ZIMBERLIN Marie-Louise, Anna, Agathe

Par Alain Dalançon

Née le 30 juin 1889 à Saint-Just-en-Chevalet (Loire), déportée, morte le 14 avril 1945 à Ambilly (Haute-Savoie) ; professeure à l’École nationale des Arts et métiers de Cluny (Saône-et-Loire) ; résistante.

Marie-Louise Zimberlin
Marie-Louise Zimberlin

Marie-Louise Zimberlin appartenait à une famille protestante d’Alsaciens-Lorrains. Son père François-Joseph Zimberlin, né à Bisel (Haut-Rhin) en 1851, était maréchal des logis à la brigade de gendarmerie d’Yssingeaux (Haute-Loire) lors de sa naissance. Il avait rencontré Marie Georges, couturière à Saint-Just-en-Chevalet, et l’avait épousée dans ce village le 13 novembre 1886. Après le décès de sa mère, alors qu’elle n’avait que sept ans, son père se remaria en mars 1898 à Saint-Etienne (Loire) avec Dorothée Muhlhoff, dont le père était raffineur d’acier dans cette ville, et dont la famille avait quitté la Moselle en optant pour la nationalité française.

Marie-Louise Zimberlin fut donc élevée dans sa nouvelle famille avec ses deux plus jeunes demi-sœur et demi-frère, Sophie et Jean. Elle fréquenta le cours secondaire de jeunes filles de Saint-Etienne ouvert en 1894, qui devint lycée Honoré d’Urfé.
Elle effectua des études supérieures de lettres et d’anglais et, après une année comme assistante française en Écosse, elle rejoignit l’équipe de Pierre Dameron à la Prat’s (école pratique de commerce et d’industrie) de Cluny (Saône-et-Loire) en 1916, où elle devint ainsi l’une des premières femmes professeures. Dès les années 1920, elle enseigna aussi les lettres et l’anglais dans la classe de préparation à l’École nationale des Arts et Métiers voisine. En 1925, quand elle fut nommée officier d’académie, elle était professeure adjointe à l’ENAM.

« La Zim », comme la surnommaient ses élèves, était une professeure exigeante, mais attachée à ses élèves : pour elle l’enseignement était un véritable sacerdoce. Célibataire, elle restait en contact étroit avec sa famille venue s’installer à Avignon en 1921, villa « Alsace-Lorraine », au 13, chemin de Lopy. Sa sœur cadette, Sophie, travaillait avec sa tante, Frédérique Dandine, propriétaire au centre d’Avignon du magasin les « Soieries Dandine ».

Dès 1940, Marie-Louise Zimberlin s’engagea dans la Résistance. À partir des messages de Londres, elle commença à diffuser des tracts à ses collègues et dans Cluny. Un peu plus tard, elle devint chef de la propagande du mouvement « Franc-Tireur », et assura également la diffusion des journaux clandestins.

« La Zim » aidait ses élèves à échapper au STO, recevait les responsables des différents mouvements régionaux et contribua à aider les groupes des maquis de Cluny. Elle était informée que, de leur côté, sa sœur Sophie et sa mère Dorothée, dans le cadre de réseaux protestants, hébergeaient des enfants juifs. Une de ses amies protestantes, connue au cours secondaire, Dora Rivière, devenue médecin, participa activement à la Résistance et fut déportée en 1943 à Ravensbrück, destin qu’elle partagea.

Le 14 février 1944, commencèrent des rafles à Cluny, et elle fut arrêtée par les Allemands, le lendemain, à 11h du matin, dans sa classe de français, en ayant eu le temps de faire entonner « La Marseillaise » à ses élèves.

Emprisonnée à Lyon puis à Romainville, elle fut déportée au camp de Ravensbrück. Libérée en avril 1945, épuisée, elle mourut à son retour en France, en Savoie, près d’Annemasse.

Sa dépouille repose dans la crypte de la Sorbonne aux côtés de neuf autres résistants universitaires, choisis par la Fédération de l’Éducation nationale pour honorer l’Université résistante. La Légion d’honneur, la médaille de la Résistance et la croix de guerre avec palmes lui furent décernées à titre posthume.

Une rue de Cluny porte son nom. En avril 2005, une cérémonie d’hommage fut organisée en sa mémoire à la Prat’s.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181444, notice ZIMBERLIN Marie-Louise, Anna, Agathe par Alain Dalançon, version mise en ligne le 6 juin 2016, dernière modification le 7 juillet 2022.

Par Alain Dalançon

Marie-Louise Zimberlin
Marie-Louise Zimberlin
La "Zim"
La "Zim"

SOURCES : Articles rédigés par Chantal Clergue, d’où sont extraites les photos (arch. familiales), voir sites Internet du lycée La Prat’s à Cluny, et http://blogue-ton-ecole.ac-dijon.fr/matricule35494. — Arch. Dép. Loire, état civil. — JO, lois et décrets, 26 juillet 1925. — L’Enseignement public, Le Travailleur de l’enseignement technique.

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