailla à forfait pour un gros propriétaire du village. Le catholicisme pratiquant de sa mère le conduisit à être un temps enfant de cœur, mais il épousa finalement l’influence socialisante de son père, créant les jeunesses socialistes de Sérignan à l’âge de dix-sept ans. Dans les années 1930, il devint manutentionnaire aux Docks Méridionaux de Béziers, l’une des plus importantes entreprises de la ville. Militant syndicaliste actif, il devint secrétaire du syndicat CGT de l’entreprise. Parallèlement, il fut promu en 1937 secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes, et, à ce titre, intégra la commission administrative fédérale. Durant cette période, ses activités militantes l’entraînaient à participer aux comités d’entraide à la République espagnole. Pacifiste modéré, il prit sa part aux conflits de courants qui traversent alors le parti.
En 1939, il fut mobilisé avec le grade de brigadier-chef. Fait prisonnier à l’issue de la campagne de France, il s’évada une première fois avant d’être repris. Interné quelques mois à Besançon, il réussit une nouvelle évasion qui lui permet de rejoindre Béziers à l’automne 1940. Rentré en contact avec ses camarades socialistes, il intégra le noyau fondateur de Combat dans la ville avec André Robert, Pierre Malafosse, René Lucille notamment. Sillonnant la région biterroise avec Lucille, ils développèrent le mouvement en s’appuyant sur les anciens militants du parti et formèrent des groupes francs. En juillet 1942, ils furent arrêtés alors qu’ils distribuaient des tracts. Internés à Lyon, ils furent libérés quelque temps avant l’invasion de la zone Sud. Revenu à Béziers, Jean Broudet fut licencié par les Docks méridionaux. Installant sa famille à Valence d’Agen, il intégra la résistance locale tout en maintenant son activité biterroise. En son absence, Pierre Malafosse ayant recruté Joseph Lanet pour occuper ses fonctions, Jean Broudet (pseudo : Paillaud) intégra Libération, mouvement au sein duquel il devint responsable départemental et adjoint régional de Francis Missa. Parallèlement, il fut secrétaire fédéral du CAS, mandat qu’il détint jusqu’à la Libération. Au sein des MUR, il s’occupa de parachutages mais aussi de la reconstruction politique de la Libération. Comme nombre de socialistes locaux, il entretint des contacts tendus avec les communistes, qui concurrencent les socialistes dans les mouvements de résistance (MLN notamment) mais aussi dans la reconquête des pouvoirs locaux.
Avec la Libération, Jean Broudet devint un acteur de premier plan de la SFIO. S’il quitta sa fonction de secrétaire fédéral au profit d’Aimé Fontès puis de Charles Alliès, il devint secrétaire fédéral adjoint chargé de l’arrondissement de Béziers puis délégué à la propagande et membre de la commission administrative fédérale. Ses fonctions au sein du MLN font qu’il lui est proposé de devenir administrateur du Midi-Libre, Missa lui suggérant même de lui prêter l’argent, proposition qu’il refusa. Durant cette période, il participa activement à la reconstitution du PS, notamment grâce aux fonds de Libération. Parallèlement il fut délégué de la fédération au Congrès national extraordinaire qui reconstitua la SFIO en novembre 1944.
Dès la reconstitution des pouvoirs locaux, il devint membre du comité de libération de Béziers, affichant un soutien constant à Pierre Malafosse*, son président, et le suivant quand ce dernier démissionne le 24 novembre 1944 avec les socialistes suite à sa mise en minorité. Lors des élections municipales suivantes, il entra au conseil. La même année, il fut présenté par la section sur le canton de Béziers 2. Devancé à l’issue du premier tour par le communiste Joseph Lazare, il se désista pour lui au second tour.
Refusant d’être investi conseiller de la république, il resta membre du CA de la section de Béziers de 1944 à 1948. Se situant sur la droite du parti, il soutint Daniel Mayer, prônant en 1945 et 1947 une liste commune pour les municipales. Syndicalement, il s’investit beaucoup à la Libération dans la reconstitution du syndicat CGT local de l’Alimentation qu’il continua à diriger et qui passa en quasi-totalité à Force Ouvrière lors de la scission. Quelque temps plus tard, il dut néanmoins abandonner ses activités syndicales suite à son changement d’emploi. Aidant sa femme qui avait monté un atelier de couture, ils créent une entreprise de confection qui employa jusqu’à cinquante salariés. Ses activités professionnelles conditionnèrent son retour dans le rang au sein du parti socialiste dont il fut membre jusqu’en 1988.
À compter de la Libération, Jean Broudet milita activement dans les associations d’anciens combattants. Il participa à la reconstitution de la FOPAC et intégra le comité directeur départemental du MLN. Ces activités associatives seront dès lors principalement limitées au milieu ancien combattant (médaillés de la résistance, ANAR, CVR...).

Il y a deux dossiers, non consultés, le concernant qui font état de ses états de service pendant la Résistance au SHD (Service historique de la défense) : GR 16 P 92954 (Vincennes) et 21 P 71340 (Caen).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18026, notice BROUDET Jean, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 15 août 2021.

SOURCES : Arch. Dép. de l’Hérault : 356 w 102, 356 W 142, 389 W 25, 356 W 103, 363 W 442-2. 1 M 1122. — Archives OURS : Dossier Hérault ; Compte rendu du Congrès national extraordinaire qui reconstitue la SFIO en novembre 1944. — Archives Office départemental des anciens combattants. — Entretiens René Lucille, Simorre, Léo Terral, Jules Faigt, Jean Broudet. — Témoignage de R. Soulairol.— Le Travailleur du Languedoc, 1938-1939. — Le Socialiste, 1944. — La Voix de la Patrie et Le Midi Libre, septembre 1945. — Notes de Jean Sagnes et Gilles Morin. — Note d’André Balent.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable